Traversée vers les îles du Cap Vert 11 - 18 novembre 2018

Traversée vers les îles du Cap Vert 11 - 18 novembre 2018

Posté par : Dominique
22 Novembre 2018 à 21h
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Dimanche 11 novembre, en fin de matinée, nous appareillons de Santa Cruz de La Palma pour une nouvelle étape de notre périple : rejoindre les îles du Cap Vert.

Nouvelle étape à plusieurs points de vue : géographique tout d’abord, puisque, comme l’écrit Jimmy Cornell dans Routes de grande croisière : « Colomb a été le premier à voir l’atout du Cap Vert, meilleur tremplin que les Canaries pour la traversée de l’Atlantique par les alizés. C’est de là qu’il a appareillé pour les Caraïbes lors de son troisième voyage. (…) Le meilleur endroit pour préparer la traversée est Mindelo, sur l’île São Vicente, où l’on trouve le plus d’équipements » ; nouvelle étape personnelle ensuite, puisque nous partons pour 750 ou 850 milles, (selon l’île d’arrivée choisie) après une interruption de plus de quarante-cinq jours dans notre navigation, et donc une distance bien plus importante que nos précédentes étapes (510,5 milles entre Marseille et Carthagène, et 629 entre Gibraltar et les Canaries). Nous allons devoir nous réadapter à la houle prévue pour venir du nord-ouest, alors que le vent est annoncé du nord-est ou du nord. Forts de cette perspective météorologique, nous avons attendu que cette houle descendant des dépressions sur le Golfe de Gascogne se tasse un peu. Des blogs annoncent l’impossibilité de cuisiner dans ces conditions, nous avons donc préparé quelques plats que nous aurons juste à faire réchauffer. Il faut réduire au maximum le temps passé à surveiller la gazinière à l’intérieur, qui se balance violemment sur ses cardans, avec dessus la cocotte-minute calée autant que faire se peut. L’installation de sangles au poste cuisine, pour pouvoir être maintenu pendant la préparation des repas s’avère efficace sous les coups de boutoir de certaines vagues.

Notre choix météo va nous permettre d’effectuer une traversée relativement calme, puisque le vent aura atteint 20 ou 25 nœuds sous les grains, et aura plutôt oscillé entre 5 et 15 nœuds, soufflant du nord au nord-est. Pour essayer de trouver une position « confortable » par rapport à la houle, nous avons souvent navigué à 10 ou 20° degrés de la route, rallongeant encore la distance à parcourir vers Sal.... Aussi, mercredi 14 novembre, après avoir parcouru 417 milles de notre route, nous prenons la décision de rallier Mindelo sur l’île São Vicente, à l’ouest de l’archipel, plutôt que Sal (à l’est de l’archipel) : pour un cap demandé au 213, nous naviguions au 225, et le Cap à suivre pour Mindelo est le 227 ! Nous prendrons ainsi plus de temps une fois arrivés, pour nous reposer et régler tous les « menus » travaux  dont la liste s’allonge au fil des jours ; essayer de trouver la panne de notre nouveau pilote ne sera pas le moindre d’entre eux !

En effet, dès le lundi 12 novembre, dans l’après-midi, Dominique décide de prendre la barre pour essayer de stabiliser le bateau dans la houle, au vent arrière. Le nouveau pilote ne débraye pas, et la barre, reste dure, entraînant le moteur électrique. Finalement, le débrayage a lieu sur un mouvement de barre un peu forcé. Cela se reproduit encore sur les tests suivants. Nous basculons alors sur l’ancien pilote qui semble fonctionner, puis prenons notre tour au poste de barre le temps de laisser les éléments reposer. C’est l’ancien pilote qui assurera la suite de cette traversée, sans dysfonctionnement ; nous vérifierons régulièrement que le débrayage (le « clutch ») fonctionne. Quelques inspections journalières dans le local barre nous permettent de vérifier l’état des drosses et des boulons ; nous resserrons un écrou, rectifiant du jeu dans la barre, mais tout va bien de ce côté-là. Après plusieurs jours de navigation sans incident sous l’ancien pilote, nous avons testé le nouveau pilote, mais il n’est guère plus efficient, puisque le moteur s’emballe sans faire tourner la barre… Nous terminons cette traversée avec l’ancien pilote qui a bien tenu son rôle et avec des échanges téléphoniques et par mails avec notre installateur à Marseille. Celui-ci propose de déconnecter le « clutch », et de faire un montage électrique externe pour tester le calculateur. Sachant que les deux calculateurs (l’ancien et le nouveau) sont branchés sur un seul moteur, avec un contacteur pour sélectionner l’un ou l’autre des pilotes, l’installation électrique mise en place par le technicien est un peu complexe ! La recherche des câbles dans les faisceaux et la mise en place de nouveaux branchements à la mer ne nous emballe pas ! Nous prendrons contact avec Kai Brosmann, de la Marina Mindelo, spécialiste Raymarine, pour un diagnostic et une éventuelle réparation…

Hormis ces soucis de pilote, le vent assez calme de notre traversée nous a permis de naviguer deux jours sous spi et artimon,

de tangonner le génois les autres jours (la mise en place du système tangonnet – tangon Amel nécessite une mer pas trop agitée !)

et de tester également le spi d’artimon, un autre jour.

      

Avec ce petit temps, nous avons pêché une seule bonite le matin de notre départ, qui nous a assuré quatre de nos déjeuners. Les poissons volants perdus sur le bateau ont été dégustés en apéritif.  Un banc de dauphins est venu jouer un matin devant notre étrave. Ils se mettent à l’allure du bateau, s’en vont tout d’un coup sur le côté pour revenir très vite et nous doubler en se rejoignant par deux, un de chaque bord, ou pour venir traverser notre route comme des fusées au plus près de notre étrave, le jeu consistant à ne pas la toucher ! Gris, tachetés, ils nous montrent leur ventre blanc en nous regardant, rieurs.

Nous avons pris quasiment huit jours pour effectuer cette traversée et avons ainsi « révisé » les configurations des voiles en vent arrière ou au grand largue. Notre rythme de quarts toutes les trois heures nous a convenu, et après de difficiles réveils les premières nuits, nous avons pris le rythme de ces alternances d’éveil et de sommeil, avec des siestes réparatrices dans la journée. La première nuit au mouillage après notre arrivée a même été ponctuée de réveils spontanés dans la nuit !

La dernière nuit de navigation, nous avons choisi de nous mettre en dérive durant trois heures, poussés par le courant à presqu’un nœud, de manière à arriver de jour dans la baie de Mindelo. Les différents feux des côtes des îles São Vicente et Santo Antão ont la caractéristique d’être éteints…

Etonnamment, durant cette traversée où nous nous rapprochons de la chaleur, nous avons eu une sensation de froid, malgré un thermomètre affichant 24, 25, ou 26 degrés. Ce phénomène est connu dans cette partie de l’Atlantique, mais aller chercher un pull pour se couvrir, lorsqu’on lit ces températures sur les instruments du bord nous interroge.

Nous avons laissé les îles Canaries au soleil déclinant : La Palma disparaissant derrière nous, La Gomera, sur notre bâbord, éclairée par le soleil couchant, El Hierro sur notre tribord sous son chapeau de nuages au travers desquels  tombaient les rayons du soleil ; puis, nous avons longé El Hierro de nuit avec les feux de ses éoliennes, de ses villages, et de ses caps. Nous avons abordé les îles du Cap vert au soir : une masse se dégageant des nuages au soleil couchant, puis les villages éclairés sur Santo Antão, et au soleil levant l’éclaboussement des teintes ocre, rose, brun des roches et des pics volcaniques des deux îles voisines ; des taches blanches, au pied des pics, sans doute du sable, donnant l’impression de névés à la fonte des neiges !

Nous mouillons dans la baie de Mindelo au matin, il est 7h30, la rade s’éveille….

Nous avons devant nous une semaine pour découvrir cette ville et son île voisine Santo Antão, mais déjà, malgré les paysages volcaniques, nous sentons que nous avons quitté l’Europe pour l’Afrique.

 

 

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