Coup de gueule contre la covidation des valeurs maritimes

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Coup de gueule contre la covidation des valeurs maritimes
sujet n°129544

Je veux, par ces quelques lignes, exprimer ma colère et mon ressentiment vis-à-vis de la perte de ce que nous, voileux, considérons comme l’essence de notre passion : la solidarité des gens de mer.

J’exagère un peu le trait car cette valeur demeure pérenne chez l’immense majorité d’entre nous.

Mais que dire de ces fonctionnaires décérébrés et frileux qui nous laisseraient crever en mer pour éviter… pour éviter quoi, au fait ?

Reprenons quelques faits vécus.

Nous sommes en Nouvelle Calédonie et nous souhaitons partir en Nouvelle Zélande ou en Australie pour continuer à profiter de cet espace de liberté que constitue la mer. La nouvelle Calédonie est "COVID free " et il faut, grosso modo, un peu plus de huit jours pour joindre Auckland à partir de Nouméa.  Eh bien , non, nous ne sommes pas admis en Nouvelle Zélande non plus qu’en Australie. En revanche, les voyages entre les deux pays, par avion, sont autorisés aux ressortissants de ces deux pays. Quand on pense aux positions de ces deux nations vis-à-vis d’un apartheid pas si lointain, on reste interloqués : "Faites ce que je dis, pas ce que je fais".

Nous partons donc de Nouméa destination Rodrigues, île des Mascareignes de souveraineté Mauricienne, réputée pour l’accueil et la gentillesse des gens.

Nous avons prévenu les autorités Australiennes de nos intentions : mouillage à l’ancre sur deux baies, l’une située avant le détroit de Torrès, l’autre après, puis cap sur les Cocos (Keeling), lieu idéal  pour un mouillage sans débarquement entre l’Australie et Rodrigues.

Pas de commentaire à faire sur la partie Australienne sinon que nous avons gentiment été régulièrement survolés par les coastguards, plus attachés à notre sécurité qu’aux contingences Covidiennes.

Aux Cocos, l’accueil, empreint, dans un premier temps, d’une certaine sévérité, s’avère, au final, assez sympathique. Mais comment ne pas trouver ridicules ces précautions prises pour nous livrer deux jerrycans de carburant ?  "Comme nous ne devons pas toucher à quoi que ce soit vous concernant, nous vous  facturerons les jerrycans ". Il y a, à ce moment là, cinq semaines que nous n’avons ni mis pied à terre, ni rencontré âme qui vive, ou plutôt, corps potentiellement covidé. Que je sache, ce virus n’est pas arrivé par les poissons volants ou les daurades coryphènes...

Premier départ des Cocos, retour express du fait d’une batterie indélicate. Là encore, aide efficace de nos amis policiers qui nous autorisent à mouiller de manière plus protégée et livraison rapide d’une nouvelle batterie. Au terme du coup de vent qui déboule ensuite, on nous amène même une jeune infirmière qui nous fait passer, avec succès, un test PCR. Pensez vous que cela se concrétise par une autorisation de descente ? Que nenni. Notre policier en chef, un peu moins bourrin que les autres, a du se faire taper sur les doigts , il se cache pendant que ses collègues nous réalimentent en carburant, cette fois ci avec nos jerrycans, mais plus question de pouvoir débarquer…

Après quinze jours de navigation, Rodrigues apparaît à l’horizon. Nous avons identifié le mouillage, proche de Port Mathurin. Là, c’est un non, quasi agressif, à l’idée que nous puissions, oh horreur suprême, risquer, par notre chaine d’ancre, de contaminer les pauvres Rodriguais. Nous avons, à ce moment là, notre dernier pas sur terre prés de 60 jours derrière nous. Notre hélice bâbord a déserté en Australie, nos coulisseaux supérieurs de grand voile sont sortis de leurs gonds, nos réserves de carburant ont bien diminué et notre état de fatigue est patent après des jours de navigation bien secouant. Ben, non : " Vous n’aviez qu’à regarder avant, allez- vous faire- voir à Maurice...".

   À Maurice, premier contact plutôt compréhensif de la part des coastguards (des gens de la mer, eux). Les choses se gâtent avec les fonctionnaires de l’autorité portuaire. "Qu’est ce que vous faites là ? Maurice est fermé". Malgré les négociations menées de front avec les coastguards, ,  "l’autorité"  reste inflexible : "Passez votre chemin". Ce que, écœurés, nous faisons. Pas trente minutes plus tard,  "l’autorité" nous rappelle, tout sourire dans la voix pour, oh joie, nous indiquer que nous sommes autorisés à mouiller l’ancre dans une baie vers laquelle les garde côtes se proposent de nous guider. Echaudés, nous déclinons, la Réunion est à 24 heures, au point où nous en sommes, nous avons, là bas, la certitude d’être correctement accueillis, parce que Français. "Ah ? Avez-vous un mail à bord d’où vous pourriez nous envoyer un message précisant que vous continuez votre navigation en toute sécurité ? "

Pardon pour les fonctionnaires qui liraient ces lignes, mais ce genre de réaction à retardement pour se protéger des éventuelles conséquences d’une décision stupide relève de la caricature du fonctionnaire irresponsable.

On peut toujours dire que les conditions sont particulières, exceptionnelles, sans précèdent, il n’en demeure pas moins que n’importe quel voileux, ayant connaissance d’un collègue en difficulté, ira lui prêter assistance et apportera son concours à un éventuel sauvetage. On ne citera pas d’exemples mais ils sont légion, notamment dans les grandes courses au large. Pas de question sur son origine, sa couleur de peau ou son statut social : la solidarité des gens de mer n’a et ne doit pas connaitre les frontières.

Quand on voit ces  petits bureaucrates de bas étage décider urbi et orbi que nous n’avons qu’à couler corps et bien plutôt que prendre quelques heures de repos, on se dit que, décidément, ce Covid n’atteint pas que les poumons et qu’il rend certains encore plus abrutis qu’ils ne l’étaient.

On pourra se consoler en précisant que ce genre d’attitude n’a pas atteint les personnels du CROSS Réunion qui se sont avérés d’une grande aide et nous ont permis d’aborder l’île Bourbon sous son meilleur jour.

C’était mon deuxième coup de gueule  de ce tour du monde.

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réponse n°290312

Il y a une pandémie, des règles  mises en place    par des états souverains. Le monde n'est pas un terrain  de jeu au service de votre seul plaisir. 

 

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