Golfe de Gascogne : traversée retour /Yves

Golfe de Gascogne : traversée retour /Yves

Posté par : Christine et Yves
06 Octobre 2021 à 11h
Dernière mise à jour 14 Novembre 2021 à 10h
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Depart de   Gijón

Nous sommes venus directement à Gijón pour y attende, le temps qu'il faudra, un créneau météo nous permettant de retraverser le Golfe de Gascogne dans de bonnes conditions. Ce qui ne semble pas devoir se présenter de sitôt.
Christine, depuis que nous avons entamé notre "remontée", se projette de plus en plus dans notre "après-retour" à Roscoff, et devient très impatiente d'en finir. De plus la traversée à venir l'inquiète ... ou même la terrorise. D'autant qu'ayant chuté dans le cockpit au port (à Muxia), elle a encore très mal au côté (côte fêlée ?).
Aussi, soucieux de ne pas laisser pourrir cette attente, peut-être longue, je lui propose de repartir dès le lendemain, pour "profiter" des calmes prévus, quitte à rencontrer des conditions plus agitées en seconde partie du trajet (20 à 25 noeuds prévus, au portant, suites du front qui a retardé le départ de la mini-transat). C'est presque avec empressement qu'elle accepte cette option.
Après avoir fait les pleins, déjeuné et préparé le bateau, nous quittons donc les pontons vers 13:30. Petit temps. Nous progressons lentement. En fin d'après-midi, le vent nous abandonne et il faut avancer : moteur.


Nous quittons  Gijón à la voile, avec 6 à 8 kn de vent de travers.

Toute la nuit et jusque vers 13:00 le lendemain, nous ferons route ainsi, sur une mer calme et une faible mais longue ondulation de houle.

 

Jour 2


Puis le vent revient progressivement. Il mettra un moment à s'établr à l'WSW, puis à l'W en forcissant.


En début d'après-midi, c'est une "jolie brise" qui nous tire , vent de travers, à bonne allure vers le nord.

En fin d'après-midi, nous   croisons la route des premiers concurrents de la  mini-transat  et devons même nous dérouter pour éviter  Tanguy Bouroullec, prioritaire sur son proto   Pogo Foiler ! Il gagnera cette étape . 

          L
Le premier mini croisé, celui de Pierre Le Roy (TeamWork), aperçu entre  les vagues ... 
Il gagnera  la Mini-Transat (catégorie Protos).


Des minis, repérés à l'AIS sur la carte électronique. 

 

Seconde nuit 

Nous réduisons progressivement la voilure sur une mer qui se forme sérieusement : trinquette, 1er puis 2nd ris vers 18:30, alors que le vent atteint régulièrement une trentaine de noeuds. Vers 21:00, nous relevons fréquemment plus de 35 noeuds, alors que la houle doit maintenant approcher voire dépasser les  4 m (mer forte à très forte), heureusement pas trop croisée avec la "mer du vent".   Nous affalons la grand-voile et, sous trinquette seule, faisons route à plus de 5 noeuds au grand largue. Petrel se comporte admirablement : il ne "tape" absolument pas et le pilote se débrouille mieux que nous ne pourrions le faire... Cependant il est difficile de parler de confort à l'intérieur,  d'autant que le mugissement de  l'éolienne dramatise l'ambiance ! Mais c'est grace à elle que le pilote fonctionne...

Toute la nuit nous aurons ainsi plus de 25 à 30 noeuds de vent et serons bien secoués. Christine est paralysée par le mal de mer et la terreur, mais arrive à observer régulièrement devant le bateau par les vitres du dog house et à entendre les alarmes lorsqu'elles sonnent.  J'arrive à dormir un peu, par tranches de 10 mn, tout équipé (sauf les bottes !) avec ciré, gilet, lunettes et frontale. J'ai mis une alarme touts les 20 mn : je  controle la route, l'absence de bateau à l'AIS, puis sors pour vérifier l'allure et faire un tour d'horizon visuel même si dans le noir et les embruns, on n'y voit ... goutte ! Puis je rentre, me sèche un peu, me rallonge sur la banquette du carré   et m'assoupis quasi-instantanément pour les 10 mn qui suivent...

 

Retour au pays

Puis le vent mollit doucement. En début de matinée, avec encore 20 noeuds de vent et une mer encore forte, Belle-Ile apparaît. Nous décidons alors de rallier   Port Haliguen, à Quiberon, pour nous mettre à l'abri et profiter du confort d'une marina que  les mouillages  autour de Belle-Ile ne peuvent offrir.  Nous y serons vers 14:00, après passage de la Teignouse à la voile, contre le courant (coeff 30), par un temps "pafait" !


Belle-Ile monte à l'horizon alors que la mer et le vent se calment.


Soirée à l'abri dans le bassin à flot de Port Haliguen.

Nous voici arrivés.
Il nous faudra du temps pour "digérer" cette nuit agitée et des commentaires "à chaud" peuvent s'avérer excessifs. Quoi qu'il en soit nous aurons (encore !) beaucoup appris de cette traversée. 

Personnellement j'ai des enseignements à tirer pour l'aménagement de la table à carte (éviter que l'écran ne s'envole !) et pour optimiser mon sommeil. Mais ma capacité d'endormissement dans ces conditions m'a étonné.
Christine a pour sa part mal vécu l'expérience.  Ci-dessous son analyse à chaud ...

 

Le retour vu par Christine :

Finalement, nous revenons en marchant dans nos pas.
L’attente à Camarinas puis à Muxia est devenue presque insupportable. Rien à faire ou peu. Attente à Gijon que le temps soit à peu près favorable (au moins le vent dans le bon sens).
L’angoisse d’un retour par le Golf de Gascogne et tout ce que ça peut signifier de mauvais temps, mauvaise mer.
Fatigue de plus de 2 mois de mer et hâte de rentrer maintenant.
Résultat : une chute au port dans le cockpit et de grosses douleurs au côté.

Nous décidons de prendre le premier créneau à peu près praticable, même si nous savons qu’il faudra avancer sans doute pas mal au moteur.
Départ de Gijon à la mi-journée, avec un peu de voile au début, les cinq premières heures.  Puis très vite pétole et moteur pendant toute la première nuit, avec quand même une houle relativement présente.

Nous étions informés du départ de la mini-transat au même moment et j’étais persuadée que nous allions croiser leur route. Ce qui fut le cas. Nous avons pu repérer quelques noms sur l’AIS : Cristina, Balao et nous avons même croisé un des prototypes à quelques mètres. Le bateau de Tanguy Bourroulec.

Et puis le vent s’est levé…  20, puis 25, puis 30 puis la deuxième nuit à 30-35 nœuds, sans discontinuer, dans des vagues de 4-5 m.
Pour çeux qui ne connaitraient pas, imaginez une vingtaine d’heures enfermé dans une machine à laver, ne pouvant absolument rien faire qu’attendre que le programme de lavage se termine.    Avec peut-être une côte cassée et une très grande fatigue.  De quoi vous dégouter  de la voile à tout jamais.
Je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit, très peu la nuit d’avant même si elle s’était passée correctement avec des quarts alternés.

Pour cette nuit d’enfer (en ce qui me concerne en tout cas), Yves a vraiment assuré. Ne dormant que par bouts de 10 mn (le réveil sonnait toutes les 20 mn), même si, étant éveillée et à moitié malade, j’ai quand même pu vérifier les alentours et les présences d’autres bateaux. 
Bref, la vue de Belle-Ile-en-Mer vers 11h le lendemain, puis l’arrivée à Quiberon ont été un vrai soulagement.

Que dire d’une nuit comme celle-là avec le recul ? 
- Bateau super, qui a fait le job d’un bout à l’autre, y compris le pilote automatique. Sans lui, on était mal.
- Mauvaise préparation physique et psychologique, en ce qui me concerne. Difficile d’expérimenter ce genre d’aventure à l’avance, mais c’est d’une extrême brutalité quand on n’y est pas préparé. Bien que notre premier départ était du même genre.
Je ne suis pas sûre de m’y habituer ou d’avoir envie de m’y habituer.
Je regardais, totalement ébahie, ces jeunes navigateurs qu’on a croisés, avançant seuls sur des petits bateaux de 6,50 m, dans les mêmes conditions de mer et de temps que nous, et en plus au près, partant pour traverser l’Atlantique et je me disais qu’on n’était vraiment pas fait du même bois.  Mais, à 65 ans, j’ai peut-être des excuses.

- Le capitaine a assuré un maximum, aussi bien dans le réglage du bateau que dans sa capacité physique et morale à tenir le temps qu’il faut.

Les quelques jours passés à Quiberon ont été une cure de jouvence. Il ne nous reste plus qu’à contourner la Bretagne et à rentrer à Roscoff, dans les meilleures conditions possibles.

 

(à suivre...)

 

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