TRANS PACIFIQUE 3/3. OÙ ARRIVER? NOTRE BILAN.

TRANS PACIFIQUE 3/3. OÙ ARRIVER? NOTRE BILAN.

Posté par : Sylvie et Patrick
15 Mai 2025 à 03h
Dernière mise à jour 17 Mai 2025 à 23h
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À …6 km du rivage, l’odeur puissante des fleurs nous stupéfie !

L’émotion de l’arrivée est forte, mâtinée déjà de nostalgie.

29 jours et 9 heures.

4 200 nm,  presque 8000 km.

20 heures de moteurs uniquement.

Aucune casse.

Aucune blessure.

TERRE!

17H30, rituel de notre photo vespérale au coucher du soleil:

Derrière les habituels cumulus qui barrent l’horizon à 360°, Patrick comprend qu’à l’Ouest, un des volumineux nuage enveloppe totalement une immense ile. L’éclairage du soleil en cet instant la dévoile brièvement.  C’est…Fatu Hiva, 1100m d’altitude, notre destination.

Que dire de nos ressentis, à cet instant?!

  • D’abord l’incrédulité en réponse à la soudaineté et l’énormité de l’apparition; nous qui guettions sur l’horizon l’émergence une mince ligne terrestre!
  • Ensuite une pointe de tristesse. Tout se chamboule,  notre rapport au temps, notre rapport à nous-même, au bateau. Une page énorme de notre vie se tourne irrémédiablement. Nos rythmes à bord se transforment d’hauturier en côtier, à commencer par la veille attentive de casiers ou de filets de pêche.
  • Enfin la fierté presque irréelle de L’avoir accompli (cf: The selfy) est aussitôt pondérée par l’arrivée d’une cellule orageuse menaçante qui nous fait prudemment capeler et prendre 2 ris.

Il nous faudra encore 5 heures pour contourner cette grande île et atteindre la baie du bon repos protégée des vents d’Est.

 


Résumé chiffré

Départ  dimanche 13 avril 2025  VistaMar (Panamá)

Arrivée   mardi  12  mai   2025      Fatu Hiva (Marquises)

 

Le départ les 1000 premiers 1000

Spécificités et objectifs de cette 1ère section:

  • Sortir des calmes et grains du Pot-au-noir.
  • Navigation au louvoyage (vent et courant de face)
  • 10 jours 1000 NM environ  (x1,852 = 1852 km!)
  • Moyenne 100 NM /jour  4,17 noeuds !!!
  • Physique.
  • Cap presque plein Sud
  • Passage de l’équateur et entrée dans l’hémisphère Sud le 9ème jour.
  • Contournement de l’archipel équatorien des Galapagos par le SUD (10ème jour).

Cf: TRANS-PACIFIQUE 1/3 LE POT AU NOIR. (Google STW Sylvie et Patrick)

La « vraie » TransPacifique  démarra le 11ème jour.

À la latitude de la frontière Équateur-Pérou (3°28’), et 1200km au large ce qui correspond à la longitude de  091° 32’, les alizés apparurent (150NM au Sud d’Isla Isabella, la plus grande île de l’archipel équatorien des Galapagos).

Spécificité de cette 2ème section:

  • 10 jours au portant, un régal
  • 2000 NM  environ  (x 1,852= 3704 km)
  • Moyenne    7-8 noeuds/jour
  • Endurance, patience, vigilance.
  • Navigation vers l’Ouest du 3ème parallèle au 10ème soit un cap global au 260°
  • 4 changements d’heure, d’1 heure à chaque fois.

Cf: TRANSPACIFIQUE 2/3 AVEC LES ALIZÉS (Google STW Sylvie et Patrick)

L’arrivée: le choix et les 1000 derniers milles

Au lieu d’Hiva Oa (l’île de Brel et de Gauguin) où un poste de gendarmerie se charge des formalités d’entrée et où l’on « achète » les francs pacifiques , ce fut  Fatu Hiva, la plus SUD des iles des Marquises.

Spécificité de cette 3ème et dernière section:

  • 9 jours en  tirant des bords de largue
  • 1200 nm  environ   (x 1, 852= 2222 km)
  • Moyenne 133 NM/ jour   5,55 noeuds
  • Le passage d’un front avec augmentation de la houle
  •  Inquiétude, quiétude.
  • Tension, détente.

Au total pour la seule transpacifique des Galapagos aux Marquises.

3200 NM environ 6000km

19 jours , 170 NM /jour

Moyenne 7  noeuds, avec voilure réduite la nuit.

 

Intendance totale

Fabrication de l’eau:  4 fois 45 mn de dessalinisateur

Chauffe-eau : 4 fois 10mn de moteur tribord (économie d’eau et de produit vaisselle… et douches chaudes)

1 x lave-linge

1 poubelle 50L.

Chère lectrice, cher lecteur, le récit ci dessous est à la mesure de la traversée:  long !!!
Nous avons voulu,  « pendant que c’est frais » y engranger le maximum de souvenirs…

Donc butinez! Selon vos centres d’intérêt, dirigez-vous soit vers:

  • Navigation de l’arrivée
  • Bilan matériel
  • Bilan émotionnel

Bonne(s) lecture(s) et merci pour tous vos commentaires qui nous font toujours très plaisir.

Que sommes nous, si petits sur notre planète ? Où l’emmenons nous, notre Terre? 

 

Navigation de l’arrivée

La cartographie d’atterrissage… et de la traversée

Nous nous réjouîmes d’avoir la cartographie du SHOM via Géogarage et Weather4D.

Le SHOM nous permit d’éviter pendant cette traversée les hauts fonds comme le bassin de Bauer et ses déferlantes à la longitude 100° (logique quand, de plus de 4000m, le fond sous-marin remonte à moins de 400m).

NAVIONICS-GARMIN-BOATING daigne n’ouvrir ses cartes des fonds qu’à partir de la longitude du 130ème méridien Ouest, soit 500 NM avant l’arrivée.

 

La météo marine de polynésie française (.pf)

Évidemment rattaché à Météo France, le site météo.pf gratuit semble richement renseigné…à posteriori ce qui est un peu perturbant. Je m’explique: une large part du site analyse les météos passées. Nous devons, je suppose, apprendre à nous en servir…Patrick est septique.

Alertes cycloniques et élévations du niveau de la mer  semblent  méticuleusement suivies :  la Polynésie est au milieu du Pacifique et côté ouest (Australie, Detroit de Torres, Indonésie) naissent les grandes perturbations planétaires.

Avec tout ça vous imaginez bien que nous ne voyons pas la veille de nuit passer. Merci OTO de nous permettre cette étude!

 

Les 1000 derniers milles (NM) (ndlr x 1,852 m pour les km)

Je laisse la plume à Patrick écrivant à notre correspondant « de sécurité » à terre, Domi.

« Nous sommes à 7 jours des Marquises, pour où ?

Nous visions l’île de Brel et de Gauguin Hiva Oa. Soit 1320 NM. Le vent n’est pas celui des prévisions, ni en direction ni en force. Nous avons du 90-100°, les gribs 110-120°.Force 22-25 nds, => gribs 14-17 nds. Nous aimerions un SE. 

Donc nous ne voulons pas « spier » dans 3-4 m de houle. Nous partons déjà au surf et l’hélice de l’hydrogénérateur est prévu pour 13 noeuds maxi. Le bateau surfe au-delà de 14… 

Cette nuit, j’ai pris des tours de foc pour éviter la survitesse. Les nuages sont plus forts la nuit… le soleil doit les alléger le jour et le vent y est moindre dessous, quand même 22-25 nds. 

Il y aura une situation orageuse un peu avant l’arrivée, j’espère qu’elle se sera dissipée… pas sûr. 

Donc notre destination ne sera pas HIVA OA mais la plus Sud des Marquises, FATU HIVA qui offre sur sa côte Ouest plusieurs baies protégées du vent d’Est.

Nous sommes bien sur l’eau, le soleil, les reflets sur la mer, le croissant de lune la nuit, les bancs de poissons volants, les oiseaux de haute-mer, sans doute ceux des Marquises maintenant… 

Nous allons trop vite pour pêcher correctement.

Nous finissons nos légumes de frais, petit à petit ».

 

Un finish en tirant des bords de largue.

Notre Cap direct était au 260° plein vent arrière. Mettre uniquement notre nouveau « ballon » (spi symétrique) était tentant. Nous aurions affalé la GV pour éviter les risques d’un empannage sauvage délétère pour les lattes de ladite GrandVoile.

Mais Patrick n’envisageait pas se passer de GV.

Notre navigation bâbord amure a donc été ponctuée de quelques empannages pour tirer des bords de largue et  garder ainsi un angle de 140° du vent apparent et 150° du vent réel.

 

État de la mer (essentiel!)

Avec le passage d’un « quasi-front-froid-subsidient » (!!!???); le vent de SudEst a tourné NordEst.

Heureusement, ces conditions délicates ne durèrent que 24 heures au lieu des 48 annoncées. 

La hauteur de la houle n’excéda pas 3,40 m. (ndlr Patrick minimise toujours la hauteur de la houle) avec un espacement entre les crêtes (la période) qui permit toujours à Croix du Sud de les enrouler « esthétiquement » (selon moi). La différence entre le 1,70 m habituel et les plus que 3 mètres fut toutefois bien perceptible! 

Les déferlantes modestes ne mouillèrent pas le cockpit (mouillé tout de même par la pluie donc rincé de son sel à la satisfaction de Patrick).

Les grains, les embruns, les vents furent tièdes. Un teeshirt la nuit fut suffisant (mais trempé donc à changer après chaque grain comme le maillot de bain).

Passé ce front, nous retrouvâmes la houle de sud-sud Ouest 1,70 assez longue (14’’) croisée avec houle courte ( 8’’) d’Est 1,50…soleil et cumulus floconneux.

Ainsi furent nos conditions de navigation de l’arrivée.

 

Préparation du bateau, pièces de rechange et surtout attention de tous les instants.

Un bateau très bien préparé avec en stock le double de tout ce qui peut casser…n’est pas suffisant.

Ce sont toutes les petites précautions apportées aux moindres moindres gestes et réglages pour ne rien casser.

Patrick dit à Domi

Domi, la latte ronde provisoire, en  vinylester de 16mm,  de GV tient le coup, même si elle est trop souple. Je n’ai pas encore la bonne solution, mais j’en approche….

  • Grâce au réglage de la balancine sur lequel j’ai installé un rattrape- mou et que nous maintenons toujours au vent.
  • Associé au réglage du chariot et de l’écoute de GV pour que jamais la GV n’appuie sur les haubans.
  • La retenue de bôme essentielle complète le dispositif. Elle empêche la chute de la GV de battre et donc aux lattes de casser en se courbant dans l’autre sens.

 

Avez-vous vu d’autres voiliers? 

Une nuit, dans les calmes du pot au noir, nous avons rattrapé un monocoque. J’ai barré vers eux. C’était émouvant d’apercevoir  leurs silhouettes . Après plus rien. 

Lors de nos vacations internet via STARLINK,  un petit nouveau est devenu essentiel au moral de Patrick-connecté-internet » Noforeignland.

Cette application apprécié des voileux, nous a permis de géo-localiser les voiliers du Pacifique et de communiquer dans un rayon de 300 miles avec la dizaine de bateaux autour de nous, trop loin pour la portée de la VHF, de l’AIS ou du radar.

Croyant en la solidarité légendaire des gens de mer, mon mari pense qu’une certaine forme d’aide pourrait venir en premier de là en cas de problème.

En tout cas, l’échange des informations était utile avec la promesse de se voir en vrai à l’arrivée.

Plus ancienne que Navily, (également gratuite) Noforeignland est aussi participative et plus richement renseignée. La langue française peut y être choisie pour ceux (qui ne souhaite pas améliorer leur anglais et/ou que l’utilisation du traducteur rebute).

 

BILAN MATÉRIEL

La magie de cette traversée est… gréée (appréciez l’image!) avec un « trio gagnant » qui haubana (je persiste!) notre sécurité, notre confort et surtout, surtout notre plaisir après tant de mois de préparations.

Le pilote automatique + l’autonomie électrique + le dessalinisateur.

Le pilote AUTOmatique (OTO pour les intimes)

L’installation d’un pilote neuf Raymarine (EVO ACU 400) a changé notre vie à bord. Un heureux investissement financier de 3500 euros après des mois à tenter de réparer le  moribond.

Jusque là, les quarts de jour et de nuit se passaient à la barre, épiant les nombreux décrochages du prédécesseur. Parfois plusieurs fois par minute! Pas question de même aller soulager un besoin naturel ou de tourner la tête pour parler au conjoint, le crapuleux en profitait immédiatement pour prendre la poudre d’escampette. L’observation de la belle bleue s’en trouvait d’ailleurs  affectée.

Avec ce nouvel OTO, nous découvrons la sérénité des veilles nocturnes ouvertes aux lectures et vidéos et la sureté des manœuvres de jour à deux sans risque de décrochage . Le bateau garde son cap et nous notre vie.

Le mode régulateur d’allure où OTO suit les variations du vent est la cerise sur le gâteau puisque le réglage les voiles n’a pas à pâtir des adonnantes ou des refusantes. Reste à surveiller d’éventuelles variations de cap bien acceptables (en navigation hauturière).

L’autonomie électrique, une addition!  (rêveurs et romantiques, s’abstenir de cette lecture!)

Hydrogénérateur + Photovoltaïque + Batteries lithium-ions + Alternateurs moteurs

L’hydrogénérateur

Watt and Sea arbre court 60 cm 5700 euro HT

Chevalier servant d’OTO, notre éolienne à eau  Watt and Sea assure le complément de production d’énergie  20 ampères/h  (en 12volts)  nécessaire au fonctionnement  d’OTO et à l’ensemble des instruments de navigation, notamment le radar (Quantum 2 Raymarine, neuf de 2021).

  • Il est équipé de l’hélice « taille moyenne » pour les vitesses comprises entre 7 et 13 noeuds maxi.
  • Ce qui nous convient bien. Aller plus vite nous obligerait à le relever pour ne pas casser toutes les pales de l’hélice. Ce qui nous était arrivé « quand nous ne savions pas » entre PortSaintLouis du Rhône et les Baléares en octobre 2021.
  • Avis aux amateurs (avec catamaran léger) l’arbre long serait préférable car l’hélice resterait (malgré le tangage) dans la mer et ne subirait pas les énormes pressions de retours violents dans l’eau. (Nouveaux modèles sur le marché avec hélice à pas variable réglable du smartphone).
  • Pugnace pour réparer toutes les défaillances quotidiennes d’un bateau de Grand Voyage, le bon fonctionnement de l’hydrogénérateur est l’aboutissement de mois de recherche de la panne de ce précieux producteur. (Convertisseur ramené en France. Moteur testé chez le concessionnaire en Martinique. Toute l’installation fut refaite par Patrick en correspondance étroite avec le SAV pour les différents tests…Le coupable était au fin fond de la prise tri-phasique: une minuscule corrosion d’une des fiches.
  • Chaque jour, Patrick descend au moins une fois à l’extrémité de la jupe arrière bâbord,  vérifier les bouts qui maintiennent l’arbre de cette hélice en position verticale.
  • Vous vous souvenez les précédentes fixations avaient été arrachés le 20 mars, 30 heures après notre premier départ et avaient motivé notre retour au Panamá pour réparer. (Google STW  DEMI-TOUR SUR LA ROUTE DES MARQUISES).

Voici ce que Patrick explique à Domi: « Pour la fixation de l’hydrogénérateur, le point faible est le bout de réglage montée-descente qui s’est usé dans le clamcleat Harken. Il est en kevlar et je n’ai pas de rechange dans ce diamètre. Il a déjà cassé côté du pod. J’ai passé une Manille dyneema dans le pod. Cela travaille durement. » 

 

Les alternateurs moteurs comme compléments du photovoltaïques

Faisons simple: allumer les moteurs pour recharger les batteries de servitude peut être délétère pour lesdits moteurs à la longue donc il faut les protéger..

  • Le défaut d’ensoleillement équatorial fut déterminant pour l’installation d’un chargeur DCDC, courant continu 12volt  (un  ORION XS, VICTRON) pour chaque alternateur .
  • La principale difficulté pour Patrick resta et reste encore le fonctionnement d’un curieux appareil, (régulateur électronique externe couplant la charge des 2 alternateurs)  installé par un des précédents propriétaires (le Balmar) qui fait l’effet pratiquement  inverse. L’intention est louable mais le réglage délicat. Un spécialiste intervint à Bocas del Toro mais probablement le brida trop et du coup les alternateurs ne délivrent pas autant qu’on le souhaiterait.
  • Là encore au fil des mois, Patrick mit au clair toute la câblerie dans les compartiments moteurs en identifiant et étiquetant derechef.
  • La cerise sur le gâteau fut l’installation d’une ventilation de refroidissement sur ces appareils avant notre départ…en prévision des calmes tenaces du pot au noir et donc des heures moteurs.

Le photovoltaïque

Ah! L’arlésienne de l’autonomie solaire! Passé l’acquisition quasi euphorique de panneaux de qualité et de puissance suffisante,  le navigateur au long cours se heurte à un ennemi quotidien : la corrosion des connexions

L’air salin est corrosif  mais l’humidité équatoriale le bat à plate couture.

Bref après des mois de chasse régulière à la panne nous avons fini par faire comme tous ceux qui nous ont précédés. Enlever les chères ( chère comme euros et non comme aimées) connexions MC4 (préconisées par les installateurs sous d’autres latitudes plus nordiques) pour des soudures étamées .

Innovation: Deux parcs de batteries de servitude

Après avoir interrogé  de multiples catamarans, ce type d’installation très simple et moins coûteuse ne semble pas avoir déjà été osé. Changer l’intégralité du parc batterie est la réaction la plus commune.

  1. Le Parc de servitude 12volts
  • -alimenté par le portique 2 X 300 W photovoltaïques
  • -régulé, par son propre MPPT VICTRON
  • -en cas de besoin alimenté par l’alternateur TRIBORD  régulé par son propre ORION.
  1. Le Parc de servitude 220 volts + les gros consommateurs 12 volts (Guindeau LEWMAR VX3 1500W et Cabestan électrique de pied de mât ANDERSEN 46)
  • -alimenté par le Bimini 2 x 375 W photovoltaïques
  • -régulés par son propre MPPT VICTRON
  • -alimenté  par l’alternateur BABORD

MPPT et Orion sont « smart » c’est à dire connecté au smart-phone pour leur affichage contrôles et réglages.



Le dessalinisateur

SEA-WATER PRO 140 L/h option 220 volts 3500 dollars TTC + 300 dollars de transport via Miami.

Après avoir passé 2 ans à tenter de réparer le précédent, là encore l’installation d’un neuf à la maintenance beaucoup plus ergonomique, nous donne une belle satisfaction.

Nous fabriquons 120 litres d’eau potable à l’heure d’une qualité bien supérieure aux eaux embouteillées frelatées si vous voyez ce que je veux dire.

 Pas de débat ici du pour ou contre le dessalinisateur:

1 Nous ne sommes pas en vacances sur un bateau ou en stage survie. Nous y vivons à l’année et non pas quelques mois/an. ET pour des années.

2 Nous ne naviguons plus à proximité des ravitaillements  d’eau douce de l’Atlantique nord ou de la méditerranée.

 

BILAN ÉMOTIONNEL

Il faut bien un angle d’approche pudique à ce bilan émotionnel ! Ce sera…

TRANS-ATLANTIQUE (2 semaines) versus TRANS-PACIFIQUE (4 semaines).

 

Des quarts faciles

Grâce à OTO les quarts furent incontestablement moins difficiles que ceux de la Trans-Atlantique, même s’il nous sembla que le voilier glissait mieux en janvier 2023 sur la longue houle Atlantique.

 

Un avitaillement pointu essentiel

Pour les 2 semaines de Trans-Atlantique, les stocks de nourritures fraîches étaient plus simples.

Comme nous a dit un équipier honnête « Pour notre transat, on s’est pas pris la tête. On étaient 4 mecs, on a mangé des bonnes conserves et on a bien bu ».

Ce discours qui ne prévaut pas en TransPacifique où tous les équipages en arrivent à fuir les chambres froides des hypermarchés et vont chez les locaux et sur les marchés pour acheter un frais qui se conservera de ce fait beaucoup plus longtemps.

Et précisons pour les gastronomes, après 3 ans « hors de chez nous », les « bonnes conserves » font partis des « bons » souvenirs franco-européens.  Il doit me rester 2 boîtes de cassoulet à l’oie et cuisses de canards pour des « grandes occasions » et parce que CROIX DU SUD est passé par la case réputée de l’avitaillement aux Antilles françaises. Les conserves de légumes au naturel ne sont pas mieux. Celles des poissons à l’huile restent acceptables.


Dernières crudités , 24 heures avant l’arrivée.


Une immensité impressionnante

Mais à ce jour, plus poignante est la Trans-Pacifique. Le Pacifique est vraiment TRÈS grand. Et la Polynésie n’est qu’à la moitié !!!

Nous l’avions silencieusement compris quand nous avons assisté aux appareillages, un à un, des bateaux copains (parce que, nous, bloqués par nos préparatifs).

Tous moins euphoriques et démonstratifs qu’au Cap vert ou aux Canaries (les 2 spot de départ de la Transat)

Les forces se rassemblent, se concentrent.

  • « On ne pourra compter que sur soi » ne se dit pas!  On le sait en silence.
  • Courage est le maître mot réitéré qui salue les départs et qui fera le leitmotiv des billets doux des copains.

J’ai du mal à décrire cette pression:

Chaque moment présent de cette traversée fut un cadeau qui pour être apprécié me nécessita « un arrêt sur image » pour oublier le mystère, l’inconnu, (oserai-je le qualifier d’inquiétant) qui entourait le futur devant les étraves.

Cet exercice méditatif eut le mérite de diminuer les effets de la pression sur 2ème cerveau, d’apaiser le premier cerveau et d’alimenter mon âme de sa dose quotidienne de sérénité.

 

LUNE DE MIEL de jeunes mariés

Notre Lune de miel se poursuit. Mariés les 5 octobre 2019 et 12 juillet 2020 après plus de 20 ans de vie commune, nous avions convenu que ce contrat marital officialiserait (notamment) notre attention « de mer » de l’un envers l’autre.  Notre tour du monde-sans-contrainte-de-temps serait notre Lune de miel.

Le plaisir de la navigation avait scellé notre rencontre, le  plaisir d’une intimité quotidienne que la vie professionnelle nous avait trop souvent raptée présideraient désormais à notre liberté sur les océans.

 

Les petits bonheurs du quotidien…Difficile de vous les  lister…aller je me lance  « à la Prevert »!

Ma douche matinale après ma nuit de veille, la houle ondulant par le hublot ouvert (que je referme soigneusement ensuite!)

La contemplation des lumières jours et nuits à travers les nuages car « soleil-ciel-bleu » n’est pas la rengaine de cette traversée contrairement à la transat.

Lune et étoiles…un monde aux portes de l’astrophysique et/ou de la science fiction selon les goûts de chacun

Le café méridienne ou l’apéro méridienne car c’est encore plus merveilleux partagé ensemble que seule.

Le déjeuner adossé à la paroi du cockpit avec Patrick face à moi et l’immensité mouvante derrière.

Nos études MTO (et autres) épaules contre épaule à la table à carte.

Les manœuvres et toute l’attention partagée les précautions pour ne rien casser.

La joie partagée de les avoir réussies (il y a une nuance!)

Le réglage des voiles pour améliorer la glisse du bateau.

Nos progrès électroniques…car apprivoiser tous ces appareils et programmes bien souvent redondants n’est pas une mince affaire

…j’en oublie…

 

Alors!? Avec équipier(e) ou pas?

L’harmonie que Patrick et moi avons vécu pendant ces 4 semaines me permet un bref retour sur la délicate option d’un équipier ou d’une équipière.
Je la souhaitais essentiellement pour soutenir Patrick. Même si j’étais consciente que j’aurais de ce fait à gérer plus d’intendance, quelque soit les conditions de mer. Et que je devrais  partager  manœuvres et temps à la table à carte qui me sont chers.

J’étais prête à en assumer les inconvénients, je ne suis jamais malade et peux continuer à gérer la vie à bord de tout temps..

Reste que mon adorable mari sait se contenter de peu,  différer des agapes, m’aider quand la météo se gâte ou que nous avons à faire face.

Et pour ce qui est des conditions sanitaires, loin d’être tabou en navigation, être propre au quotidien excusez cette aparté est essentielle dans cet espace confiné.

Je m’étais résignée à mettre l’éteignoir sur notre intimité puisque nous ne descendrions plus dans notre cabine. Je devrais m’exercer au maintien d’une bonne harmonie à bord quelque soit le manque de sommeil, au nom de la sécurité potentielle qu’apporte théoriquement une 3ème personne.

Certains mathématiciens diraient « pendant un trimestre! » puisque  ce mois est en fait l’addition de « 3 journées de travail de 8 heures ». Vu ainsi… à la réflexion… ! Nous mesurions mal la cooptation d’ un inconnu.

 

  • Jusqu’à présent tous les invités à bord avaient été des amis. Un régal pour nous.
  • Et nous imaginions ce régal  pérenne avec un  équipier..
  • En fait « équiper » est très différent de  « séjourner » pour excursionner et/ou pour navigations brèves entre amis avec qui l’on festoie, s’amuse, évoque les souvenirs passés, avec qui l’on en tricote de nouveaux.

1 Nous restions sur le souvenir heureux des stages que nous encadrions à l’UCPA Croisière, avec de jeunes motivés à apprendre et prêts à en découdre.
2 Une belle expérience récente avait modifiée notre vue.

Nos derniers équipiers étaient des marins: Flo et Éric propriétaires du Bahia 46 « Îles et Ailes ».

Rencontrés à Bocas del Toros (facade Atlantique-Caraibe) ces bordelais nous avaient proposé de laisser là leur voilier et d’embarquer à notre bord pour vivre l’expérience du canal de Panamá

Nous avons vécu 2 semaines ensemble. Cf: Google  STW Le canal et nos émotions cf: Google STW

Rassérénés par leur respect prudent du catamaran dans toutes les manœuvres (ils savent ce que ça coûte pécuniairement et en temps d’immobilisation), par l’harmonie, le partage de compétences et de centre d’intérêts, nous nous leurrions à croire qu’il pourrait en être ainsi avec tout un chacun.

D’abord Flo et Éric naviguent et vivent à bord de leur magnifique Bahia 46 depuis 8 ans. (au fait il sera à vendre prochainement voir l’annonce sur Facebook). Il et elle savent se glisser dans l’exiguïté d’un yacht tout en y respectant l’intimité des propriétaires et y trouver leur temps à eux.

Mais comme nous le répètent mes correspondantes philosophiques à terre, Francine et Marie-Laure, au soutien indéfectible, c’est qu’il devait en être ainsi pour nous à ce moment là.

Bref, se retrouver en couple, pour cette transpacifique est donc probablement ce qu’il nous fallait. Une évidence pour Patrick. Gratitude.

 

Voilà chers amis, où en sont nos réflexions 36 Heures de repos après notre arrivée.

Comme dit notre ami Jean-Jacques, « …comprenant en vous  lisant que la maintenance d’un bateau est consubstantielle au GrandVoyage … »

  • Pour mouiller nous avons dû frapper, tel des mineurs, notre chaîne dont les maillons pris dans la rouille refusaient de s’enrouler dans la roue crantée du barbotin. Un vrai sketch!
  • La galvanisation a été dévorée dans les eaux toxiques de  Cartagena des Indes en Colombie et malgré mes traitements attentionnés et réitérés, la chaîne va devoir être  changer.  Patrick est déjà sur le sujet (via internet Starlink).
  • Même attention avec notre chère Grand Voile RDV pris avec le voilier des Marquises pour refaire les goussets de lattes …

 

Mais pour l’heure, nous allons préparer l’annexe pour aller à terre…FATU HIVA…nous voilà!

 

Les seniors des flots, à bord de Croix du Sud, vous embrassent.

 Nous ne terminerons pas sans remercier tous ceux, fidèles, qui nous ont suivi et encouragé  de leurs bonnes ondes et/ou de leurs écrits sur les réseaux sociaux; ils et elles se reconnaîtront.

 

 

 

 

 

 

Emplacement

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