Semaine 2. De Viveiro à Camarinas (Espagne)
Pour garder le rythme du travail de Vincent, nous commençons nos semaines le mardi et c’est vers 21h ce mardi 10 septembre que nous sortons du port de Viveiro, notre point de chute en Espagne. Victor et Robin ont un avion jeudi matin à La Corogne et il reste 50 miles à parcourir.
Cette escale de 36 heures à Viveiro nous a permis de resserrer définitivement la barre et nous avons du coup acheté la mallette d’outils de super Mario avec toutes les clés et embouts imaginables. Cette mallette ne va pas tarder à nous servir encore…. (Quel suspens !!!).
On a apprécié la proximité du supermercado à 50 mètres de la marina et le centre ville, ci-dessus l'entrée de la vielle ville par la porte principale.
Nous avons pu goûter aux spécialités Espagnoles au restaurant (Mason Fonte) à propos duquel un commentaire sur Tripadvisor est passé inaperçu ; Un client parle des portions très généreuses… De prime abord l’établissement ressemble à un PMU rempli de passionnés du Derby de l’apéro, et au deuxième « rabord » aussi d’ailleurs. La partie restaurant est séparée des apéro-turfistes par un claustra symbolique. Je ne sais pas ce qui nous a poussé à commander uniquement des entrées, peut-être les intitulés des plats, ou les prix, tout simplement ? Une heure plus tard nous demandons des doggy bags pour emmener le quart d’espadon, le demi-poulpe et la salade gargantuesque que nous n’avons pas réussi à terminer !
Les entrées et la petite salade fraicheur de la maison
A la sortie du port de Viveiro, nous croisons un pêcheur qui nous fait signe avec un mouvement de smurfeur, que la mer est très agitée. Forcément avec sa barcasse de 4 mètres de long ça ne doit pas être la fête, mais nous ça va aller… Bon bah en fait y’avait vraiment de la mer, et pire que tout, sans vent. On passe la première partie de la nuit dans un shaker et on décide de relâcher à Cedeira vers 2h du matin. On repartira demain matin vers la Corogne.
Arrivés au mouillage, en voulant passer la marche arrière le moteur cale : Bout’ (cordage) dans l’hélice !! Un bon Dodo, un p’ti dej et prise en charge du problème quelques heures plus tard :
- Victor, tu veux une combinaison pour plonger sous le bateau ?
-Non non, le temps d’enfiler la combi j’aurais coupé le bout’.
Le hurlement de Victor nous renseigne sur la température de l’eau en Galice. C’est exactement la même température que la mer à Saint Malo, à laquelle tu enlèves la TVA, les taxes de port et le 1% patronal, bref c’est gelé ! Après 15mn à couper le bras de spi pris dans l’arbre d’hélice, Robin remplace Victor qui commence à bleuir et même avec une combinaison, la tâche s’avère impossible en apnée.
Tant pis, il y a un peu de vent, on part à la voile sans moteur vers La Corogne. En fin d’après-midi nous entrons dans la marina Real avec l’aide du marinero et de sa barcasse sous les rafales de vent qui sont montées tout au long de la journée.
Robin est avec l'agent du port dans la barcasse qui nous tracte jusqu'au ponton.
Une heure après nous avons un plongeur pro qui avoue avoir eu du mal à couper le reste du bout’, mais qui parvient à nous délivrer. Le problème est qu’il n’y a plus d’anode selon lui. Il faut la changer assez rapidement pour protéger les pièces métalliques sous l’eau.
Victor et Robin nous quittent le lendemain à l’aube pour prendre l’avion vers Rennes via Madrid, après avoir profité un peu des bars à Tapas de La Corogne. Changement d’activités pour eux, ils reprendront l’avion le lendemain vers Bastia, pour attaquer le GR20 avec 2 copains.
Nous passerons 3 jours en tout à la Corogne, ville très agréable et très animée le soir. La marina Real est en plein centre-ville et Léa a son « Parque Infantil » à moins de 50 mètres, où elle se fait des copines à chacun de ses passages.
Nous pouvons acheter l’anode pour l’hélice à la ferreteria Pombos, véritable caverne d’Ali baba à l’ancienne, où ni ordinateur ni caisse enregistreuse n’ont fait leur entrée ; Le propriétaire de l’établissement connait ses rayons par cœur et vous fait l’addition sur un bout de papier, sur laquelle il enlève 10% à la louche parce qu’on est bien polis!...
Dimanche matin, départ pour Muxia à 45 miles de là. Météo brumeuse et vent très irrégulier, plein vent arrière. La dernière heure, le vent monte petit à petit et nous pouvons enfin couper le moteur. Le passage du dernier cap se fait avec des rafales à plus de 30 nœuds et une mer qui commence à se lever. Anne laure et Léa font l’école dans le cockpit et je suis crispé sur la barre pour maintenir le bateau sur les rails. Le vent continue à fraichir et je demande à Anne Laure de vérifier la carte sur mon téléphone, il y a un caillou à éviter et je ne peux pas lâcher la barre. Je pense qu’il faut prendre un ris dans la grand-voile et j’interromps encore l’école :
-Anne Laure on va….. Trop tard, le bateau part au lof dans une rafale plus forte que les autres : je jette un œil sur l’anémomètre, 35, 37, 40 nœuds de vent.
-Tu veux que je prenne un ris ? demande Anne Laure en s’accrochant au winch avec les cahiers d’écoles sur les genoux
-Affale tout !! Répond le cap’tain en tentant de garder le bateau manœuvrant. Petit moment de stress pour tout le monde, vite oublié ; Nous entrons dans le port de Muxia sous génois seul, en pensant trouver la solution pour changer notre anode. Nous ne trouverons qu’une fiesta géante dédiée à la vierge mêlant stands de braderie et manèges de fête foraine, avec une scène de concert et les attractions voisines qui émettent une musique aussi forte que cacophonique. Nous aurons le plaisir d’entendre ce concert gratuit une bonne partie de la nuit et d’apprendre qu’il n’y a pas de possibilité de remonter le bateau au sec à Muxia : Il faut aller en face à Camariñas, mais la préposée au port qui est aussi pompiste et femme de ménage va téléphoner pour nous. Muchas Gracias !!
Nous traversons la ria le lendemain matin pour arriver à Camariñas où nous sommes très bien accueillis par le marinero. Ce dernier va faire venir le conducteur du travel lift qui ne parle qu’espagnol et n’a pas l’air très coopératif ; Il remontera le bateau dans 4 ou 5 jours, peut-être plus…
Heureusement notre sauveur arrive en la personne d’Éric, le président de l’association qui gère la marina et qui parle un Français sans accent, et pour cause il est aussi Français que nous. Eric vit Ici depuis 15 ans, il a restauré un vieux moulin à quelques kilomètres de là et passe ses journées à restaurer un vieux bateau en acier sur le ponton voisin. Il parlemente avec le grutier une minute et nous avons rendez-vous le soir même vers 18h pour lever le bateau. Eric viendra nous aider. Il nous dira plus tard que la pompiste polyvalente de Muxia avait fini par réussir à avoir le grutier au téléphone et qu’elle avait signalé notre venue ; Le problème est que historiquement les 2 villages de Muxia et Camariñas sont ennemis héréditaires et que nous étions assimilés par le grutier à des gens de Muxia. Ce qui ne devait être qu’un aller-retour sur le travel lift durera finalement 24h mais la mission est finalement accomplie : L’anode est changée !
il reste finalement un bout d'anode à l'avant de l'hélice , mais on la remplace par une neuve. Nous avons passé une nuit à bord hors de l'eau !
Leçon du jour du CNED sur une terrasse d'un café de Camarinas, loin du bruit du compresseur du club de plongée situé juste à coté de notre bateau gruté.
Pendant l'attente de la marée haute pour remettre le bateau à leau, nous nous sommes baladés et baignés, très joli moment pour tous les 3.
Après un apéro à bord avec Eric et Jules, notre voisin de ponton Dunkerquois qui bichonne son voilier en ferro-ciment qu’il a construit de ses propres mains 40 ans auparavant, nous planifions notre départ pour le lendemain matin, afin de passer le cap Finisterre et d’entrer dans les rias bajas où la houle de l’atlantique ne sévit pas, cool !!
Eric en t-shirt blanc et Jules en chemise à carreaux, deux belles rencontres à Camariñas.
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