Marseille, Vieux-Port, 2 avril 2017

Nous sommes toujours dans la liste des choses à faire, et des vérifications indispensables avant le départ, pour mettre toutes les chances de notre côté, indépendamment des éléments imprévisibles que peuvent nous réserver ce mode de vie et les éléments naturels qui peuvent dans certaines circonstances être sans limite !
Pour l’instant donc, nous profitons du salon nautique de La Ciotat pour regarder le matériel qu’il nous faut acquérir, si possible au meilleur prix : une balise de détresse, des écoutes et des drisses neuves, un système d’alarme pour signaler l’approche d’un bateau qui pourrait ne pas être éclairé la nuit. Cela arrive lorsque certains se livrent à des pratiques interdites, en matière de pêche en particulier… Bref l’inventaire est important !
Nous profitons également de ce temps de préparation pour faire des trappes de visite dans chaque compartiment du réservoir de gas-oil… afin d’être sûr de nettoyer tous les vieux résidus qui bouchent le système d’alimentation du moteur…

Nous avions déjà réalisé, il y a quelques mois, cette opération dans le premier compartiment, alors qu’il y en a quatre et l’expérience a montré que cela n’était pas suffisant, les résidus ont migré d’un compartiment à l’autre, nous créant les mêmes soucis qu’auparavant… Enfin une révision complète du moteur va s’imposer. Il va donc être déposé pour être mené en atelier et subir un contrôle complet…
Cette période de vie sur le bateau au port nous permet enfin de rencontrer des équipages de passage avec qui nous échangeons sur nos expériences et nos voyages respectifs… l’apéritif du soir dans le carré est propice aux conseils partagés sur nos aventures qui sont sans doute parfois un peu enjolivées… Nous avons ainsi eu la chance d’avoir comme voisins un couple d’espagnols rentrant d’un an de balade en Méditerranée exactement dans les mêmes régions que celles que nous nous proposons de découvrir… Bien sûr, la séance des questions-réponses s’est prolongée, et l’expérience de José et de Mariela nous sera très utile : quels sont les usages en matière de démarches administratives pour se
déclarer en Croatie, qui ne fait pas partie de l’Union Européenne ? quelles sont les météos fiables sur le parcours ? quelles sont les pratiques d’amarrage dans les ports … quelles sont les escales à ne pas manquer, quelle gestion des abonnements téléphoniques ? etc. etc… avec en prime une bouteille de vin espagnol à boire en souvenir de nos nouveaux amis qui veulent savoir comment se passera notre aventure…
Le travail sur cartes a également débuté. Tout d’abord l’inventaire des cartes papiers du bord pour voir ce qui manque… impossible de prévoir des cartes de détail de l’ensemble du périple, mais il ne faut pas de « trou », au moins pour les cartes routières et celles qui doivent nous permettre l’approche des côtes qu’on appelle « atterrissage »… en effet, les cartes électroniques c’est bien, pour autant que les lecteurs fonctionnent, ce qui sous-tend qu’il y a toujours de l’énergie à bord et des satellites en émission… mais pouvoir faire face à tous les dysfonctionnements possibles est un gage, que le pire ne se produira pas ! le marin est toujours un peu superstitieux !
La première partie de notre périple théorique maintenant :
- Départ de Marseille prévu le 25 juin, avec pour objectif de rallier Porquerolles dans la journée – une petite mise en jambe normalement, histoire de rôder la notion de quarts et des vacations radio à assurer avec le deuxième bateau qui participe à « l’expédition », un Dufour 455 dont le propriétaire est un ami du temps de notre passage à Gap, qui a organisé la succession des équipiers qui le rejoindront au fil du temps….

Que dire de Porquerolles, si ce n’est qu’elle mérite sa très bonne réputation pour la beauté du site et le bien-être qui s’en dégage. Il faut savoir que cette île a été un havre de paix dans les siècles passés, pour les enfants qui s’échappaient du bagne de l’île du Levant et pour lesquels elle constituait une étape qui leur permettait de reprendre des forces avant de poursuivre leur périple… mais nous reviendrons sans doute plus tard sur l’histoire de ce lieu qui a également connu de multiples occupations, du fait de sa situation géographique « avancée »…

- L’escale suivante devrait être Bonifacio, après plus de 30 heures de mer, une étape un peu plus longue, donc pour poursuivre notre « amarinage » et passer une première nuit en pleine mer ! Bonifacio est une véritable entaille dans une falaise de craie… avec sa citadelle remarquable qui fut attaquée elle aussi à diverses reprises et subit plusieurs sièges pour affamer ses occupants. Le site est en effet stratégique pour surveiller le trafic maritime et assurer sa suprématie sur cette région…

Les Bouches de Bonifacio (entre la Corse et la Sardaigne) sont également réputées pour les multiples dangers qu’elles recèlent qui rendent la navigation
dangereuse : les vents y sont toujours plus forts du fait du phénomène d’entonnoir qui est formé par le passage entre la Corse et la Sardaigne… beaucoup de vent, donc, du courant et des cailloux un peu partout… Arrivée prévue à Bonifacio le 27 juin, le temps d’acheter un peu de charcuterie locale avant de reprendre la mer…
- Petit saut de puce le 28 juin pour tenter un mouillage aux îles Lavezzi… et faire un pèlerinage au mémorial qui commémore le naufrage de la frégate « La Sémillante » en 1855… « La Sémillante » était en route pour la guerre de Crimée et a coulé au cours d’une tempête. Il n’y eut aucun survivant des 773 personnes à bord, se répartissant entre dessoldats français et des membres d’équipage. Deux cimetières abritent les corps rejetés sur les rivages des Lavezzi. Alphonse DAUDET évoque cette tragédie dans Les Lettres de mon Moulin (« l’Agonie de la Sémillante »). Inutile de préciser que cet arrêt ne pourra se faire que par météo très favorable… les abords étant vraiment dangereux par mer formée !

- Départ des Lavezzi prévu le 30 juin pour tenter quelques mouillages sur la côte Nord Est de la Sardaigne… les calanques ne manquent pas et la météo nous aidera à nous décider pour choisir le lieu de notre mouillage !

- Lundi 3 juillet, il est prévu de quitter la Sardaigne pour rejoindre les îles Pontines – cap à l’Est ! pour 170 milles nautiques… Les îles Pontines sont au Nord-Ouest du golfe de Naples. Elles sont au nombre de 5, de nature
volcanique et semblent être une destination privilégiée estivale de nombreux italiens.

Certaines de ces îles ont une histoire riche en évènements de toutes natures… Nous y reviendrons certainement plus en détail après avoir découvert les sites par nous-mêmes ! Notre date théorique d’arrivée est le 4 juillet.
- En approche de Naples, un mouillage est prévu sur l’île d’Ischia, la plus grande île du golfe de Naples. De nature volcanique, c’est un ensemble de cratères et d’anciennes coulées de lave. De nombreuses sources d’eau chaudes, utilisées par des établissements balnéaires indiquent qu’il reste une activité souterraine. La mythologie antique y place le séjour de Typhon (monstre aux cent têtes, père de la Chimère et de l’Hydre), qui vaincu par Zeus a montré sa fureur par des éruptions. Les Romains situent sur cette île, l’escale d’Enée pour réparer ses bateaux.

- L’étape suivante devrait nous amener à Salerne pour le 6 juillet, où nous resterons jusqu’au 10 juillet pour avoir le temps de visiter les vieux quartiers, ressemblant à Naples en miniature… au Moyen-Âge, cette ville était célèbre par son école de médecine, la Civita Hippocratica, qui dura plus de mille ans et connut son apogée au XII° siècle. Enfin, l’escale à Salerne nous laissera le loisir de visiter Pompéï ou Herculanum.

- Le Stromboli sera ensuite choisi pour une courte escale. Surnommé « le phare de la Méditerranée » depuis l’antiquité, il guida Ulysse vers les tourbillons de Charybde et Scylla, avec le passage mythique du détroit de Messine… L’île est un cône volcanique haut de 925 m, dont l’activité est presque ininterrompue… C’est particulièrement remarquable lorsque l’on passe la nuit au large et qu’on aperçoit les coulées incandescentes…

La suite de notre projet est encore trop imprécise pour vous la détailler, mais nous allons y travailler et nous vous la transmettrons…

Pour illustrer cette première partie théorique du voyage, vous trouverez ci-dessous le trajet envisagé. Si cela est possible, nous vous transmettrons à posteriori, également la trace exacte de notre route.

En attendant la suite de nos préparatifs, nous vous espérons tous en bonne santé… N’hésitez pas à nous donner de vos nouvelles