Le Golfe de Gascogne çà décoiffe !

Le Golfe de Gascogne çà décoiffe !

Posté par : Guylaine et Max
04 Septembre 2015 à 18h
Dernière mise à jour 01 Octobre 2015 à 15h
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Nous voici de retour de 28 jours de navigation au travers du Golfe de Gascogne, de Houat (Morbihan) à Giron en Espagne, puis par étapes, la côte nord de l'Espagne jusqu'à San Cyprian, mouillage assez abrité de la houle de nord-ouest, un peu à l'ouest de Ribadeo qui marque la frontière entre les Asturies et la Galice, puis un retour par la Rochelle, Yeu, la baie du Pouliguen en mouillage forain (oui, on a osé ! ... mais on était seul) et le retour dans la Vilaine, notre port d'attache.

Parfois avec Guylaine nous avons de la chance et du portant, mais pour ce parcours de 1029 NM nous avons dû faire avec du près serré (38° - 42° du vent, meilleur près pour notre voilier) pendant tout le parcours, avec un aller bien musclé et un retour par petit temps. Entre les deux, une houle d'ouest à nord-ouest bien marquée qui a agité bien de nos mouillages forains.

Il y a eu aussi des ports, l'accueil très chaleureux des espagnols, leur cuisine et leurs vins qui nous ont enchantés.

La canne à pêche offerte a été bien rentabilisée :

- 3 gros poissons, un plus gros encore qui n'a jamais voulu remonter du fond et qui a failli emmener toute la ligne, mais qui après 1/2 d'heure de lutte a réussi à se dégager sans rien casser (fonds de plus de 2000 m),

- un pantalon ciré de pêcheur (heureusement sans le pêcheur),

- et hélas, 4 oiseaux de mer dont 2 noyés et 2 sauvés à temps, qui m'ont obligés à modifier mon bas de ligne pour pêcher plus en profondeur et éviter leur appétit.

Un voisin belge de ponton à Giron, nous a offert près de 4 kg d'un thon pêché la veille, contre une bonne bouteille de vin français (il a fait la même proposition à un autre bateau français le lendemain). Ce n'était qu'une petite partie du thon qu'il avait attrapé.

Donc un voyage sous le signe d'une cure de poisson (conservation en congélateur) ce qui nous a bien plu.

Mais voyons tout cela en détail !

Samedi 25 juillet : Nous sommes invités au débotté chez Yves C. à Penestin et c'est avec plaisir que nous décalons notre départ d'une journée pour ce copain toujours de bonne humeur. Partis le matin d'Orléans, arrivés vers 15h au bateau, le temps de tout installer et nous passons un coup de fil à Yves "ça y est on est prêts, on arrive chez toi". Il nous fait découvrir ses coins de pêche à pied, la jolie côte au sud est de l'estuaire de la Vilaine, sa plage des sables d'or, etc.. Naturellement, bigorneaux, chapeaux chinois et quelques palourdes, furent vite dans le panier en prévision de l'apéritif. Dégustation sur le tas, de quelques huîtres, laiteuses en cette saison et qui n'auraient pas régalé l'ensemble de la table.

Au menu, Rosiane, la femme de notre ami, avait préparé une soupe de poisson excellente, suivie d'une dégustation de moules de Penestin pour nous montrer que leur solide réputation a de bonnes raisons d'être, puis une pâtisserie sur pâte sablée : un repas de fête entre amis, quoi de mieux ? Sans oublier l'apéro avec melon et pieds de chapeaux chinois (patelles ou berniques suivant les appellations) crus et citronnés que nous leur avons fait découvrir (à essayer chez vous : très fin !).

Dans le port de Foleux - Photo mystère Dans le Port de Foleux (eau douce) -  Pectinatella magnifica.
Espèce invasive de bryozoaire d'eau douce qui forme des colonies massives gélatineuses visqueuse au toucher mais de consistance ferme, originaire de l'Amérique du nord.

 

Dimanche 26 : Après installation à bord,        

Nous larguons les amarres du ponton de Foleux vers 11h pour l'écluse du barrage d'Arzal de 14h. Au passage, une promesse de rapporter une bouteille de vin d'Espagne à l'éclusier.

A la sortie de la Vilaine, le vent vient du sud-ouest. Un peu plus loin, la houle l'accompagne et dans ces fonds peu profonds, la mer commence à taper, les vagues deviennent courtes et rapprochées, la mer croisée.

Nous choisissons de marcher au moteur car nous voulons passer la nuit à Houat sur sa grande plage, et un louvoyage sous voile serait trop long.

Lundi 27 : Après avoir pris la météo, nous partons.  Une houle de 3 m nous attend, nous savons qu'il y a un avis de grand frais en cours. Au près serré tribord amures, nous sommes bien arrosés par des lames qui viennent balayer le pont et le cockpit par moment. Heureusement nous sommes en grand partie protégés par le pare-brise mais comme des nigauds, nous avons laissés les "joues" de protection dans le coffre arrière, et la protection n'est que partielle.

Max s'y colle et va les chercher et là nous sommes presque complètement à l'abri.

Nous filons à 7 - 8 nds avec 2 ris dans la GV et le Génois. Il y a des rafales à 35 nds. Le bateau tape et par moment on se demande si tout va résister. Heureusement le Santorin est une valeur sûre. Vers 21h, la mer se calme et je prend (Guylaine) le premier quart.

A 1h, le mardi 28, nous passons le plateau continental, le vent est bien tombé et je mets toute la GV.

A 2h45, Max prend la relève et nous en profitons pour mettre aussi tout le génois. Le cap n'est pas mal et la météo prévoit qu'il va remonter encore plus au nord pour nous donner du portant. Je file dormir un peu.

Mardi 28 : Le vent, contre toute prévision tourne au SSW, et nous contraint à une direction trop sud pour atteindre La Corogne qui est notre but. Nous nous traînons à 5 nds et encore. Max a mis une ligne à l'eau en espérant un thon. Le temps est doux. Mais d'après les prévisions (Navtex) qui nous arrivent, la nuit prochaine devrait être mouvementée !

Le répit n'a pas duré. La mer est redevenue difficile avec une houle de plus de 3 m. Le bateau tape à nouveau et nous faisons un cap au 296°.

A 16h15, virement de bord, la mer refuse et un petit coup de moteur nous évite de faire un manque à virer. Facilité quand tu nous tiens ... Cap au 178°, nous sommes au près serré.

A 21h15, à la nuit, nous nous apercevons que le hale-bas rigide s'est détaché du pied de mât. Les 8 rivets qui l'y maintenaient ont cédé. Ne pouvant pas le désolidariser de la bôme en raison d'une goupille impossible à attraper, Max le fixe provisoirement pour l'empêcher de battre sur le pont. La mer forte, la nuit bien noire, il vaut mieux ne pas s'attarder outre que de besoin en dehors de l'abri du cockpit. La balancine, détendue un moment, en a profité pour s'emberlificoter autour du pataras à hauteur du réflecteur radar. Nous décidons de la couper (noeud trop ancien et souqué pour être défait) et de la fixer par le rajout d'un bout à un des deux taquets présents sur la bôme qui servent pour manoeuvrer la voile quand l'enrouleur électrique est en défaut.

Le vent ne remontant pas vers le nord, la mer restant difficile, nous décidons à 2h45 le mercredi 29, d'abandonner la Corogne et faisons cap sur Giron au 221°.

Mercredi 29 : A 4h, nous sommes au 44°23'900N et 004°42'600W. La nuit est noire, sans lune ni étoiles, avec une épaisse couverture nuageuse.

La nuit est fatigante. Nous nous relayons Max et moi et le souci de l'avarie associé au fort roulis et aux vagues, empêchent un vrai sommeil.

Le bateau travers à la lame dépasse largement plusieurs fois les 40° de gîte, mais après observation un peu inquiète, nous laissons faire et ne modifions pas le cap. Tout se passe bien.

Le matin, c'est la pluie qui s'invite mais le temps est doux. Le vent est remonté un peu au nord, et nous sommes presque vent arrière.

Quelques chalutiers sont là qu'il faut surveiller de près. A 14h30, un banc de petits dauphins nous accompagne et jouent dans l'étrave pendant quelques miles. Les vagues sont toujours là mais Giron n'est plus très loin !

A 16h nous sommes amarrés au "Puerto Deportivo" de Giron. Hormis 2 voiliers, que nous avons croisé tout à l'entrée du port, nous n'en avons pas vu d'autre de toute la traversée. Notre première mission est de trouver un réparateur pour le hale-bas.

Douche, repas chaud - bocal de joues de boeuf aux carottes préparées par ma soeur Nicole - et gros dodo à 22h.

(Pas de photos de cette navigation : cela bougeait trop !)

Jeudi 30 juillet : Réveil à 8h : 10h de vrai sommeil ! La bête était fatiguée.

Je file à la douche pendant que Max attend le gars pour réparer l'attache du hale-bas. Puis petit tour dans les haubans pour établir une garcette perdue dans le vent afin de fixer le drapeau espagnol. C'est toujours sympa cette sensation de déjouer l'attraction terrestre (à tout hasard, on a quand même choisi la meilleure drisse pour fixer la chaise de calfat !).

Ensuite, un petit tour de vérification générale des vis, des articulations diverses avec nettoyage au besoin.

Pendant ce temps, Max va acheter du cordage neuf pour refaire la balancine.

Vendredi 31 juillet - Mardi 4 Août : Escale de Giron : Nous ne devions pas rester si longtemps, mais, plusieurs choses nous retiennent :

La réparation du hale-bas, la commande et l'attente d'une carte C-Map Méga Wide de l'Europe (nous nous sommes aperçus  que nous n'avions pas le détail des côtes espagnoles sur notre GPS principal), le déroulement simultané de 3 festivals (le festival Arc Atlantico qui réunit les Régions et les villes de la côte atlantique, celui de la gastronomie et celui de la musique) qui font, jusque tard dans la nuit, éclater les couleurs, les parfums culinaires, les sons de voix "a capella" et de musiques à dominantes de "gaita", sorte de grande cornemuse ; Le  cidre omniprésent, jusqu'à un monument de 3200 bouteilles érigées en arbre de vie sur un des quai du port ; une météo et une houle très présente qui promettent d'agiter sérieusement les quelques mouillages forains de cette côte Est-Ouest qui ne présente pas beaucoup de protections naturelles ; la beauté de la ville, ses quartiers piétons, la douceur de vivre qui en émane, l'accueil chaleureux des espagnols, tout nous incitait à rester quelques jours.

Et puis il nous fallait un peu de temps pour mettre nos estomacs à l'heure espagnol, qui fait prendre le repas de midi presque à l'heure de notre quatre heures, et le dîner à l'heure de notre coucher, avec une foule élégante qui se promène, des enfants de 6 à 10 ans qui font de la trottinette à minuit, des bars à cidre qui débordent largement sur les rues pleins de discussions animées.

- 4 kg de thon en filet : Notre voisin de ponton sur bâbord qui vient de pêcher un gros thon nous offre un morceau de filet de 4 kg. C'est un bateau belge, avec un équipage sympathique de 2 couples. Son propriétaire "nous demande si nous n'aurions pas "une bonne bouteille de vin français en échange". Nous acceptons le troc. Il choisira le lendemain un autre voilier français pour le même troc. Nous sommes enchantés et comme 4 kg de filet, c'est beaucoup pour deux, et nous le découpons en belles parts et mettons en marche le congélateur de bord en se disant que c'est une bonne façon de vérifier son fonctionnement et de surveiller sa consommation électrique.

- 3200 bouteilles de cidre érigées en arbre de vie sur un quai du port :           

- des restaurants et des cafés forts conviviaux :                  

- Une architecture agréable dans les nouveaux quartiers qui intègrent avec élégance le passé industriel :                

- des groupes de chant et de musique partout dans la ville : des groupes de gaita partout et à toute heure, de la pluie et du vent, de la fraîcheur, partis de la Bretagne, nous ne sommes pas dépaysés ! Mais nous nous laissons envoûter par ses sons lancinants. Sur d'autres tribunes, des chants a capella nous rappelle le Pays Basque ou bien  la Corse si l'on ferme les yeux. 

- Un marché où l'on trouve des pousses-pieds, mais aussi des berniques (Patelles) à vendre :              

- Des monuments : hommage à l'horizon

Trop bien ! Ira-t-on jusqu'en Corogne ?????

Mardi 4 août : Nous quittons Giron sous un ciel plutôt gris !                                       

Depuis samedi, en dehors des restaurants, nous ne mangeons quasiment que du thon, mariné cru au ciron vert et à l'ail. Notre voisin nous dit que les thons ne sont jamais parasités, mais par précaution, nous avons attendu 48 h de congélation avant de le déguster. C'est tellement bon, que nous le dévorons presque tout le temps de cette façon. Et puis il y a les poissons que l'on pêche : Deux "Bonites (?)" tachetées avec des écailles sur le dos, attrapées juste au départ de Giron.  J'arrête la pêche car nous avons largement assez : 

Nous pensons à un mouillage forain. La baie d'Ensenada de Artedo (006°10'70 W) est, parait il, un bon abri du S au NW, avec fond de sable et belles falaises encadrant une belle plage dans un environnement rural : on va pouvoir se baigner ! Il y a du soleil ce matin !

- Crabes nageurs pélagiques : En chemin, soudain des petits poissons semblent sauter pour s'écarter de l'étrave.  Intrigués, nous observons mieux le phénomène, mais ce ne sont pas des poissons, ce sont des crabes nageurs !!! il y a 45 m de fond, et tout un banc de plusieurs milliers de petits crabes se sauvent devant nous.                

Épuisette, pêche, mais il faut être habile car les crabes sont rapides et n'ont pas envie d'être attrapés ! et bientôt, une dizaine de crabes sont au fond d'un seau... pour étude, description ... et soupe !

Ils sont très vifs, très légers, à carapace souple et fine (un peu comme des crabes mous), les pattes sont aplaties comme celles des étrilles, les yeux sont noirs. La carapace forme un disque brun assez plat d'environ 5 cm, elle est lisse. Trop légers, nous les remettrons à l'eau sans les manger. La recherche ultérieure sur Internet nous indiquera que ces crabes pélagiques (Gnagnon, Polybius henslowi) peuvent se trouver en Atlantique depuis l'Angleterre au nord jusqu'au Maroc au sud, et sont de très bons appâts pour la pêche. En bancs nombreux de plusieurs milliers d'individus, ils peuvent gêner les pêcheurs espagnols en se prenant en très grand nombre dans les filets et en y abîmant les prises.

En fait, la houle de NW entre largement dans la baie d'Artedo et déferle bien sur la plage. Le paysage est beau. Avides de mouillage forain loin de la foule, nous décidons quand même d'y rester. Nous sommes bien amarinés, faire bouchon ne nous gêne pas trop. Au moment de jeter l'ancre, nous sommes à mi marée. Cela va baisser de 2 m (et monter d'autant). Comme les rouleaux sur la plage sont impressionnants, nous nous mettons à bonne distance, pour parer au risque d'être dans les rouleaux à marée basse, surtout si ceux ci partent de plus loin si la houle forcit. Profondeur 8 m, 45 m de chaîne, houle de 2,8 m qui devrait s'atténuer au matin. Angle des caps possibles pour s'évader en sécurité de la baie la nuit en cas de force majeure : 30° - 60°. Évidemment, ça bouge !!! ... et la baignade est remise à plus tard.

Mercredi 5 Août : Appareillage par mer belle, pour la marina de Ribadeo, plus à l'ouest. La côte est de toute beauté ! Mais attention, la houle ample est forte et il ne faut pas raser les cailloux !

Ligne de traîne. Un Fou ! Le pauvre, car nous ne l'avons pas vu assez tôt et il s'est noyé.

Le vent est de WNW, faible, la houle résiduelle est encore trop présente et fait battre les voiles. Malgré plusieurs essais, comme nous voulons un abri avant le soir, nous mettons au moteur. Tentative de mouillage forain à Punta de Cuerno, mais trop de houle et après la nuit agitée précédente, nous voulons du calme. Nous repartons et nous nous amarrons à 19h15 dans la marina de Ribadeo Porcillan.

Jeudi 6 Août,  Ribadeo : Une visiteuse peu farouche :

Brume épaisse et crachin, pas de vent : nous décidons d'attendre un peu avant la marche à pied le long des falaises.

Nous partons visiter la ville :

"Le purgatoire" détail d'une église de Ribadeo.                                                    Puis un car, nous emmène à 8 km sur la plage des cathédrales, lieu touristique remarquable et très surveillé, car à marée haute, la mer bat les falaises et s'y faire piéger, c'est la mort assurée.

Cet endroit est autant visité que le Mont Saint Michel en Normandie. Une foule extraordinaire, filtrée et encadrée. Un site protégé, avec des falaises couvertes à hauteur d'homme par des Pousses-Pieds mélangés à des moules. Des arches somptueuses creusées par la mer donnent le nom à cette plage. Bref, une belle excursion, même quand on n'aime pas la foule.

Vendredi 7 Août : Appareillage à 11h, mais nous n'irons que 20 miles plus à l'Ouest car le vent contraire  (20nds), une mer houleuse et hachée, nous oblige à des bords carrés et ces 20 miles nous ont demandés 8 h de navigation avec pourtant une vitesse surface constante de 7 à 8 nds !

Aujourd'hui, j'ai mis ma ligne à l'eau, sous un nuage de fous et de mouettes :

En 2 mn, une touche et une belle bonite rayée de 50 cm de long est à bord : nous en ferons 8 belles parts, mises aussitôt au congélateur. 

La consommation électrique n'est pas un souci : malgré la panne soudaine de notre alternateur d'arbre, il nous suffit de 1h30 de moteur par jour, pour étaler toute notre consommation, des instruments de navigation, du pilote, du frigo et du congel et des lumières le soir.

Nous visons un mouillage forain à San Cyprian, l'Ensenada de Caosa (007°26'77 W). Il y a  deux îles près de ce mouillage qui pouvaient offrir un mouillage forain de beau temps, mais la houle trop présente, nous dissuade finalement de nous y installer. On espère y aller demain pour un dernier mouillage forain avant la traversée de retour.  En effet, du mauvais temps est annoncée sur Biscay dans quelques jours et nous avons décidé d'avancer notre retour. Nous sommes en Galice depuis Ribadeo , mais les belles Rias de la côte Ouest seront pour une autre fois (lors de notre départ en 2016, certainement). La soirée et une partie de la nuit sont scandées par des explosions périodiques : tirs de carrières ?

Apéro du soir - whisky Lagavulin et toasts aux algues - suivi de bonite crue marinée à la tahitienne : sublime !

Samedi 8 Août : Appareillage à 10 h  ... et retour au mouillage, car la GV ne se déroule pas, cela coince au niveau de l'axe d'enrouleur qui gère la bordure sur la bôme. Passage en mode manuel, cela coince toujours : bricolage d'une solution de secours, en fixant  directement le point d'écoute sur un taquet présent sur la bôme avec une bosse, installée réglable pour pouvoir réduire la voile suivant les besoins. 

Amel, à la Rochelle, nous dira que nous aurions pu améliorer encore le système, par une bosse plus longue commençant au point d'écoute, pour aller tourner sur une poulie en bout de bôme, puis revenir sur un winch du mat, pour faciliter la mise en tension de la bordure, sans les luttes un peu acrobatiques que nous avons dues faire pour contrer les élans parfois violents de la voile lors de ses réglages.

Nous savourons encore ici la disponibilité de nombreuses pièces détachées, des bouts de toutes tailles et de toutes sortes, hérités de l'ancien propriétaire très prévoyant. Comme pour la réparation du hale-bas à Giron, toutes les pièces qui nous dépannent se trouvent déjà à bord. Ce stock de pièces détachées est à entretenir !

 

Le Navtex nous informe que le mauvais temps doit arriver sur le Sud-Ouest de Biscay, mardi.

13h : Appareillage bis : G V et code D (enfin un peu de portant !) sur tribord. 7 nds, cap au 67°.

Dimanche 9 - Mardi 11 Août : navigation retour vers La Rochelle. Le vent sera globalement faible et de face, obligeant à un long louvoyage et même à du moteur par moment, pour de pas se faire prendre par le mauvais temps annoncé, car la houle trop marquée fait faseyer les voiles qui ne restent pas gonflées.

- de beaux couchers de soleil, des cargos et un Ferry qui ne se déroute pas d'un millimètre et nous oblige à manoeuvrer, des dauphins par moments,        

- Une pêche hétéroclite et pleine d'émotions : dimanche 10 h, la canne à pêche plie fortement et la bobine a déjà perdue presque tout son fil ! Après plus d'une demi-heure de lutte, c'est le poisson qui gagne : décroché ! Rien de cassé, je n'ai pu reprendre que 15 m de fil. La lutte s'est terminée à 150 m sous l'aplomb du voilier. Nous n'avons pas vu le poisson.                                      

Dimanche 20h30 : la canne plie encore fortement  ! mais après une reprise de fil laborieuse, ce n'était qu'un pantalon ciré jaune de pêcheur avec déjà pas mal d'organismes fixés (pas le pêcheur !). Il sera ramassé et mis dans une poubelle du bord.

- Une flottille de pêche qui barre l'horizon : vers 2h du matin lundi, nous devons traverser une grande concentration de bateaux de pêche : impressionnant car de nuit il est difficile d'apprécier la position des engins traînés par ces bateaux. Certains, par deux,  semblent chaluter "en boeufs". Certains ont des feux scintillants dont nous ne comprenons pas la signification. C'est Guylaine qui est de quart. Je dors.

La nuit est belle, la voie lactée fascinante !

- Balise dérivante : Le mardi à 11h30, nous rencontrons une grosse balise métallique jaune dérivante par N45°51'053 et W003°35'339. Nous tentons un appel de sécurité pour prévenir le Cross, mais pas de réponse. Nous devons être encore trop loin de la côte.

- Une autre flottille de pêcheurs nous oblige à modifier le cap : 3h du matin mardi, cette flottille est nombreuse, plus d'une vingtaine de bateaux regroupés en plusieurs amas. Leur vitesse (AIS) est quasi nulle pour la plupart, comme s'ils étaient en dérive. Dans le doute, de nombreux zigzags pour passer au plus large de chacun.

- L'écoute de génois tribord se rompt : C'est à 5 h du matin (mardi) et il fait encore nuit. De quart, je réveille Guylaine pour être surveillé pendant que je vais sur la plage avant installer une nouvelle écoute. Le génois, bloqué par sa contre écoute ne faseye plus et le travail est rapide. Là nous découvrons, qu'un interrupteur du cockpit que nous croyions inopérant, allume en fait un phare de pont et la réparation se fait dans la nuit comme au grand jour. Nous avons encore des choses à découvrir sur ce voilier !

La rupture s'est faite au niveau du passage dans la poulie du rail d'écoute. L'écoute et sa contre écoute nous semblait, certes, un peu fatiguées à cet endroit mais nous ne pensions pas que cela pouvait céder (on achètera un jeu d'écoutes neuves à La Rochelle). Une belle épissure côté point d'écoute, n'a pas incité notre prédécesseur à changer la zone d'usure.

- En approche de l'île de Ré : mardi 13h30. Nous choisissons de mouiller à l'anse du Martray, sur la côte Sud Ouest de l'île, pour nous reposer, nous baigner enfin  (15°) ! et mettre le bateau en ordre avant d'entrer dans le port des Minimes à La Rochelle. Le bateau est toujours en ordre, mais à La Rochelle nous aurons de la visite !

15h30 : prise de coffre dans l'anse du Martray. Bon apéritif pour saluer le trajet fait, bon repas, bonne baignade à l'arrière du voilier, avec un bout de sécurité flottant avec un pare-battage pour visualiser et parer un éventuel courant. Une bonne nuit réparatrice.

Mercredi 12 Août : 11h, appareillage pour La Rochelle. 15h30 : arrêt moteur, ponton Amel place 51.

De mercredi à samedi, avant le WE du 15 Août, c'est la course pour faire les réparations dont nous avons besoin. Changement du réducteur d'enrouleur du moteur de bôme, après démontage de la bôme pour sortir un axe récalcitrant avec une presse que nous avons failli ne pas trouver car beaucoup d'entreprises sont  fermées pendant ce mois estival.  Changement d'un tuyau d'arrivée d'eau de refroidissement moteur, trop pincé à notre goût. Réparation de l'alternateur d'arbre : ce n'était que deux fils débranchés  !

Samedi 15 Août : Un petit tour en famille, venue nous rejoindre, pour la visite de l'Île d'Aix et le tour de Fort Boyard. Retour sous code D.

Dimanche 16 Août : le plein gasoil nous prend plus de temps que prévu car il y a beaucoup de monde, et la marée basse approchant, notre tirant d'eau nous empêche de sortir en sécurité. 

Nous patientons jusqu'à 14h15 :                

Nous arriverons de nuit (1h00 du matin lundi) dans la petite rade des Sables d'Olonne.   Mouillage par 4,5 m de fond. Nuit très tranquille.

Lundi 17 Août : Appareillage à 11h, nous sommes encore en vacances ! A 15h, un jeune goéland s'est fait malheureusement prendre, mais vu à temps, je peux le libérer et après une bonne demi-heure dans notre annexe pour retrouver ses esprits, il s'envole.

Un chalutier de passage avec son imposant cortège de goélands :

Arrivée le soir après une navigation tranquille dans l'anse des Vieilles sur la côte Sud - Ouest de l'île d'Yeu :

Mouillage par 10m de fond et 40 m de chaîne à 19h30, il y a beaucoup de bateaux à l'ancre et nous sommes un peu sur les bords près de roches avec peu d'eau, mais le temps est beau, la mer très calme et cela devrait aller.

C'est une des meilleures nuits passées au mouillage depuis le départ.

Mardi 18 Août : Belle navigation vers la Baule. Le passage de l'entrée de la Loire avec ses cargos à l'ancre est très agréable à faire.

La VHF nous prévient d'un bateau de forage en action pour une étude de reconnaissance géotechnique des fonds en vue de l'implantation d'un vaste champs d'éoliennes au large de Saint Nazaire. Nous le voyons au loin aux jumelles ainsi qu'une plate-forme pétrolière en remorque vers l'Ouest vers une destination inconnue.

A 19h30, nous mouillons ... au milieu de la baie du Pouliguen, face à La Baule. C'est beau, d'être seul au milieu de cette grande baie.        

Les faibles profondeurs nous obligent à nous tenir loin de la côte. Nuit très tranquille :            .

Mercredi 19 Août : Au réveil, stupeur ! ... et appareillage rapide à 9h40, car nous sommes sur le parcours d'une régate de yachts classiques qui se met en place !

Dès le départ, nous croisons la route d'une vedette de la gendarmerie maritime, que nous retrouvons tout au long de la journée, jusqu'à l'île Dumet au large de l'estuaire de la Vilaine. Elle avance vite par moment, stationne en se laissant dériver à d'autres.

Pêche d'un beau chinchard à 12h30.

Mouillage à l'île Dumet à 14h00, pour manger et attendre car nous ne passons pas l'estuaire et la Vilaine à marée basse avec 2 m de tirant d'eau, il faut attendre le flot : 

Appareillage pour la Vilaine à 15h45.

Nous prenons notre temps, puis le vent forcit : remontée de la Vilaine sous voiles jusqu'au ponton d'attente en aval du barrage d'Arzal. Un voilier léger, voiles en kevlar nous rattrape, quand le vent forcit nous le distançons, quand le vent faiblit ...

Cela donne du piquant à cette remontée, puis dans un dernier coude, le vent tombe et ce voilier nous dépasse définitivement au grand plaisir de son équipage qui semblait au début chagriné de se faire gratter par un voilier certes plus grand mais moins taillé pour la course ! Nous sommes également heureux d'avoir failli gagner.

Cela est d'ailleurs une constante avec Légende du Val. Dès qu'il y a un peu de vent (10 à 15 nds), c'est un voilier qui s'éveille et qui marche merveilleusement bien.

Jeudi 20 Août : Passage de l'écluse de 8 heures. Remontée paisible de la Vilaine jusqu'à Foleux. Pour avoir fait l'amont de Foleux, la partie Arzal - Foleux est la plus pittoresque avec un cours d'eau encaissé entre des rives variées qui forment falaises par endroits. Des pêcheurs à la ligne, une traversée de la belle petite ville de La Roche Bernard dont on devine encore la richesse passée du temps où la ville était un port de constructions navales pour la marine de guerre de Louis XIV.

Et puis, tout voyage à une fin : un amarrage sans histoire au ponton à Foleux et un retour un peu nostalgique vers Orléans.

Mais si ces vacances sont finies, ... le grand départ n'est pas si loin !

A bientôt sur le Blog

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