Marseille - Corse
Dimanche 25 juin, 10 H 30, nous appareillons !
Une petite demi-heure de retard sur l’horaire prévu, après avoir pris le temps de monter à Notre-Dame de la Garde pour 8 heures ; le temps de laisser appareiller les voiliers amis : Karabane, Soléa, Antioche avec nos enfants.
Nous n’avons pas franchi les passes du port qu’une première péripétie nous attend : la mallette contenant toutes les clés plates ou à œil est restée sur Antioche… Une petite manœuvre bord-à-bord s’impose donc devant la digue des Catalans.
Après nous avoir accompagnés jusqu’à l’île Maïre, les enfants rejoignent les calanques du Frioul et nous partons vers la Corse.
En effet, la fenêtre météo nous permet ce départ sur une queue de mistral, et malgré la houle nous faisons cap au 116° pour rejoindre le Golfe de Valinco. Nous choisirons notre mouillage à l’arrivée, selon le vent sur place : Porto Pollo ou Campo Moro. Avant l’île de Riou, nous choisissons de commencer à réduire la voilure, tandis qu’Hédonist sort son spi !
Nous opterons pour une allure plus confortable sous génois et artimon, plus ou moins arisés selon les moments. Et sur cette amure, nous naviguons une partie de la nuit. La lune en est à son premier quartier et c’est la Voie Lactée qui nous éclaire.
Aux premières heures de lundi 26, le vent nous abandonne quelque peu et le moteur appuie les voiles, mais la houle continue de nous soulever par le trois-quarts arrière. La Corse apparaît au loin et petit à petit se précise. En fin de journée, en nous approchant de la côte sous les Cap Muro et Nero, les fragrances du maquis et l’air chaud nous récompensent de notre traversée.
Nous finissons par prendre une bouée à Porto Pollo, à 18 heures lundi 26 juillet. Le lendemain, nous profitons du calme de la baie pour passer une journée de repos, consacrée à la baignade, aux dernières installations : fixation des foutas du carré, prise 12 v. pour le piano électrique ; et dîner avec notre ami José, venu spécialement d’Ajaccio pour ce moment d’amitié à bord. Il fait ainsi la connaissance de nos compagnons de voyage, l’équipage d’Hédonist. Le courant passe tout de suite et le dîner est des plus animés !
La météo doit fraîchir et nous quittons Porto Pollo à 5 heures mercredi 28 juin pour rejoindre Bonifacio avant le renforcement du vent.
Notre trajet se fera au moteur, sous des averses et des orages rendant la visibilité très médiocre et fantasmagorique, surtout lorsque les écueils des Moines disparaissent sous le rideau de pluie et qu’une brume semble se soulever de la mer.
A 11 heures, le soleil est revenu et nous sommes en attente d’être placés dans le port ; nous en profitons pour lire l’épisode de l’Odyssée où les compagnons d’Ulysse sont décimés par les Lestrygons qui du haut de leurs falaises ont harponné les bateaux venus se mettre à l’abri dans cette calanque où « jamais le flot ne se soulevait, même un peu, et où il y avait une constante tranquillité » (Od. Chant X). Certains placent plutôt cet épisode en Sardaigne, mais la description d’Ulysse convient bien à Bonifacio.
Nous avions pu annoncer notre arrivée à l’avance et nous assurer d’une place (merci Tibo !). Le ballet des zodiacs du service du port, efficace, nous a placés côte à côte. Nous nous empressons alors de rincer le bateau que la traversée avait copieusement salé.
Après quelques courses urgentes, nous prenons le temps de flâner dans la citadelle de Bonifacio ; la vue sur les Bouches et la Sardaigne au loin, du haut de l’escalier du roi d’Aragon ; le cimetière marin, avec ses sépultures petites chapelles ; les rues étroites et les maisons dont les toits semblent se toucher et que quelques arcs-boutants semblent garder à distance l’une de l’autre par-dessus les rues ; les raides escaliers d’accès, remplaçant les anciennes échelles défensives.
Jeudi 29 juin, la météo confirme le coup de vent annoncé et nous décidons de prolonger notre séjour d’une journée. C’est l’occasion de menus travaux : reprise de l’étanchéité de la sortie du tuyau du cheval de lavage, Hédonist a changé son moteur hors-bord qui donnait des signes de grande fatigue ; quelques courses complémentaires aussi pour réassurer un plein en attendant l’Italie. Et l’après-midi, nous retournons chercher d’autres images de la citadelle, de la vue qu’elle offre sur la calanque, de ses ruelles et des escaliers des maisons.
La nuit est assez pluvieuse à nouveau. Et le matin du vendredi 30 juin est lui aussi humide. Nous appareillons pour franchir les Bouches de Bonifacio sous la pluie.
A peine sortis de la calanque de Bonifacio, nous avons la mauvaise surprise de constater que l’enrouleur du génois ne fonctionne plus que dans un sens : nous avons pu dérouler le génois, mais nous ne pouvons pas le réenrouler.
La météo étant favorable, nous naviguons le long des îles Lavezzi que nous contournerons encore une fois sans nous y arrêter, et remontons le long de la côte Est pour rejoindre le Golfe de Santa Manza. Nous enroulons à l’envers notre génois pour le rentrer. Une fois mouillés sous le Capo Bianco dans ce golfe, nous entreprenons de rechercher la cause de la panne électrique.
Après quelques échanges téléphoniques avec les services techniques du chantier Amel à Hyères, nous sommes rassurés : ce ne sont pas les relais qui sont défectueux, mais l’interrupteur du poste de pilotage qui avait besoin d’être désoxydé et nettoyé. Un changement pour un neuf est à prévoir dans le prochain port…
Le samedi 1 juillet, l’eau n’est qu’à 18° dans notre anse, mais le vent n’est pas encore trop violemment installé et le bain est possible. Les couleurs sont splendides, entre les ocres de la côte, le blanc du cap sous lequel nous sommes, et le vert du maquis ; sans compter le bleu du ciel.
Le vent annoncé se lève bien, et Hédonist chasse sur son ancre. La manœuvre pour remonter l’ancre se passe bien, mais un bout se prend dans le propulseur, et Yann doit aller à l’eau pour le couper. Finalement il mouille à nouveau sur du sable et tient bien ; il lui reste à trouver pourquoi son propulseur reste en position basse. Une après-midi de réflexion, d’analyse, d’inspection et de lecture de la notice, finalement ce n’était qu’une sécurité, qui avait fonctionné.
Nous ferons des quarts la nuit pour surveiller notre mouillage jusque vers 1 h quand le vent sera bien tombé…
Dimanche 2 juillet, le vent est tombé le calme est revenu et le temps ensoleillé donne tout son éclat à notre mouillage. Le coup de vent n’a pas rafraîchi l’eau, au contraire, elle dépasse les 20 ° ; se baigner est donc une belle récompense après cette journée de samedi agitée et ventée. La météo est assez favorable pour une traversée vers l’Italie dimanche soir. Nous partirons donc vers 20 heures pour 34 heures de traversée en direction des îles Pontines, Ponza en particulier. Nous profitons du mouillage, mais comme c’est dimanche, nous constatons que le calme que nous avons apprécié reste exceptionnel : cet endroit est très fréquenté.
Notre appareillage a lieu à 19h30, sous les belles couleurs du coucher de soleil rehaussant les couleurs diverses du maquis, des roches, et des falaises. Merci Alain pour nous avoir recommandé ce Golfe !
Sortis du Golfe, nous retrouvons le vent et la mer de la sortie des Bouches de Bonifacio, et partons en réduisant rapidement la voilure, après des pointes à plus de 8 nœuds, et soulevés par l’arrière par une forte houle, pour Ponza : cap au 98°, vent trois-quarts arrière.
Nous verrons ce que nous réserve dame météo pour les prochains jours. Elle nous a déjà conduits à accepter ses contraintes : nous n’avons pas fait étape à Porquerolles, avons rajouté une journée à Bonifacio, avons tourné autour des Lavezzi sans y aborder, n’avons pas accosté sur la moindre île du Nord de la Sardaigne… Mais nous avons pu naviguer avec du vent favorable !
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .