Avant
Ce qu'il aura fallu du temps pour arriver jusqu'ici !
Pourtant, je me souviens comme d'hier du profond sentiment de liberté et de fierté lorsque j'ai tiré mes premier bords en solitaire sur un FAN - c'était le nom de ce petit dériveur, je crois, et la mémoire très sélective d'internet ne m'aidera pas - sur le lac du Valjoly. Le moniteur avait estimé de mon avance staturo-pondérale devait permettre à mes 6 ou 7 ans de maitriser cet engin normalement dévolu au double. Il faut également faire l'hypothèse qu'un caractère naissant de petit ours avait découragé mes camarades de postuler pour embarquer à mes cotés.
Par la suite, ayant intégré les contraintes professionnelles de ma mère, j'avais à peine 10 ans, je me suis entendu accepter un exil de 4 semaines dans un lieu lointain et inconnu : le centre nautique de moulin mer. J'y ai tout appris de la voile, celle qui longe les côtes, fait fi du moteur et de l'électronique, celle qui godille et entre au port à la voile, mais aussi beaucoup de la vie. J'ai eu la chance d'y cotoyer toutes sortes de gens, issus d'horizons tellement différents de mon pensionnat catholique de l'Oise. Jusqu'à mes 21 ou 22 ans, je suis revenu consciencieusement dans ces lieux teintés d'histoire sociale et de petites histoires personnelles pour des périodes de 6 à 8 semaines. C'est bien après avoir passé mes étés sur ce plan d'eau que j'ai compris l'oeuvre sociale de Jacques Kerhoas et comment cet esprit avait teinté ces lieux jusqu'à se reproduire à travers les générations de moniteurs dont je fus après avoir fait un pas de coté à l'USAM à Brest.
Après se résume en quelques lignes : des études, une femme - une erreur, deux enfants - magnifiques, un divorce - pénible, quelques années à nager comme un diable sans jamais savoir laquelle des deux souris j'incarnais. Et puis voila, le temps passe, la providence met sur ma route une femme qui veut et a besoin de vivre la mer, le voyage, les rencontres lointaines et accepte le risque qui s'y rattache. Ma mère maladroite mais aimante est emportée par le dépassement et me laisse de quoi accepter sa proposition initiale. "Pars" m'avait elle dit alors que j'avais juste 18 ans. "Passe ton bac et pars à Brest faire ta vie de voileux". Je n'ai pas voulu croire que ce fut possible. C'est un non choix qui aurait changé ma vie. N'ayant pas le courage de le faire pour moi même, j'ai changé celle des autres.
Voici 3 ans, Alexandra m'a remis sur un bateau. Je n'avais pas navigué depuis des années. "Et si tu faisais ce dont tu parles tant" m'avait elle dit d'un regard doux et malicieux. Il a fallu qu'elle me prenne par la main pour y mettre une écoute d'abord au IYCH, puis avec d'innombrables stages avec MACIF Centre Voile. Peu à peu, j'ai reconquis mes apprentissages, reconnecté ce que mon corps savait profondément avec mon esprit vaporeux.
Nous sommes plus de 35 ans plus tard. Nous partons nous installer à Saint Brieuc dans moins de 3 mois. Nous partirons dans moins de deux ans. ...il ne me reste qu'a trouver un voilier.
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