Italie 3 - 5 Juillet

Italie 3 - 5 Juillet

Posté par : Dominique
25 Juillet 2017 à 18h
Dernière mise à jour 26 Juillet 2017 à 12h
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C’est donc portés par un vent et une mer forts que nous avons quitté la Corse, dimanche 2 juillet au soir, en direction de l’Italie. Mais ce vent portant nous a permis de ne pas multiplier les manœuvres durant cette traversée. Sous génois et artimon arisés, nous étions sous une allure relativement confortable, malgré la grosse houle qui nous soulevait par le trois-quarts arrière. Vers 4 h du matin, lundi 3, pour ne pas gêner un pécheur, nous changeons d’amure et poursuivons ainsi notre route. Un peu d’appui supplémentaire dans la matinée, pour franchir la houle toujours forte, alors que le vent faiblit, avec le rétablissement de la grand-voile. Le vent faiblissant encore, le moteur est venu appuyer les voiles vers 14 heures et a été notre propulsion principale, définitivement vers 16 h 30…

Pendant cette traversée, nous avons pu prendre le temps de scruter la mer et ainsi nous avons vu une tourterelle venir se reposer sur le balcon arrière, essayer un premier départ, se poser à nouveau sur la filière tribord avant de reprendre son vol pour de bon, vers la Corse. Des dauphins nous ont accompagnés par deux fois, une première fois en passant, et le soir vers 19 h en jouant et sautant à l’étrave, puis repartant et faisant de splendides sauts plus loin. Nous avons même croisé une petite tortue nageant en sens inverse de nous. Tous ces moments sont si furtifs et intenses, que nous n’en gardons des traces que dans nos mémoires…

Notre navigation se poursuit donc au moteur, et nous décidons de pousser un peu les puissances pour arriver au mouillage sur l’île de Ponza, avant le coucher de la lune. En effet, étant donné la distance restante, nous avons la possibilité de ralentir l’allure pour arriver dans ce mouillage inconnu au petit matin, mais la houle nous malmène quelque peu ; nous préférons l’autre option et tentons d’être mouillés avant 2 heures : la lune en quartier ascendant disparaît vers cette heure-là, nous plongeant dans le noir, simplement éclairé par la Voie Lactée et les autres étoiles : c’est peu pour aborder un site non reconnu.

Le soleil se couche, magnifique, mais sans nous gratifier du rayon vert, alors que nous avons les Iles Pontines en vue. Cela nous laisse le temps de procéder à des repérages : Palmarola plutôt sur bâbord, et plus loin, droit devant la Punta della Guardia, au Sud de Ponza. Le phare s’éclaire et nous confirme nos repérages.

Vers minuit, nous passons sous ce cap et commençons le travail de reconnaissance des autres feux, dont un à secteur rouge, signalant une série d’écueils à fleur d’eau ; une difficulté supplémentaire apparaît avec de puissants projecteurs qui semblent délimiter une zone de pêche, mais la nuit, l’évaluation des distances devient très difficile…

Nos capitaines se sont mal compris et nous avions pris comme destination une autre anse qu’Hédonist, mais comme celui-ci était en tête, c’est lui qui nous guidera pour rejoindre le mouillage. L’approche n’est pas très aisée, car le port de Ponza et le village sont très lumineux, les bateaux au mouillage sont nombreux (pas toujours très bien éclairés tandis que d’autres sont tellement illuminés et hauts qu’on les prend pour des promontoires le long du rivage), et les abords de cette île volcanique sont profonds. Finalement, nous mouillons, le plus discrètement possible (si tant est que le bruit d’une chaîne qui tombe puisse être discret !) par 11 m de fond.

Il est mardi 4 Juillet, 2 heures du matin, nous nous empressons de nous coucher pour récupérer de cette traversée et de cette arrivée sous haute tension…

 

A 7 heures mardi, l’alarme de mouillage sonne ; nous mettons le nez dehors, et ne remarquons rien d’anormal dans le paysage que nous découvrons au soleil matinal. Nous nous recouchons sereins, mais l’alarme sonne à nouveau. Je reste en surveillance dehors, alors que rien ne se passe d’anormal ; et j’admire cette île que nous avons abordée de nuit.

Nous sommes au pied de falaises mélangeant le blanc, l’ocre et le gris, dans lesquelles apparaissent des balcons, des fenêtres ;

 plus loin à droite, une plage attend ses nageurs ;

 

 

à gauche des falaises, un gros bloc rocheux (Scoglio Ravia) supporte le phare vert d’entrée du port de Ponza, qui apparaît derrière sa masse et de chaque côté de ce promontoire, entouré d’autres blocs rocheux moins importants.

Des rochers bas, au ras de l’eau laissent un passage pour les zodiacs. Au fond le village de Ponza semble s’agripper à la pente sur laquelle il est construit. Un promontoire, la Rotonda della Madonna » tourné vers la mer supporte le phare avec son secteur rouge, signalant « le  Formiche » que nous avons évitées cette nuit, et sur ses pentes, le cimetière laisse apercevoir ses chapelles funéraires. Le phare veille sur les marins et sur ses défunts…

Très vite, le ballet des petites navettes se met en place entre le port de Ponza et la plage devant laquelle nous sommes mouillés, tournée vers l’est. La mer est le seul accès possible pour cette plage nommée « Spiaggio di Frontone ».

Après ce moment de découverte du paysage, dans la tranquillité du matin, un petit bain dans une eau dont on ne mesure plus la température, tant elle est bonne, et une petite plongée pour vérifier le mouillage permettent de comprendre les alertes de mouillage du matin. Nous avons mouillé 55 mètres de chaîne pour 11 m de fond, et qui plus est, un tas de chaîne s’est créé au fond. Lorsqu’elle s’étalait, lors de l’évitage du bateau, elle nous éloignait un peu plus du point de surveillance du mouillage, provoquant l’alarme. Il ne nous reste plus qu’à reprendre notre mouillage dans ce matin calme.

Après le repos de cette matinée, nous entreprenons une descente à terre pour visiter Ponza. Dominique reste à bord pour surveiller les deux voiliers, et nous partons zigzaguant entre le ballet des navettes qui vont et viennent entre Ponza et la plage ; nous nous faufilons entre le rocher du phare et les cailloux affleurant, et finissons par accoster sur une anse de sable, dans laquelle un très grand nombre de petites embarcations sur corps-morts attendent d’aller naviguer autour de l’île.

 Nous délaissons un ponton de bois, qui semble réservé à la clientèle du restaurant auquel il est rattaché.

A terre, la ville range ses décors de fête, et seule l’église est encore pavoisée : c’est la fin des festivités de la Saint Silvère, nommé pape en 536, et martyr, patron de cette île, car c’est là qu’il fut assassiné, alors qu’il retournait à Rome, après un exil, pour retrouver son siège papal…

La ville est construite en balcons autour de l’anse du port. Au niveau des quais, les « docks » sont de couleur rouge-grenat, et abritent toutes sortes de boutiques : des alimentations, des poissonneries, des tabacs, des cafés, et surtout des propositions de visites en bateau des côtes de l’île, avec ses grottes, ou encore des propositions de navettes pour la plage…

Au niveau au-dessus, les rues sont un peu plus larges, toujours pavées de lave noire, bien chaude sous le soleil, et sont, elles-aussi, très commerçantes, de belles boutiques, des ship-shandlers, des souvenirs, des restaurants, des hôtels… Un niveau plus élevé nous amène sur l’arrière des maisons de la rue commerçante, et une ruelle, le long de ces dernières nous permet de voir les maisons accrochées au niveau au-dessus.

Par des escaliers raides et étroits, qui ouvrent des perspectives sur le port ou sur les hauteurs de la ville, on accède à l’un ou l’autre des niveaux, au milieu d’un jeu de couleurs : blanc ou ocres plus ou moins foncés des maisons, bougainvilliers en fleurs, lauriers roses en fleurs, hibiscus, auxquelles s’ajoutent les fragrances des figuiers, et autres plantes.

 

Entre deux niveaux de rues, nous sommes sur l’isthme séparant l’île du promontoire della Madonna : nous découvrons alors « le Formiche » que nous avons contournées cette nuit, et admirons la pureté de l’eau à nos pieds.

Nous retournons aux bateaux, un peu envoûtés par ces images…

La nuit a commencé calmement, mais de forts vents catabatiques nous ont fait retrouver le rythme des quarts, pour surveiller notre bateau et notre voisin de devant, un peu près de nous, trois heures durant.

 

Mercredi 5 Juillet, nous appareillons vers 7 h 30, pour longer la côte de Ponza, en remontant vers le Nord, découvrant des anses avec des falaises d’un blanc éclatant (Cala Inferno), d’autres avec des rochers ocres aux formes surprenantes, avant de tourner notre proue vers Ventotene et San Stefano, les îles du groupe sud-est des Iles Pontines.

Toute cette navigation se fera au moteur, avec l’appui de l’artimon et de la grand-voile. C’est le grand calme …

L’arrivée sur Ventotene est un peu décevante, car nous avons en mémoire les riches couleurs de Ponza, et cette nouvelle île volcanique nous paraît un peu plus austère, plus sombre sur sa pointe nord par laquelle nous arrivons. Son port et son village paraissent plus accueillants, mais nous ne nous arrêtons pas et admirons de loin ses façades, ses églises aux couleurs, ici encore variées. La végétation y paraît riche, aussi. La configuration du port nouveau et du vieux port offre depuis le large un paysage surprenant où des mâts apparaissent derrière des enrochements.

Un peu plus loin San Stefano est quant à elle réellement austère avec son pénitencier circulaire abandonné à son sommet.

 

Nous poursuivons notre navigation vers les Iles Phlégréennes : Ischia et Procida. Ce sont des îles qui bordent le Nord du Golfe de Naples. Elles sont d’origine volcaniques également, et elles prolongent les champs phlégréens de la partie continentale du golfe. Cette appellation rappelle les sources d’eau chaude minérale que, dès l’antiquité, les romains appréciaient.

 

Une baleine endormie vient mettre un peu d’effervescence dans notre traversée au moteur : on voit sa grosse masse grise, ou du moins une partie, et son évent régulier. Nous la longeons sans sembler la déranger dans son repos !

 

Nous avons choisi d’arriver vers Ischia tout d’abord, espérant trouver des anses agréables pour notre mouillage de fin de journée. Nous l’approchons par la Punta Imperatore, par l’ouest, et la longeons par le Sud. Nous sommes surpris par son austérité, et son aspect peu engageant : les pentes du volcan tombent rapidement dans la mer, et les flancs sont sombres. Le promontoire San Angelo et son anse ne nous semblent guère accueillants : le village blanc de San Angelo est au-dessus d’une plage envahie de parasols et nous ne sommes pas certains d’être autorisés à mouiller pour la nuit, car nous sommes dans la réserve marine du Royaume de Neptune. Nous poursuivons notre route, et longeons des anses de couleur sombre de lave noire, avec de nombreux rochers éboulés dans la mer. En arrivant vers la pointe Est d’Ischia, l’ensemble devient un peu moins inhospitalier : des cultures d’oliviers et de vigne apparaissent sur les anciennes coulées de lave, et le rocher de la citadelle et la ville semblent accueillants, mais une forêt de mâts au mouillage nous incite à pousser vers Procida, dans le Nord-Est d’Ischia.

Tout de suite, la côte est plus hospitalière, les volcans qui composent cette île étant bien érodés. Les couleurs de la roche sont plus dorées aussi et la végétation est luxuriante. Nous arrivons avec plaisir devant l’anse de Corricella et découvrons les maisons blanches et ocres, cubiques de Procida, devant le petit port de Corricella, au pied de la Citadelle.

 

 Nous choisissons de mouiller dans la Cala San Antonio, dans la partie ouest de Corricella. Le mouillage est rempli de petits bateaux qui sont venus passer la journée, et qui commencent à appareiller. Cela nous permet de reprendre notre mouillage et d’avancer vers un fond moins profond, pour passer une nuit tranquille.

Nous savourons la douceur de l’eau, et le paysage qui nous entoure : d’un côté la ville de Procida avec ses petites maisons entassées autour de l’anse du port, sa citadelle imposante, et les nombreux dômes de ses églises, qui sonnent tous les quarts d’heure à toute volée, et de l’autre côté de l’anse, le quartier plus résidentiel avec des maisons espacées, une végétation abondante et fleurie, au-dessus de petites falaises qui surplombent la plages et au pied desquelles sont creusés des abris, pour les bateaux, ou pour les plagistes.

Car en Italie, nous avons trouvé beaucoup de plages aménagées avec parasols et transats.  Dans ce mouillage, on entend les oiseaux chanter dans les frondaisons autour et les cigales… Il était 17 h lorsque nous avons enfin posé l’ancre et nous n’avons pas entrepris la découverte de Procida, car il était déjà bien tard. Dommage ! Mais nous avons apprécié la sérénité du lieu.

 

Demain, jeudi 6 Juillet, nous appareillerons pour nous plonger dans le Golfe de Naples, que nous voyons au loin, sous le Vésuve qui fume sur ses flancs…

 

 

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