Le rayon vert

Posté par : Francine
13 April 2018 à 22h
Last updated 24 October 2018 à 09h
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Le Rayon Vert-Aparté scientifico-littéraire :

Certains, comme votre serviteur, se souviennent peut être d’une lecture de leur enfance : le roman de Jules Vernes : Le "Rayon vert". Dans ce roman, qui soit dit en passant me semble désormais vieillot dans le style et ennuyeux de monotonie d’intrigue, on y découvre les pérégrinations d'un couple parti en Ecosse pour observer le phénomène. "Pour temporiser face à un mariage arrangé dont elle ne veut pas, la jeune Helena Campbell demande à voir le rayon vert. Son voyage lui permettra surtout de rencontrer le véritable amour en la personne d'Olivier Sinclair." Encore un pauvre diable qui se saigne aux quatre veines pour faire plaisir à celle dont il est épris et qui finit seul avec des extensions crâniennes, empêchant fortement le port du moindre chapeau !

Jules Verne, plus poétiquement écrit :

Bientôt, le soleil disparut à demi derrière la ligne horizontale. Quelques jets lumineux, lancés comme des flèches d’or, vinrent frapper les premières roches de Staffa. En arrière, les falaises de Mull et la cime du Ben More s’empourprèrent d’une touche de feu. Enfin, il n’y eut plus qu’un mince segment de l’arc supérieur à l’affleurement de la mer.

Le Rayon-Vert ! le Rayon-Vert ! S’écrièrent d’une commune voix les frères Melvill, Bess et Parlridge, dont les regards, pendant un quart de seconde, s’étaient imprégnés de cette incomparable teinte de jade liquide. 

Seuls, Olivier et Helena n’avaient rien vu du phénomène, qui venait enfin d’apparaître après tant d’infructueuses observations ! Au moment où le soleil dardait son dernier rayon à travers l’espace, leurs regards se croisaient, ils s’oubliaient tous deux dans la même contemplation !… Mais Helena avait vu le rayon noir que lançaient les yeux du jeune homme et Olivier, le rayon bleu échappé des yeux de la jeune fille !

 

D'après Jules Verne : "Ce rayon a pour vertu de faire que celui qui l'a vu ne peut plus se tromper sur les choses de sentiment; que son apparition détruit illusions et mensonges; et que celui qui a été assez heureux pour l'apercevoir une fois, voit clair dans son cœur et dans celui des autres."

Mais qu’en est-il de la réalité scientifique du phénomène ? Mythe ou réalité ? Légende urbaine ou simple phénomène optique ?

Non seulement le rayon vert existe réellement, mais on peut le photographier...

Les conditions pour avoir une chance de l'observer sont un horizon parfaitement dégagé, sans brume et sans relief plus haut que l'observateur. Par exemple une plage, ou mieux encore, une cime de montagne conviennent bien. Ah, j'allais oublier le lever ou le coucher du Soleil, c'est vers lui qu'il  faudra regarder...

Le phénomène n'est habituellement visible qu'un cours instant, alors qu'une toute petite portion du Soleil est visible. Observer son coucher est donc plus judicieux puisque que l'on ne risque pas d'être surpris par son lieu de disparition, ce qui n'est pas le cas lors de son lever.

L'on verra alors le dernier point de Soleil prendre une teinte jaune-vert à vert intense suivant l'état du ciel, peut-être même bleuté.

 

Qu'est-ce que le rayon vert ?

Le rayon vert peut apparaître sous six ou sept formes différentes dont les deux premières sont relativement communes. Soit le rayon vert est visible quelques secondes avant ou après le coucher du Soleil soit il peut apparaître alors que le disque du Soleil est encore bien visible au-dessus de l'horizon comme en témoigne les images présentées dans cet article. Dans sa deuxième forme nous parlons bien de rayon vert car le disque solaire garde sa couleur ordinaire mais il peut être surmonté d'une tache verte ou légèrement cerclé d'un fin arc de cercle verdâtre.

L'astronome américain Andrew T.Young de l'Université d'Etat de San Diego a réalisé une étude approfondie sur le sujet et est la personne la plus qualifiée pour nous l'expliquer. Il nous rappelle que la plupart des observations (2/3-3/4) concernent le rayon vert associé au mirage inférieur, c'est-à-dire associé à une inversion thermique. Les autres observations concernent les flashes associés aux faux mirages, c'est-à-dire associés à un gradient superadiabatique.  Les phénomènes restants comme le flash du sommet des nuages et le flash d'Alister Fraser sont mal connus et rares. Ils représentent moins de 1 % de toutes les observations.

L'effet de la réfraction

Physiquement parlant, le rayon vert s'explique par la combinaison de l'effet de la réfraction atmosphérique et d'une importante variation de température entre l'air et le sol. En fait les différentes couches de l'atmosphère terrestre jouent le rôle de prismes en décomposant la lumière du soleil. En entrant dans l'atmosphère les rayons du soleil sont réfractés en raison du freinage de la lumière qui pénètre dans un milieu de densité plus élevée. Elle subit une déviation car il existe une dépendance de l'indice de réfraction vis-à-vis de la longueur d'onde. 

C'est le même phénomène qui explique la réfraction d'un objet plongé à mi longueur dans un liquide ou le phénomène de l'arc-en-ciel.

Sachant que l'essentiel de l'atmosphère se concentre dans les premiers 5500 m au-dessus du sol, lorsque la lumière solaire vient de l'horizon elle doit traverser un volume d'air près de dix fois plus épais que la couche d'air que nous avons au-dessus de la tête. L'effet de la réfraction n'étant pas linéaire et il devient plus apparent à mesure que le soleil descend sur l'horizon où il atteint son effet maximum lorsque les rayons solaires arrivent horizontalement.

 

L'atmosphère joue le rôle d'un prisme qui décompose la lumière blanche du soleil. Un rayon tombant dans l'atmosphère, a sa trajectoire déviée, il se rapproche de la verticale, et cela d'autant plus que sa longueur d'onde est courte, donc qu'il est bleu.

Ainsi, il y a dans le ciel une image bleue du soleil plus haute que la rouge (toutes les couleurs intermédiaires y sont)

Lors de son coucher, la dernière image du soleil devrait donc être bleue, mais cette couleur est très diffusée. Il ne reste que le vert, qui de plus est présent en de plus grandes proportions que le bleu dans le spectre solaire. Le bord du soleil à disparaître en dernier est donc verdâtre.

J’espère ne pas vous avoir rebuté par les explications scientifiques, sachez que si son observation demande des conditions atmosphériques précises, des localisations géographiques particulières et un peu de chance, il n’est pas si extraordinaire que cela de l’observer pour nous plaisanciers et j’en suis pour ma part à plus d’une demie douzaine d’observations sans équivoque des types 1,2,3 ou 4.

Mais le plus important n’est pas vraiment l’observation en soi, même si ces manifestations naturelles grandioses sont toujours magnifiques, non, le plus gratifiant est l’attente en elle-même du coucher de soleil, spectacle toujours superbe, à deux ou encore avec des amis, un verre à la main (l’horaire s’y prêtant) de préférence par une chaude soirée tropicale. Et là, comme l’a si bien clamé Myriam aux Antilles néerlandaises avec un accent yiddish d’emprunt : « Je peux mourir, j’ai vu le rayon vert !!! »

 

Les photos et une partie du texte ont été empruntées à des sites Internet bien documentés et superbes.

 

A savoir :

La couleur du ciel – Le rayon vert.html

                Rayon vert.html

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