J'ai rejoint mon bateau à Green Cove Springs au Nord de la Floride mardi 4 octobre au soir, cool non ! A nous la visite de la Floride et un road trip vers la Louisiane !
Mais Matthew se rapproche et les vents prévus pour vendredi après-midi' ne cessent d'augmenter. Les prévisions du mardi envisageaient localement 45 nœuds , mercredi 60, jeudi matin 70, plus les rafales ! La pression monte : certes mon cata est démâté, sa bâche de protection est enlevée et le pont totalement dégagé mais je commence à envisager des mesures un peu plus sérieuses, comme fixer le bateau au sol. C'est un '' déplacement léger'' moins de 6 tonnes pour 41 pieds et il va encaisser les vents par l'arrière
L'attente est déprimante avec la surveillance des bulletins météo de plus en plus pessimistes, (Matthew repasse en catégorie 4), le spectacle de l'embouteillage lié au défilé ininterrompu des voitures sur la route proche de la marina, à cause de l'évacuation de St Augustine et des autres villes côtières, et la forte pluie battante ! Les images d'Haïti et de Baracoa après le passage de Matthew nous ont fortement impressionnées.
Nous parcourons des dizaines de km pour faire la tournée des magasins de Hardware, tous dévalisés, à la recherche d'ancres terrestres...Finalement j'en récupérerai 2 auprès d'un chantier qui m'aide à les enfouir dans le sol.
Les villes côtières ont été évacuées, pas notre zone. Nous restons sur place comme la plupart des plaisanciers présents, nous pensions lors du plus fort de la tempête (de 13h à 20 h) aller nous réfugier dans le Guest Lounge du Yacht Club, un bâtiment en dur et confortable. Finalement nous sommes restés au bateau rassurés par son ancrage.
Ce fut un peu Rock'n Roll lors du passage du front, le bateau vibrait fort mais n'a pas bougé. L'electricité a été coupée vers 14h, plus d'internet ni de télé au Guest Lounge.
Sur un cata voisin, le filet de protection s'est envolé puis l'annexe et son taud amarrés sur la trampoline montraient des velléités d'indépendance, nous sommes donc sortis pour les refixer : nous nous déplacions à 4 pattes sur son pont et la force des impacts de la pluie sur les mains et le visage faisaient croire à des grêlons.
Comme notre bateau était démâté, pas d'anémomètre. L’œil de Matthew est passé à une quarantaine de miles de nous, il était alors en catégorie 3 ; par recoupement d'informations je pense que nous avions autour de 50 nœuds de vent, tempo 60, voire plus de 70 dans certaines rafales.
Le vent s'est calmé progressivement en début de nuit et en fin de nuit est redevenu raisonnable. Samedi matin le soleil brillait avec un ciel très peu encombré.
Peu de dégâts sur le chantier, aucun bateau tombé à terre (la plupart étaient ancrés au sol), des filets de protection et des bâches arrachés, des arbre déracinés, une partie de la toiture de l'office du Yacht Club envolé. Un bateau (vide) au mouillage devant leYacht Club est allé à la côte.
Plus d'électricité localement, ni dans les villes proches, il a fallu parcourir une trentaine de km pour trouver près de Jacksonville, des commerces ouverts et un Mc Do pour envoyer des mails.
C'est notre sixième hivernage en zone Caraïbes. Lors des premiers, ma crainte des cyclones m'a fait choisir des lieux hors zone cyclonique : Trinidad puis Rio Dulce. Il n'y avait pas eu de cyclone majeurs ces dernières années alors j'ai baissé la garde et suis parti en Floride, zone que je ne connaissais pas. Cela s'est bien passé pour nous car, par chance, nous sommes revenus quelques jours avant le passage de Matthew et nous avons pu préparer le bateau, mais je vais redevenir prudent !
Merci de ce témoignage, expérience impressionnante... !
Merci pour ce témoignage très intéressant. J'ai suivi sur internet le déroulement de ce cyclone car j'ai eu un moment l'idée d'hiverner mon bateaau dans cette marina. Avant l'arrivée du cyclone je crois que les américains qui avaient leur bateau en Floride ont tous eu peur de subir des dégâts importants. Finalement la casse a été légère sans doute parce que l'oeil du cyclone est passé au large de la côte. je n'ai vu qu'une photo d'un voilier tombé de ses bers, en Géorgie je crois.
Avez vous démâté quand vous avez vu que le cyclone approchait, ou est ce que le bateau était déjà été dématé ? Les bateaux ont été ancrés au sol par l'équipe de la marina en voyant l'arrivée du cyclone ou est-ce systématiquement pratiqué dès qu'on met le bateau au sec ?
Le dématage était antérieur à Matthew. Le seul endroit avec prix raisonnables à terre en Floride pour un cata (250$/mois) était à Reynolds Park YC, mais au printemps, le large travelift prévu initialement pour sortir des barges, imposait le dématage du cata.
Une faible partie des bateaux à terre était ancrée avant l'annonce de Matthew, les autres ancrages ont été effectués les 2 jours précédents à la demande de certains propriétaires, par Holland Marine un chantier (très pro à ce que j'ai vu) installé dans la marina et qui se charge de tous les travaux (sorties, calages etc....)
Le calage des bateaux à terre est très sérieux, avec des tripodes solides souvent enchainés entre eux, ce qui explique aussi que les bateaux non ancrés ont bien résisté.
Cela me rappelle mon expérience vécue avec le cyclone Michelle il y a quelques années à Cuba et que j'ai relaté ici.
Kpicris