Conclusions de 4 mois et demi de voyage
Partir à deux :
Partir à deux bateaux, ça rassure ! ça permet de partager un projet – de travailler chacun de son côté les trajets, les escales et d’échanger sur les différentes expériences pour arrêter en commun un choix.
Partir à deux permet de se confronter sur la préparation des bateaux – de prendre en compte un détail qui nous a échappé, mais qui pourrait avoir des conséquences importantes, une fois loin du port d’attache.
Partir à deux nécessite de composer avec les obligations des équipages – avec la différence de vitesse des bateaux, avec les avatars non prévisibles qui ne manquent pas de surgir et de travailler ensemble pour résoudre les problèmes.
Partir à deux permet d’échanger, par radio, en cours de navigation sur la marche du bateau, sur les conditions météo rencontrées…
Partir à deux permet de partager les plaisirs de l’escale – visites – courses – tavernes – produits de la pêche – apéro !
Merci à Hédonist, Yann son skipper et ses nombreux équipiers avec qui nous avons partagé plus des trois quarts de notre virée. Sans eux, rien n’aurait eu la même saveur et le plaisir aurait sans doute été moindre !
Partir à deux sur le bateau avec son conjoint qui partage le même engouement pour le projet est une vraie chance. Faire équipe sur un bateau, sur une longue période, peut être révélateur de points d’accroche qui rendront le quotidien difficile. A contrario, cela peut également révéler une harmonie, une complémentarité qui soude encore plus le couple : mêmes sujets d’émerveillement, même volonté de fuir certaines escales trop « mondaines », même goût pour les longues navigations à la journée et soirées calmes, calés au fond du cockpit ou dans le carré à la lumière des appliques qui se reflète sur les boiseries vernies…
Mais à deux, on pourrait facilement se scléroser en toute bonne conscience ! Savoir partager la chance qu’on a, partager cet art de vivre, la beauté des mouillages et des escales est un devoir important pour rester « civilisés » !
C’est pourquoi, nous avons eu la chance et le plaisir de recevoir des amis qui nous ont rejoints et ont vécu avec nous certaines parties de notre voyage – Merci à Alain et Véro, Jo et Krystèle, Hervé de nous avoir fait le plaisir de votre passage à bord de Nissos 3.
Nous avons aussi eu le plaisir d’accueillir certains de nos enfants : Blandine et Grégory pour la partie du voyage Monténégrin, qui n’a pas été que culturel, mais également « musclé » sur le plan météorologique avec des nuits agitées qui marqueront les mémoires !
De même, Etienne nous a fait le plaisir de nous rejoindre pour faire la traversée retour Corse-Continent dans des conditions difficiles. Son aide nous a été précieuse pour cette navigation en arrière-saison… Maël nous a également rendu visite en Corse entre deux rotations de son bateau entre Marseille et Bastia. Enfin, Damien et ses amis normando-bretons Anaïs et Stevan nous ont fait le plaisir de passer deux jours avec nous à Port Fréjus pour découvrir la Côte d’Azur.
Nous avons ainsi vu, trop brièvement, tous nos enfants durant cette parenthèse de voyage. Il est vrai que l’idée du retour nous rendait nostalgiques avec une envie grandissante de les retrouver plus longuement !
Renoncement – décision d’annuler une étape :
Au cours d’un voyage comme celui que nous avons entrepris, il y a des situations où les décisions ne sont pas faciles à prendre car elles ne dépendent pas des seules techniques maritimes. Je pense en particulier au moment où on décide de ne pas faire l’escale prévue, car le but est trop loin avec une météo plus compliquée qu’annoncée - parce que l’approche du mouillage s’avère problématique – parce que la fatigue de l’équipage réduit se fait sentir… La décision de changer d’objectif, de rebrousser chemin est vécue comme un renoncement. Elle peut être source de soulagement et signe de sagesse ou de prudence, mais il en restera toujours une pointe de doute : le but était-il vraiment inatteignable ? Reviendrons-nous dans ce port, dans ce mouillage que nous avions retenu à la lecture des guides, selon les souvenirs et les conseils des amis ? Avons-nous « raté » quelque chose d’important ? Impossible de répondre à toutes ces questions et nous garderons à la fois nos interrogations, mais aussi la fierté de ne pas avoir provoqué le sort au-delà du raisonnable puisque finalement l’étape s’est achevée sans accident !
Regrets – Contacts avec les autochtones :
Sur nos quatre mois et demi de pérégrinations nous avons peu noué de nouvelles amitiés et c’est un vrai regret.
Le but du voyage, c’est de découvrir des lieux et les personnes qui y vivent. Mais cette rencontre demande plus de temps que ce que nous avons pu y consacrer. Aussi, nos contacts avec les « gens du cru » se sont bornés à des contacts « utilitaires » - administratifs pour les places de port, techniques pour les réparations, mais malheureusement pas de relations plus approfondies pour échanger sur nos différences de modes de vie ou sur les attentes et espoirs de nos contemporains rencontrés à l’étranger ! Nous avons malgré tout tiré quelques généralités de nos rencontres.
En effet, nous avons été surpris de prime abord par l’austérité apparente des croates. Ceux que nous avons eu l’occasion de croiser n’avaient pas la faconde des méditerranéens. Cela est peut-être dû au fait qu’ils trouvent leur origine parmi les peuples slaves plutôt que parmi ceux du Sud ! Ils semblent également marqués par les récents conflits qui ont abouti à l’explosion de la Yougoslavie, et par le fait que la situation actuelle n’est pas complètement stable !
Les grecs, rencontrés, sans être aussi « exubérants » que les italiens, ont été plus chaleureux, plus aimables, plus commerçants aussi, avec la volonté affichée de rendre service !
Autre sujet de déception : l’ambiance dans les ports. La plupart des installations d’accueil en Méditerranée sont des marinas, sans la notion de « Club » que nous avons la chance de connaître avec notre Société Nautique de Marseille. Cette organisation, principalement tournée vers l’accueil des flottes de location ou de bateaux qui se préparent à hiverner là n’est pas bien favorable aux échanges. Les équipages des bateaux de location n’ont qu’une hâte : profiter du bateau avec une notion « d’amortissement » du prix payé pour une période limitée, ce qui est compréhensible !
Un club offre traditionnellement des lieux de convivialité en plus des pannes et des pontons, où autour d’une bière (ou d’un thé), on peut échanger sur un point technique, qu’il s’agisse de matériel à installer ou à réparer – ou d’une manœuvre un peu difficile à réaliser. Ces échanges sont importants et enrichissants. Ils s’achèvent souvent dans le carré d’un des protagonistes pour un dernier verre qui donne l’occasion de refaire le monde !
Cette notion de club est-elle en passe de disparaître sur notre littoral méditerranéen ? ou pire encore, a-t-elle déjà disparu, avec quelques survivants qui font figure de « dinosaures » et qui seraient condamnés à court terme ? Ce serait vraiment dommage !
Sur la faune et la flore :
Nous ne faisons pas partie des ayatollahs écologistes partisans d’interdictions dans tous les domaines pour empêcher la présence de l’homme « destructeur » dans les grands espaces naturels ! Il n’empêche, une prise de conscience et une responsabilisation est indispensable pour stopper certaines dégradations et permettre la régénération de certains éco-systèmes !
Ainsi, nous avons pu constater la prolifération en mer de morceaux de plastiques en décomposition avancée, mais toujours présents… De même, de nombreux déchets de mousse polyuréthane expansé qui servent aux pécheurs – sont à la dérive et ont un processus de destruction très long.
Nous avons également été particulièrement déçus par les fonds sous-marins de Croatie : il n’y a plus rien ! Ni flore, ni faune… Il paraît que cela est dû à une pratique encore récente de pêche à la dynamite !
Le résultat est sans appel et pourtant l’eau est d’une clarté exceptionnelle !
En Grèce, au contraire, les fonds sous-marins sont riches et offrent un spectacle très intéressant par les variétés d’algues et d’animaux rencontrés, même si certains déchets sont malheureusement également visibles. Tout n’est donc pas joué mais les messages d’alerte des scientifiques « non militants » doivent réellement être pris en compte !
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