6 mai - 2 juin 2021 Saint Barthélémy – Saint Martin Autrement
Nous revenons de Saint Barthélémy à Saint Martin, poussés au grand largue, par une petite brise entre 10 et 15 nœuds, et, tout à la perspective de préparer le séjour de nos enfants, nous savourons cette journée de voile.
Une fois mouillés dans l’Anse Marigot à Saint Martin, la semaine s’écoule vite. Le bateau est bien conçu avec ses deux cabines séparées, où chaque couple a son espace, mais comme toujours, quand on a de l’espace, on l’occupe tout entier ! Il est temps de rendre l’espace avant à ses futurs occupants. A Saint Barthélémy, il n’y a pas de laverie en libre-service ; il y a bien quelques laveries sur l’île, mais pensées comme un service d’entretien des villas ; nous avons donc accumulé un certain retard de lessives ! Il nous faut également pourvoir à l’approvisionnement en eau et victuailles, et jeux pour Leïla ; enfin, ayant loué une voiture, nous repérons les plages de l’île non loin de Marigot. Chacune de ces plages a sa particularité : à Friar’s Bay, la plus proche de Marigot, l’école de voile occupe une partie de la plage et l’animation à l’heure de la mise à l’eau ou de la sortie de l’eau est un beau spectacle ; dans la partie nord de l’anse, sous la point qui la sépare de l’Anse Heureuse (Happy Bay), un mouillage semble possible devant une petite crique de sable gris et de rochers. On n’accède à Happy Bay qu’à pied, en contournant le portail indiquant une propriété privée : c’est le chemin d’accès à un ancien hôtel qui a subi les cyclones Luis et Irma et n’a pas été rénové. Le long du chemin, subsistent les branchements des lampadaires et les restes des différentes constructions aux toits arrachés, et en arrière de la plage, un monument surprenant rappelle le nom de la baie : une sorte de « Moaï », grande tête aux yeux rieurs et au sourire énigmatique est fixée dans le sol, déroutant le marin qui passant au large se demande s’il n’a pas fait quelques grossières erreurs dans ses calculs de navigation !
Au nord de Grand Case, on accède à la Petite Plage par un passage piéton entre les propriétés ; et la plage est bien abritée. Plus loin, encore de Marigot, la plage de l’Anse Marcel est belle elle aussi, mais retient moins notre attention.
Sur rade, à Marigot, nous ne sommes pas loin de Claudie et Hervé sur « Happy », de Pascaline et Alain sur « Euréka », des « Cataprofité », des « Kumbaya », des « Aquavel » ; les échanges se poursuivent autour d’un dîner sur le bateau des uns et des autres, ou sur la place du marché, en fin de journée, quand les étals se rangent, que les enfants jouent, font du skate, autour de l’espace en amphithéâtre et que les parents discutent amicalement.
Claudie et Hervé apprennent à faire voler le drone acheté à Philipsburg, nous assistons aux premiers envols, sur un reste de stade dévasté par Irma et toujours à l’abandon.
Avec eux, et en préambule à l’arrivée des enfants, nous passons quelques temps à la Baie Maho, côté hollandais : elle est réputée pour sa situation en bout de piste de l’aéroport. Le calme de la plage est régulièrement perturbé par l’arrivée ou le décollage des avions de toutes tailles. Un bar restaurant installé à une extrémité affiche les heures de départ ou d’arrivée et ainsi les clients peuvent quitter leur place pour aller au plus près sur la plage assister au spectacle : survolant la plage, les avions rasent la clôture avant d’atterrir ;
Le décollage des gros jets est tout aussi impressionnant : ils viennent se placer en pout de piste, et les badauds, sur la plage, jouent à perdre l’équilibre dans le sable soulevé par les puissants souffles des réacteurs poussés à pleine puissance. Les attractions de Saint Martin restent surprenantes !
Pascaline et Alain partent passer la saison cyclonique sur le Rio Dulce, au Guatemala, et Hervé et Claudie descendent faire une escale en Martinique avant de rallier la Grenade pour y laisser le bateau en hivernage. Les autres bateaux amis se préparent aussi pour la saison cyclonique qui approche : les « Kumbaya » doivent descendre en Colombie, « Aquavel » retraverse l’Atlantique, les « Cataprofité » et « Martin » iront également au Guatemala. C’est le moment des derniers petits travaux et achats de matériel nautique avant une navigation un peu longue ou en prévision de travaux sur place là-bas.
Pascale et Bertrand, sur « Antinéa » viennent également faire escale technique à la Marina Fort Louis. Nous nous retrouvons avec plaisir ; le restaurant « O Plongeoir » est un peu notre savoureux quartier général (il est ainsi nommé en raison du plongeoir sous lequel il est établi, et qui permettait aux intrépides quelques sauts dans l’eau avant que la route ne soit aménagée et donne son caractère incongru à ce bâtiment en bord de route !); nous suivons l’avancée de leurs travaux, ils nous donnent de précieuses indications pour trouver la piscine naturelle de Petit Cul-de-Sac, nous échangeons sur nos vies et activités passées, qui avaient quelques point communs !
Pour nous, après l’arrivée des enfants retardée de vingt-quatre heures pour cause d’avions défectueux, c’est le moment du partage des découvertes. Le temps nous est compté, mais nous essayons de ne rien oublier !
Tout d’abord quelques jours à l’Anse Colombier, à Saint Barthélémy. Les retrouvailles d’Annou et Damien avec Estelle et Benoît font plaisir à voir et nous passons une belle journée de dimanche sur la plage de Colombier, en famille ;
Leïla, jouant avec Diane et Aliénor a très vite pris de l’assurance dans le sable qui se dérobe sous ses petits pieds quand le clapot vient les lécher, dans l’eau ou sur le paddle !
Que d’attractions ! Difficile dans ces conditions, de faire une sieste ! Finalement le kayak permettra un bref repos dans un petit cocon…
La houle de Gustavia poussera Estelle et Benoît à nous rejoindre le mardi soir offrant quelques heures encore, de bons moments aux enfants. Cette vie au mouillage fait le bonheur de tous, et Leïla profite du kayak avec ses parents…
Nous leur faisons également visiter l’île et ses belles anses.
Nous partons avec eux à la découverte de la piscine naturelle de Petit Cul-de-Sac. Suivant les indications de Pascale et Bertrand, nous passons la pointe nord-est de Petit Cul-de-Sac, longeons la plage de cailloux et coraux où survivent quelques cocotiers ; tournant vers les terres, nous grimpons le morne prenant pour repères les panneaux de propriétés privées, et surplombant l’entrée de la baie de Petit Cul-de-Sac…
…poursuivons sur une sorte de plateau sur notre gauche, avant de redescendre entre les rochers, sur notre droite, (sans aucun sentier tracé, mais guidés par des personnes remontant de ces rochers) pour atteindre le bord de mer. Poursuivant sur notre gauche, le long de l’eau, nous escaladons quelques roches et découvrons avec émerveillement le site : deux piscines juxtaposées creusées dans le calcaire corallien, remplies d’eau claire aux tons variés de bleus ;
les vagues un peu fortes de l’Atlantique franchissent les murs de roches et alimentent en douceur ces piscines, tandis qu’au-delà des rochers, un impressionnant et dangereux siphon se remplit et se vide bruyamment à chaque vague. La pause baignade dans cette eau claire est tout simplement magique !
Nous passons du temps à Gustavia, et ses beaux points de vue, Fort Karl, Fort Gustav, en compagnie d’Estelle et Benoît, également.
Sur la route du retour vers Saint Martin, nous souhaitons également leur faire découvrir l’île Tintamarre ;
après leur avoir vanté ses paysages, nous les déposons sur la plage pour les laisser explorer ce site si particulier. Ils rentrent le soir heureux de leur tour sur l’île…
De retour à Saint Martin, Annou et Damien ont choisi de prendre quelques jours à deux, nous laissant du temps privilégié avec Leïla. Ce seront quelques jours de plein temps de plaisir avec elle, sur les différentes plages de l’île, notre préférence allant à la Petite Plage, plus intime. S’amusant volontiers dans l’eau, elle « nage » avec confiance vers nous ou vers Frédérique et Patrice, que nous avions retrouvés à Colombier.
A bord, elle sait bien observer et reconnaître dans l’eau tortues, raies ou tarpons qui nagent autour du bateau.
La place du marché et les jeux des grands l’attirent bien et elle est vite adoptée par eux…
Le séjour des enfants touche à sa fin ; il nous aura permis de partager des moments heureux avec eux, de leur faire rencontrer ceux que nous aimons croiser ou retrouver au gré de nos navigations.
Nous avons eu ensemble de beaux moments de navigation également. Un bon bord de près pour rejoindre Colombier, un joli retour vent arrière vers Tintamarre, et une navigation bord à bord, le long des côtes nord de Saint Martin, avec une sorte de jonque à deux coques : « Ontong java » catamaran en bois, dont l’une des coques paraît plus longue, construit d’après des bateaux utilisés dans les Tuamotu.
Nous n’omettons pas de leur faire apprécier la cuisine et l’accueil de Paula et Jean-Baptiste au « Sous-Marin », de s’imprégner de l’esprit de Saint Martin marquée par les cyclones à Oyster Pound, ou d’avoir un dernier point de vue sur Marigot en montant au Fort Louis…
Après leur départ, nous passons quelques jours au mouillage devant Petite Plage ;
fermant la baie, le Rocher Créole est réputé pour ses fonds ; des bouées y sont installées permettant aux annexes et bateaux de plongée de s’amarrer le temps d’une promenade en Palmes-Masque-Tuba. Les conditions de vent et de luminosité ne nous ont pas permis d’apprécier au mieux le site sous l’eau, et ce sont davantage les rochers découpés sur lesquels la houle vient se briser qui nous ont impressionnés.
Nous rentrons à Marigot pour prendre livraison d’un dessalinisateur. En effet, sur proposition de Frédérique et Patrice, nous avons profité d’un achat groupé d’un modèle américain, livré détaxé à Saint Martin. Notre annexe est juste suffisante pour transporter, entre deux grains, l’ensemble des cartons des différentes pièces. Nous leur trouvons une place sûre dans le bateau ; en effet, il est temps pour nous de rejoindre la Martinique. Nous avons prévu de rentrer retrouver parents, enfants et petits-enfants pour deux mois.
Nous quittons Saint martin et tous les amis rencontrés ou retrouvés là-bas pour 52 heures de près ou de moteur, sous le vent des îles, jusqu’au Marin. Difficile, les premières 24 heures de retrouver le bon rythme de mer, et nos marques dans cette navigation au près, pas toujours très confortable, et sollicitant en permanence notre équilibre…Néanmoins, les couchers et levers de soleil restent des moments forts ;
à midi, nous avons à nouveau observé le phénomène du soleil auréolé, et la nuit étoilée au large de la Dominique nous a offert le spectacle de la Grande Ourse et de la Croix du Sud ! Naviguant le long de Montserrat au petit matin, l’éclairage nous a permis de distinguer les coulées de cendres des récentes éruptions de la Soufrière, volcan au sud de l’île (1995, 2010).
Des dauphins joueurs nous ont accompagnés le long des côtes de Guadeloupe et de Martinique.
Au Marin, nous avons une dizaine de jours pour prendre rendez-vous avec Pavla qui doit nous préparer un « cover » pour protéger notre nouvelle annexe, avec Jean-Philippe l’électronicien qui doit nous améliorer notre installation VHF, lecteur de carte, et centrale B&G, avec le chantier Amel pour étudier avec eux l’installation du dessalinisateur, et la révision du moteur de l’enrouleur de la grand-voile. Et bien sûr, dégréer le génois et la grand-voile, amarrer les bômes, amarrer les défenses sous la coque, vider et nettoyer le frigidaire, et « ranger » le bateau : c’est-à-dire vider les coffres dans lesquels les techniciens d’Amel doivent travailler (coffre du cockpit, coffres de la cuisine) et déposer tout cela à l’intérieur, remplissant salle de bains avant, cabine avant, et carré !
Sur la panne, nous faisons connaissance avec nos voisins : Simon, sur son bateau en bois « La Palisse », et Claire et Thibault, avec leur petite Billie, sur « Mahina II » qu’ils viennent d’acheter. Ils ont traversé l’Atlantique cette année et ont pu revendre leur bateau pour acquérir ce ketch de 55 pieds, construit à l’unité et qui avait besoin de propriétaires comme eux pour être remis en état et naviguer à nouveau ! Nous sympathisons et savons qu’ils garderont un œil sur Nissos durant notre absence, tant qu’ils seront encore au port.
Les amarres à ressorts sont en place, l’annexe est amarrée sous sa housse, les bômes attachées en trois points ; un dernier coup d’œil au bateau et nous partons pour d’autres moments plus terrestres riches en famille, ou entre amis.
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