Le Vent, la Mer et le Ciel.
La mer et le vent qui nous pousse sur la mer vers d’autres horizons et vers d’autres cieux, est notre première préoccupation. Le ciel reste le troisième élément vers lequel notre regard se portera.
Le ciel est très important pour le navigateur, les anciens y voyaient bien des présages. Nos grand-mères l’imploraient et le priaient pour leurs hommes partis en mer. Nos grand-pères le maudissaient, le blasphémaient de leur avoir donné une vie si dure pour lutter contre ces trois éléments
Nous les hommes et navigateurs «modernes» nous y voyons surtout la météo et tentons d’y lire l’avenir d’une traversée agréable, qu’elle soit de quelques heures ou de plusieurs semaines. Nous lui demandons seulement un bon vent , un ciel bleu et du soleil. Oui du soleil, celui qui rassure, qui nous donne la lumière et fait ressortir nos angoisses dès qu’il disparait.
Tous les marins, tous les navigateurs ont peur la nuit. Il y a toujours cette angoisse des repères qui nous quittent. Il n’y a plus d’horizon, il n’y a plus de distance, il n’y a qu’un grand trou noir où notre voilier s’enfonce.
Il est le seul à savoir où il va. Vous l’avez préparé pour cette longue nuit. Vous lui avez tracé sa route pour retrouver au petit matin un nouveau soleil.
C’est avec lui que vous partagez vos quarts dans ce nouveau monde où le ciel est si noir que l’on peut y voir ses milliers d’étoiles.
Les étoiles, ce sont nos compagnes de la nuit, elles nous rassurent, elles font de notre nuit un ciel de feu d’artifice.
Les étoiles, c’est aussi pour le marin, l’âme de tous ses frères que la mer a gardés et que des dieux ont placés dans le ciel.
Avec Danièle, dans nos navigations nous étions toujours émerveillés de ces fabuleuses nuits étoilées. Nous passons des heures à regarder le ciel et les étoiles. Nous y cherchons les une ou deux constellations que l’on connait.
Puis un jour nous avons voulu savoir où se trouvaient nos signes zodiacales.
Impossible. Les étoiles ça n’a aucun ordre, elles sont toutes pareilles. Alors nous avons acheté un livre pour nous aider, en se disant que pendant les grandes traversées il serait intéressant de savoir qui voyage avec nous dans le ciel de nos nuits noires.
Nous avons appris comment s’y retrouver et comment dans ce méli-mélo l’homme y a mis un ordre et y a accroché des dieux, des déesses, des légendes.
Bien sûr, notre première constellation que l’on connait depuis notre enfance est la grande ourse et c’est à partir d’elle que l’on découvrira tout le reste de notre ciel.
La grande ourse est la plus facile des constellations de l’hémisphère nord à reconnaitre. C’est elle qui donne la direction de l’étoile polaire, l’étoile qui guide le marin.
Mais la grande ourse c’est aussi ses légendes.
Les Iroquois y voyaient un ours chassé par sept guerriers. Les Grecs, Zeus qui avait eu un fils avec Callisto nommé Arcas. Héra sa femme par jalousie transforma Callisto en ourse. Un jour Arcas parti chasser et faillit tuer sa mère. Zeus décida de placer Callisto et son fils la petite ourse dans le ciel.
On peu voir aussi la flèche que Zeus immobilisa dans le ciel
Quand on suit un alignement à partir de la grande ourse, il vous emmène à une autre constellation, Le Bouvier, Boötes fils de Déméter la déesse de la terre. Boötes fut placé dans le ciel pour avoir inventé la charrue. Une belle étoile de sa constellation Arcturus est un mot grec qui signifie «gardiens d’ours ».
Voisine de la grande ourse se trouve un grand W. Cassiopée, pour les Grecs Cassiopée femme de Céphée roi d’Éthiopie, est la mère d’Andromède. Cassiopée ayant une vie très dissolue ,les dieux placèrent a coté d’elle Persée et son cheval ailé Pégase qui forme dans le ciel un grand carré presque parfait
Puis tout se suit, se croise, tout devient plus claire, plus facile à lire sur cette immense page noir du grand livre des étoiles.
Le Cocher «Auriga» qui transporte sur son dos trois chevreaux et sa brillante étoile «Capella» la chevrette
Aquila «L’aigle» est lui aussi facile à trouver. C’est l’oiseau favori de Zeus, c’est lui qui enleva «Ganymède» le plus beau des mortels, l’emporta dans ses serres pour le ramener à son maître.
Pas très loin de l’aigle en allant vers le sud se trouve mon signe zodiacale : Capricornus «le Capricorne» la légende dit que le dieu Pan fuyant le monstre Typhon, a sauté dans le Nil et que la partie de son corps qui fut immergée fut transformée en queue de poisson. Le capricorne et le cancer ne se rencontre jamais dans le ciel
Cygnus «Le Cygne» est le nom de baptême de mon troisième Coyote. Le cygne dans le ciel représente une grande croix qui est le pendant d’une autre croix de l’hémisphère sud «la croix du sud».
Le Cygne c’est Orphée, grand héros Thrace qui jouait si bien de la lyre que les arbres se penchaient et les animaux le suivaient. Il fut transporté pour l’éternité dans le ciel prés de sa Lyre. Il forme avec l’aigle, la lyre, le triangle d’été que l’on trouve facilement en levant les yeux, la lyre est droit au-dessus de votre tête.
Sous une aile du Cygne vous trouverez une petite constellation «Delphinus». Un gentil dauphin qui saute hors de l’eau. C’est sur ses conseils qu’Amphitrite reine des mers épousa Poséidon qui pour le remercier le plaça parmi les étoiles.
Après la grande ourse, la constellation d’Orion est pour nous la plus belle. Facile à trouver car elle comporte beaucoup d’étoiles très brillantes.
Orion est un chasseur géant, Al Jabbar pour les Syriens; Sahu «L’âme d’Osiris» pour les égyptiens. Pour les Grecs, Orion est le chasseur dont s’éprend Artémis déesse de la chasse. Mise au défi par son frère Apollon d’atteindre un point sur la mer elle tua son bien aimé d’une seule flèche, trompée ne voyant pas que c’était son bien aimé. Inconsolable elle installa son amoureux dans le ciel avec ses chiens de chasse «Canis Major» le grand chien. C’est lui qui possède la plus brillante des étoiles «Sirius».
Orion est côtoyé par Taurus «Le Taureau». Représentant Zeus qui se présente sous cette forme pour emporter sur son dos la belle Europe dont il est tombé amoureux. L’œil du taureau est une belle étoile rouge orangée «Aldébaran».
Le taureau est toujours précédé par un bel amas d’étoiles : les «Pléiades ». Les Pléiades sont un bon teste de vue, Danièle y voyait 6 étoiles, moi je pouvais en voir neuf.
Les pléiades sont sept sœurs, filles du géant Atlas. Poursuivies par le chasseur Orion, elles implorent l’aide de Zeus qui les transforma en colombes et les plaça dans le ciel.
Les indiens d’Amérique y voient sept jeunes gens qui se perdirent dans le ciel et condamnés à rester sur place serrés les uns contre les autres.
Non loin du taureau se trouve Gémini «Les Gémeaux» nom qui fut donné à une capsule spatiale américaine. Dans cette constellation les Grecs ont baptisé les deux étoiles les plus brillantes Castor et Pollux, fils de Zeus et de Léda. Les jumeaux légendaires participèrent à l’expédition des Argonautes et évitèrent au navire Argos de sombrer au cours d’un violent orage.
C’est pourquoi cette constellation est très prisée des navigateurs.
Une seule constellation est un personnage féminin, Virgo «La Vierge». Les anciens selon leur civilisation lui donnèrent différent nom de déesse, Ishtar pour les babyloniens, Astrée pour les Grecs, Cérès pour les Romains. Déesse de la fertilité avec un épi de blé à la main, ou déesse de la justice avec la balance qui se trouve à ses côtés.
L’Hémisphère nord et ses étoiles sont bientôt devenus pour nous une agréable compagnie quand tout fut mémorisé dans notre tête.
Puis un jour, nos navigations nous emmenèrent vers l’autre coté de la terre vers d’autres cieux, ceux de l’hémisphère sud.
Pour se donner une idée de notre mentalité de navigateurs découvreurs célestes, plus nous descendions vers le sud plus nous trouvions que les étoiles étaient plus proches de nous. De plus, on en voyait de plus en plus. La voie lactée était tellement visible que les nuits sous les étoiles devenaient un plaisir intense à vivre.
Bien sûr la première que nous avons cherchée a été la fabuleuse et mythique Croix du Sud.
La Croix du Sud, c’est d’abord mon enfance, l’aéropostale, les Guillaumet, Daurat, Mermoz, Saint-Exupéry, le Petit Prince, lui aussi seul sur sa planète avec sa rose et son renard qui visite lui aussi plein de mondes étranges.
Tout le monde sait, la croix du sud n’est pas tout à fait au sud, mais quel plaisir nous avons à la voir se lever et se coucher au gré de nos quarts.
Nous retiendrons les deux constellations qui lui sont proches, le Loup et Centaurus «Le Centaure». Chiron cet homme moitié homme, moitié cheval fut le précepteur d’Achille, de Jason et d’Hercule. Blessé par une flèche et souffrant le martyr il échangea avec Prométhée son immortalité.
La plus belle des constellations que l’on peu voir très bien aussi dans l’hémisphère sud est celle de « Scorpius » Le Scorpion
Le Scorpion fut envoyé par Apollon pour tuer Orion le chasseur que courtisait sa sœur Artémis. Pour lui échapper Orion se réfugia dans la mer ou Artémis le tua d’une flèche, ayant été trompé par Apollon. Zeus les plaça dans le ciel à l’ opposé pour qu’il ne se rencontre jamais. Quand Orion se couche a l’ouest le Scorpion se lève a l’est.
Le ciel de l’hémisphère sud qui fut découvert après les grandes explorations des navigateurs, est plus «récent» et beaucoup de constellations comportent des noms que les marins explorateurs leurs donnaient en les découvrant. Boussole, sextant, animaux, insecte, reptile, poissons.
L’hémisphère sud est donc moins attrayant pour la rêverie, les contes et légendes des dieux et déesses des civilisations anciennes.
Pourtant un jour j’ai eu la joie de découvrir ces deux grandes taches blanchâtres, le petit et le grand nuage de Magellan qui à lui seul compterait trois milliard d’étoiles.
Cinq siècles plus tard, je découvre avec beaucoup d’émotions ce même spectacle.
Quand nous avons bien compris comment fonctionnait le ciel et apprit bien des récits et les personnages qui si rattachaient, nous avons pu continuer à voyager avec eux, les associant à nos enfants, petits enfants, famille et amis par leurs signes zodiacales.
Cela a été une autre belle façon de voyager en associant le présent et le passé, la réalité et la légende, les dieux et les êtres qui nous sont chers.
Voilà. Plus de trois cents et quelques pages que j’ai écrites et que j’ai partagées avec vous.
Trois cents pages qui me permettent aussi de voyager.
Trois cents pages d’une aventure.
Trois cents pages d’un rêve que je ne pouvais même pas imaginer à la première page.
Trois cents pages que j’ai partagées avec Danièle et un nom de bateau :
COYOTE