Radeau de Survie -Conditions d'Homologation
posted on 24 April 2003 09:04
La lecture du texte du réglement annexé à l'arrêté du
23 novembre 1987, en sa division 333-2 (radeaux de
sauvetage des navires de plaisance), est très
intéressante. On y relève notamment que:
Pour les radeaux de Classe II :
Division 333-2, article 333-2.02 Parag 14:
Le radeau doit être capable de fonctionner dans une
gamme de températures allant de -15°C à +65 °C. Il est
construit de manière à pouvoir résister aux intempéries
pendant 30 jours quelque soit l'état de la mer.
(aucune disposition relative à la durée pendant
laquelle le radeau doit rester gonflé, si ce n'est
cette mention de 30 jours).
Classe IV (le radeau dynamique utilisable en annexe en
temps normal dont je parle sur mon site -
http://www.ddbd.com/Radeaux.html )
Div 333-2, article 333-2.05 Parag 10.1
"Lorsqu'il n'est pas utilisé comme annexe, le radeau
dans son sac doit pouvoir flotter au moins 30 minutes à
la surface de l'eau"
(donc en position non-gonflée, le radeau en sac doit
être flottant...)
Classe V (Radeau automatique).
Div 333-2, article 333-2.07 Parag 6.3
"Le radeau contenu dans son sac ou son enveloppe rigide
doit pouvoir flotter au moins 30 minutes à la surface
de l'eau"
(donc en position non-gonflée, le radeau en sac doit
être flottant...)
Mais surtour, pour les épreuves d'homologation des
radeaux, aucune vérification de la tenue au gonflement
n'est réalisée
Voir Article 333-2.09 "Essais d'approbation des radeaux
de sauvetage gonflables".
C'est ainsi qu'il est possible d'obtenir l'homologation
d'un radeau dans les conditions suivantes : (raccourci)
1- essai de gonflage après 24 heures à -15°C, le
gonflage devant se faire en moins de 5 minutes
2- essai de gonflage après 5 heures à + 65°C, le
gonflage devant se faire en moins de 2 minutes
Enfin, les conditions de vérification des visites
périodiques, relativement au gonflement du radeau
supposent un maintien en gonfle pendant au moins 6
heures. La perte de pression maximum dans ce délai doit
être inférieure à 30%.
Qu'en pensez-vous?
Si parmi les lecteurs se trouve un spécialiste du
pneumatique... qu'il se fasse connaître.
(Notez que les normes "plaisance" sont très inférieures
aux nomes SOLAS de la Marine professionnelle)
Je répond un peu à coté !
J'ai assisté à la dernière révision de mon classe II 8
place (j'ai l'an dernière - dans un satege CQ - passé 60
minutes éprouvantes dans un Cl II 6 places par 20 noeuds
de vent sous le vent de Ré, les poissons ont bien mangé).
Ca donne ça :
- la survie est emballée dans un poche très robuste et
quasi étanche : les 12~15m de bout pour percuter passent
à travers cette poche, d'ou des pb occasionels
d'étanchéité (vu sur une autre survie qui devait prendre
des pauqets de mer sur la figure vu son moche état). La
poche est changée à chaque révision. Ne pas laisser le
sac de la survie trop exposé à la mer, c'est pas trop
étanche.
- la tente est couverte de bande réfléchissantes et echo
radar. Y a deux trou d'homme pour faire la veille par
gros temps.
- le vérificateur débranche la liaison bouteille-boudin
et raccorde ça sur un compresseur (les boudins se
gonflent puis l'arceau de la tente) jusqu'à ce que les
clapets anti-surpression sifflent, ça fait le test de
résistance à 300 hPa (pas sur de la valeur). Il met
alors en place les bouchons de clapet, et c'est parti
pour 24 heures minimum au bout duquel la pression ne
doit pas être descendue en dessous de ??? et ensuite il
remballe et tappe la facture.
- le vérificateur dépose la tête de bouteille et teste
manuellement le percuteur puis le réarme, il change le
joint en cuivre.
- le vérificateur fait l'inventaire du matos et change
ceux dont la date de péremption est dépassée (ou le sera
dans l'année !!! ). Il en est ainsi pour la LED de
signalisation alimenté par une pile à l'eau de mer. Idem
pour les nautamines, la trousse à pharmacie, les cyalum,
les fusées (très peu), l'eau (au bout de 5 ans elle est
pas vraiement terrible), la bouffe (dès le début elle
est pas salivante, j'ai une petite préférence pour la
plastimo, moins fade que la zodiac). Les piles (2 dans
la torche, 2 en spare) sont changés chaque année, idem
pour la colle du kit de réparation du zodiac et quelques
autres babioles.
- le vérificateur se gausse de l'éfficacité médiocre
(euphémisme) des ciseaux, des pagaies (si vous achetez
ça à votre gamin chez crafou c'est la crise assurée), du
kit de pêche (ameçons pour thon, fil pour ablettes;
ensisagez une harbalète), de l'éponge (récemment c'est
devenu un bloc de mousse, ça absorbe rien, sauf vos
sous). Quand au kit de réparation c'est d'un ton
sarcastique qu'il rappelle que les collages doivent être
fait avec une humidité inféieure à 40 %, là il rit, le
diable !
- il a bien sur sourri devant le halin flottant, sympa
pour les gosses, y a un rond comme quand on était petit.
- il vous a expliqué la manoeuvre de retournement de
l'engin gonflé à l'envers ou retourné par la mer
(remonter l'ancre flottante !). La littérature est
dubitative sur le budget énergétique nécessaire à cette
opération (les poids lourds ont des chances)
- A votre question il a admis que l'ancre flottante n'a
plus d'émereillon, sans doute qu'elle ne tord plus son
halin (en avoir dans le kit de complément)qui du coup ne
casse plus. Progrès donc !
- il vous fait constater l'existence d'une ralingue à
l'intérieur du canot sur lequel sont attaché les sacs du
radeau et les votres (si vous les aviez préparés à
l'avance selon une checklist murement réfléchie,
affichée et connue de tous). Deux sacs vide sont attaché
à cette ralingue, et disponible.
- il vous montre le manuel de survie en mer (édition
Lavauzelle, demandez à gogol), dont une copie devrait
être à bord pour risquer d'être lue avant la vraie
situation.
- le fond des radeau récent n'est plus gonflable, c'est
un mylar réfléchissant (de mémoire ça isole correctement
un naufragé vétu de son ciré)
- finalement sachez qu'un couteau est prévu pour couper
le halin qui relie la survie au bateau en train de
sombrer. Il est planqué à l'extérieur du boudin, entre
deux boudins, y a une marque (lisible la nuit ?)le
signalant. Normalement ce halin est solidarisé à la
survie par une demie clef assuré par de l'adhésif gris.
Si on tire très fort dessus, ça glisse et ça cède. Sur
le miens le réviseur précédent avait assuré ... avec ds
doubles demie-clef : si je coule sans couteau ma survie
suit mon bateau !
Voilà, c'était bien instructif, et pas trop rassurant.
Au prochain salon nautique vous savez ce que vous irez
voir ;-)
Yves.
PS : mais rappellez-vous : avant Bombard un naufrage
signifiait la mort quasi assurée pour les naufragés.
Maitenant c'est moins sur.
> rappelez-vous : avant Bombard un naufrage signifiait
>la mort quasi assurée pour les naufragés. Maitenant
>c'est moins sur.
Je serais d'accord si l'on nous laissait le choix entre:
- survie statique en des lieux fréquentés, navires
et/ou avions, avec un balise de détresse
- survie dynamique (l'"Hérétique" avait une voile!)
pour les longues traversées, souvent hors des grandes
routes commerciales.
L'ignorance? L'obscurantisme? La routine? des
administrations...
Et la bêtise? la collusion? Les intérêts financiers?
des décideurs politiques, font qu'aujourd'hui la
situation ne s'est améliorée qu'en apparence.
Sans même parler de la fiabilité intrinsèque des bibs
(ouverture? porosité? tenue à la mer?) mais ce débat
n'est pas nouveau.
Les conditions on bien changé depuis l'hérétique (radeau
hérité de l'aviation) et en particulier avec la
disponibilité de moyens de signalisation fiables
(balises, telephonie ou mini-messages par satellites,
éventuellement couplé au gps) et en passe d'être
accessibles ($$)
Lorsque ces moyens existent à bord *et* son pris en
compte à terre (toutes les mer sont dotées d'un pays
responsable de la gestion du SMDMS sur la zone mais
certains pays n'en ont pas les moyens) la survie
statique parrait la bonne solution : les secours
disposent de modèles et d'abaques leur permettant d'une
part d'estimer la localisation après dérive et d'autre
part de suivre la tactique de recherche adaptée à la
taille de l'objet, au type de temps et d'appareil de
recherche.
Il n'est pas efficace dans ces conditions de changer les
données du problème par example en passant d'un mode
statique à un mode dynamique, sauf à pouvoir avertir les
secours de cette décision; mais pour l'instant les
balises sont incapables de transmettre un message (ce
que le mode mini-message de Inmarsat-D permet).
La littérature à bord (le Vauzelle) recommande de rester
statique pendant 3 jours puis en suite de passer en mode
dynamique (relever l'ancre flotante et les poches
stabilisatrices, tenter d'orienter efficacement sa
dérive, ...). Spinelli, dans sa relation d'expérience de
survie en méditerranée, laisse entendre une certaine
efficacité.
Bien sur je suis un peu à coté de ta question puisque tu
suggère d'avoir le choix du matériel de survie statique
ou dynamique avant naufrage et non du mode d'utilsiation
de ce matériel.
Dans le temps (en tout cas vers 1975) la survie
dynamique était autorisée et servait en même temps
d'annexe. Depuis cette facilité a été supprimée, en
fonction de l'expérience m'a t-on laissé entendre.
Je doute que ce soit les décideurs politiques qui
prennent des décisions à ce niveau, c'est banalement du
ressort de l'administration, je doute que ça remonte au
niveau du cabinet du ministre (c'est là le popuvoir
politique). Dans cette adminstration est historiquement
représenté la marine marchande, la royale et la pêche.
toute sorte de gens qui semblent favorisé par le mode
statique (ils sont bien équipés en comm.)
Bien sur qu'il y a aussi des confusions et que derrière
certains discours de rigueur vis à vis du matériel se
cache des rentes acquises et des commodités
commerciales, il reste que je répugne ici à jeter le
bébé avec l'eau du bain et trouve le système globalement
positif.
Plus de concurence avec des produits destinés à un
marché plus vaste seraient sans doute bien accueilli par
nos budgets. Une homologation européenne pour la
construction, l'équipement *et* l'entretien irai dans le
bon sens mais qui est vraiement demandeur : les pêcheurs
? y en a plus ! les plaisanciers, pas représentés et
trop individualistes (motivés ?)
L'autre piste sur laquelle je compte beaucoup est la
généralisation de la transmission numérique en mer avec
ou sans satellite, du style VHF avec DSC complète, AIS
(sorte de transpondeur radar numérique), balises,
transmission de mini-message comme dans les suivi de
flotte ou le marquage des bagnoles de luxe (cette
derniere techno pose un grave problème de passage à
l'échelle, aucun réseau satellite n'est capable de
supporter une généralisation de ce système même pour des
courts messages).
Et bien sur ces liens doivent être bi-directionnel (le
copar sarsat souffre - crève ? - de fausses alertes
indétectables, y compris par l'émetteur involontaire),
il faut que la terre puisse répondre, interroger.
L'histoire technologique plaide pour cette direction, le
mass-market semble possible : ces équipement ne sont que
du logiciel s'appuyant sur très peu de matos très
standard qui pourrait donc suivre la même évolution que
le GPS (qui coutait 15 000 F vers 1990 et qu'on trouve
sur tous les bords de nos jours.
Yves.
PS : Ah, j'oubliai ! un déssal manuel "ne coute que"
5000 F et il est prouvé qu'il produit plus d'eau que la
quantité de sueur nécessaire à cette production ;-) .
Penses-y si tu vas dans des zones ou la survie dynamique
s'impose encore.
http://www.uais.org/