Destination Açores ! - 1. Christine

Destination Açores ! - 1. Christine

Posté par : Christine et Yves
27 Novembre 2023 à 19h
Dernière mise à jour 22 Février 2024 à 18h
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PREMIERE PARTIE : CHACUN DE SON COTE

« PETREL SOLO SAILOR » vu par Christine

 

Dimanche 28 mai 2023

Or donc, je voulais faire un break cette année et profiter des langueurs de la canicule à laquelle nous avions échappé l’année dernière pour cause de froid écossais (joke !).

Mais c’était sans compter sur la ténacité du capitaine, en demande de navigation « d’homme ».

Il fut donc décidé, parce que je ne suis pas capable de tenir sans bouger dans une coquille de noix (qui, elle, bouge) pendant 15 jours, qu’Yves s’embarquerait seul pour les Açores, où je le rejoindrai.

Depuis son enfance, Yves lit des ouvrages de grands navigateurs, et en particulier solitaires, sur lesquels il rêve. Il navigue aussi depuis son enfance, avec ses parents, puis aux Glénans, etc. Mais jamais seul.

Alors, ayant son propre bateau, l’ayant pratiqué depuis quatre ans, la tentation était grande de se lancer dans une traversée solitaire, la première.

Départ était donc prévu fin mai, pour une arrivée aux Açores autour du 10 juin.
La météo était une aubaine depuis une quinzaine, la décision de partir le jeudi 25 mai a été prise alors que le temps était moins favorable, vent force 5-6, vagues, mais avant d’autres dégradations. Il fallait bien trouver un créneau.
Départ donc, jeudi 25 mai à 16h30.

Nos amis de Pierrick heureusement sont là (grâce à qui nous avons ces belles images), le petit bateau d’assistance du port aussi, les bateaux voisins, et la présence à distance de Bye-Bye, ce qui fait que le départ fut plutôt chaleureux. Chacun y va de son « J’ai confiance », avec quand même un peu d’appréhension.

Grand vent dans le port, donc courant, marche arrière toujours aussi imprévisible avec Pétrel, le petit bateau d’assistance du port n’a pas le temps d’intervenir pour aider Pétrel à tourner. Ce fut donc un départ un peu surréaliste, en marche arrière, que nous offrit Yves.
Ce qui m’a donné une idée saugrenue : puisqu’il faut toujours trouver des records à battre, un tour du monde en marche arrière serait-il envisageable ?

  

Je plaisante bien sûr, Pétrel s’est rapidement remis dans le bon sens pour sortir vaillamment du port en marche avant.

      

Je ne suis quand même pas près d’oublier le cri ahuri de l’assistant du port, occupé à aider les bateaux qui venaient se mettre à l’abri et à qui Thierry de Pierrick faisait signe pour venir donner un coup de main : « Quoi ? Tous les bateaux rentrent et y en a un qui sort ? ».
Ça ne m’a pas franchement rassurée.

Et vogue le navire…

Sur les conseils de Christel, je suis vite partie à la Chapelle Sainte-Barbe, à Roscoff, d’où l’on a effectivement une très belle vue sur toute la baie. La vision de ce petit bateau, tout seul, sur une mer agitée, sous un vent fort, était un peu angoissante. Je n’aime pas être dans la peau des femmes de marin… car même en ayant confiance dans les compétences du capitaine, on sait qu’à bord d’un bateau beaucoup de choses peuvent arriver.


Pas flagrant… là  !

Me trouvant donc sans logement, je pris le chemin de retour vers la maison.

Dernier SMS de Yves à 19h11 avant perte de signal, pendant que j’étais sur la route  :

Il y a encore du réseau...
Je me suis bien fait secouer, au moteur le long de l'île de Batz... et Murphy s'en est mêlé au hissage des voiles.
Ça y est, la situation est sous contrôle (un peu sous-toilé vent arrière) et les ficelles enfin en ordre.
Bon retour et @+ sur nos ondes...

Arrivée chez moi à 4h du matin, le temps de rebrancher l’informatique et la box et de sauter directement sur marinetraffic.com.
Pétrel avance très bien.
On a pu le suivre pendant environ 24h grâce à son AIS, puis bien sûr il a cessé d’être à portée d’émission passé le rail d’Ouessant.

Depuis, Yves communique grâce aux liaisons satellites via le système Iridium. Peu. Deux messages pour l’instant. Il s’acclimate, les conditions ont l’air d’avoir été difficiles, beaucoup de vagues, du vent. C’était prévu pour les 2 ou 3 premiers jours. J’espère que ça commence à aller mieux aujourd’hui dimanche 28 mai.

C’est surtout la mise en place du sommeil qui doit être compliquée. Tous les marins solitaires au long cours ont aujourd’hui des entrainements sérieux pour réussir à y faire face. Là ça n’a pas été le cas.

Grâce à l’Iridium GO! je peux situer le bateau à chaque fois qu’Yves se connecte pour prendre les infos météo, même s’il n’envoie pas de message. Donc, tant que ça s’allume, c’est bon signe.
Yves m’ayant fait comprendre qu’il partait pour vivre le plus possible son expérience en solitaire, donc pas trop d’échanges, il me parait quand même normal de recevoir un TVB une fois par 24h. Finalement ce sera plus. Avec le manque de sommeil, la notion de temps devient très relative.

Je m’en veux de ne pas me sentir capable de partir pour de longues traversées. Mais je m’en voudrais encore plus de « paniquer » au bout de quelques jours sans voir la terre, surtout si les conditions deviennent difficiles. Je ne me savais pas claustrophobe, mais en y réfléchissant bien, je n’ai jamais supportée d’être enfermée ou entravée. Alors même en ayant tout l’océan pour soi tout autour, on est quand même enfermé dans une boite. Je passe sûrement à côté de quelque chose, mais je ne vois pas comment faire. Cela dit, les navigations que nous avons réalisées au cours des trois années passées m’ont apporté tellement qu’il n’est pas forcément nécessaire de faire de grandes traversées pour en profiter. Trois ou quatre jours en mer et puis retour à la terre me va très bien.

Si la situation de Yves à bord n’est pas confortable, vu de la terre, elle ne l’est pas non plus. Mais autrement.
Apparemment, la seule façon pour moi de ne pas me faire des trous dans l’estomac, c’est de vivre comme à l’habitude, de vaquer à mes occupations, et de surtout ne rien imaginer des conditions à bord…

Pour me changer les idées, je commence à rassembler les informations sur les ballades à faire aux Açores.

***

La traversée en solitaire a donné lieu de la part de Yves a un compte rendu à part, je vais faire court sur la traversée suivie depuis la terre, même si bien sûr je n’ai pas beaucoup quitté mes écrans.

Mais je dois préciser qu’étant parti plus tôt que prévu et avançant très bien, Yves va arriver aux Açores avec une semaine d’avance sur la date à laquelle je suis sensée le rejoindre.
 

Mardi 30 mai 2023 : reste 1000 km


 

Mercredi 31 mai 2023 : Yves appelle ses enfants et petits-enfants pour leur souhaiter leurs anniversaires  ! Sympa de recevoir un appel de son grand-père du beau milieu de l’Atlantique.


 

Jeudi 1er juin 2023

Coup de fil à 9h via le satellite. Je sens qu’Yves commence à être impatient d’arriver, d’autant qu’il vient de me confier ses problèmes techniques : génois en rade, problème d’ordinateur et de GPS. Heureusement qu’il a la tablette pour le dépanner.

Il ne dort pas bien, donc il commence à atteindre ses limites. A priori, il préfère aller directement à Horta pour pouvoir se poser.
Je comprends.  Car s’il s’arrête avant, il n’aura pas le courage de repartir pour se retrouver à nouveau dans un port, faire de nouvelles manœuvres, etc.

Je me vois donc contrainte de changer toutes mes réservations (car, avion, hôtel) pour le rejoindre plus tôt. Billets changés, arrivée à Horta vendredi 9 juin à 9h15, soit presque quatre jours plus tôt.
 

Dimanche 4 juin 2023

La voix est bonne ce matin, il a dormi 3h d’affilée (alors qu’il a l’air bien cramé niveau sommeil… Je ne sais pas combien de temps il va mettre pour récupérer son sommeil après, s’il le récupère).
Le temps est calme, pas de vent, il n’aperçoit pas encore les îles, mais ça ne devrait plus tarder.
Il va mettre au moteur pour avancer un peu et surtout remettre du courant dans les batteries. Quand je lui dis bravo, il semble penser que la traversée n’était pas compliquée, sauf au départ où « il en a chié », dit-il.
Il me racontera. Il valait peut-être mieux que ce soit au début quand il était encore frais.

9h53   :   « TERRE ! Terceira vient de sortir de la brume et des nuages. Grosse comme ça. Je me demande comment j'ai fait pour ne pas la voir hier soir... »


Ça y est, Pétrel apparait à nouveau sur MarineTraffic.

A partir de là, nous reprenons les échanges par SMS et par téléphone.
Yves n’arrive pas à joindre le port de Horta, pour leur demander comment faire à l’arrivée. J’essaie de mon côté.
J’arrive à les joindre. Malheureusement, les nouvelles ne sont pas très bonnes, la marina est pleine, il y des bateaux qui attendent dehors et une liste d’attente d’une semaine.

Les consignes sont de se mettre à l’ancre en arrivant, en principe c’est facile à trouver, devant le port, au sud-est. Puis aller voir la capitainerie demain matin, en annexe. C’est une corvée de plus, c’est sûr que ça aurait été plus sympa de se mettre directement dans la marina et de pouvoir se poser, prendre une énorme douche, encore que tard le soir c’est peut-être difficile. Bref, tout ça arrivera, mais avec encore quelques efforts !

Et puis c’est l’arrivée à 23h28. Bravo ! Je n’en doutais pas, mais ça va mieux une fois fait.

De mon côté, plutôt par souci de l’environnement, j’avais prévu de prendre un car de Bordeaux jusqu’à Lisbonne, soit environ 17 h de route.
Le car semblait partir de Bordeaux, je n’avais donc pas envisagé qu’en me présentant à la gare des bus à minuit, après avoir laissé ma voiture dans un parking longue durée, je verrai arriver un bus déjà plein à craquer. Qui arrivait d’où  ? Mystère.
Je passe donc sur la « mauvaise » surprise, les « mauvaises » conditions de voyage dans un siège côté couloir pas du tout fait pour dormir où je n’avais rien pour faire tenir ma tête.
J’ai donc dormi tant bien que mal assise toute droite, sans bouger. A mon âge, c’est un truc à se payer une phlébite ! Heureusement, il y avait des arrêts toutes les quatre heures.

Et je dois dire que l’ambiance avec des passagers plutôt genre immigrés que touristes a été irréprochable. Les gens ont dormi, sans se gêner. On s’est entraidé quand il fallait communiquer avec le chauffeur qui ne parlait que portugais. Etc.
Les arrêts sur l’autoroute se font dans des bâtiments ambiance « Europe de l’Est période guerre froide ».

          

    ​​​​       

A l’origine, le voyage devait se poursuivre dans la foulée par un vol direct sur Horta au départ de Lisbonne. Avec les changements de date, je dois passer une nuit à Lisbonne et vais donc en profiter pour visiter la ville pendant quelques heures.
Mais toujours prévoyante, je passe quand même d’abord à l’aéroport pour vérifier les embarquements du lendemain, départ à 6 h. Bien m’en a pris car je n’aurais jamais eu mon avion en me présentant tranquillement le lendemain. La compagnie n’existe pas (j’exagère, c’est une sous-compagnie de la TAP, mais c’est vraiment l’impression que ça donne à l’aéroport), mon billet n’est pas prévu dans le système informatique normal, les guichets de ma sous-compagnie se trouvent dans une guérite à peine visible que je finis par dénicher dans un coin, personne ne sait où se fera l’embarquement. Il faudra voir ça le lendemain matin. Ouf ! Vive le low cost !

Petite promenade dans Lisbonne donc. C’est bien sûr trop court pour découvrir une grande ville, mais ça m’a donné un aperçu et une ambiance. Un peu rétro par rapport à nos villes retapées, relookées, mais finalement plus authentique.
Je découvre qu’il existe un funiculaire qui monte sur la colline de la vieille ville, mais quand je m’y présente, pas de train, un énorme rassemblement de gens dans la rue, des draps noirs autour de l’entrée de la cathédrale…
Comme la veille j’avais entendu dire à la radio que le pape n’allait pas bien, je suis persuadée qu’il est mort.

      

Mais non, il s’agissait de la fête du Saint-Patron local, Saint-Antoine !  Mais du coup, je me tape la montée de la colline à pied. Et la descente sous la pluie, sur les pavés glissants ! Qui a dit « qu’on m’a lancé un mauvais sort ?! ». Allez, la promenade est sympa et il faudrait y revenir pour en voir plus.

D’aucuns donnent à manger aux pigeons ou aux moineaux, sur la colline du château on donne à manger aux paons ! gardiens dudit château.

           

         

Et bien sûr les fameux Azulejos portugais !

         

         

Vendredi 09 juin 2023

L’embarquement ayant été préparé, tout se passe bien le lendemain aux aurores.
Petit vol d’une heure 30 et c’est l’arrivée aux Açores le 9 juin, à Horta sur l’ile de Faial où Yves doit m’attendre à l’aéroport.


Arrivée au dessus de Horta

 

(à suivre...)

 

 

 

Emplacement

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