Notre préparation se terminant, la météo se montrant favorable, nous décidons d’appareiller dimanche matin 19 août, sans plus tarder. Cette fois-ci, c’est Notre-Dame de Confession, à Saint Victor, que nous choisissons, pour lui confier notre voyage.

A 10h30, le moteur chauffe déjà, les amarres et leurs ressorts sont rangés dans le coffre avant, et les amarres d’attente sont en place. Pendant ce temps, le bout de la panne 4 se remplit. Fred passe nous saluer ; Damien et Annou nous apportent encore quelques produits frais : après les bananes roses, les fruits de la passion, le gingembre confit et le lait de coco, voici les oignons, toujours en grosses quantités ! Il reste encore un peu de place dans les fonds du bateau, qui s’alourdit… Ensuite, Florian et Rémi, Nicole et Michel, Annie et André, Christine et Jean-Paul et leurs petits-enfants, nous aident à larguer les amarres pour de bon…

Pendant ce temps Soléa tourne dans le Vieux-Port en nous attendant, Le Baléno sort de sa panne, et nous rattrapons L’Ariès qui a pris les devants.

Antioche finit par nous rejoindre …

et nous franchissons la digue Sainte Marie, la digue des Catalans.

Nous saluons les enfants, les amis et mettons le cap sur le phare du Planier. Le vent se lève petit à petit et c’est sous voiles que nous quittons la baie de Marseille en saluant son gardien.

Merci à vous tous, qui nous avez accompagnés physiquement, merci à vous tous que nous avons pu saluer une dernière fois, sans oublier Sophie et François et Pierre Gérard, merci à ceux qui nous ont adressé des messages. Nous sommes heureux d’avoir largué les amarres pour ce projet que nous rêvions de réaliser depuis si longtemps, et vous êtes nombreux à nous avoir aidés à l’initier, par vos conseils, vos expériences, les échanges sur les pannes… Nous sommes partis riches de tout cela, et la première étape nous a déjà permis de nous servir dans ce florilège !

Hippocrate et Asclépios (alias Esculape) ayant retardé notre départ, après qu’Hyménée a imposé une date avant laquelle partir eût été impossible,  Artémis et Héra s’étant unies pour nous fixer une autre date fin octobre, nous décidons de nous mettre en jambes en laissant de côté les étapes des Baléares pour rallier directement Carthagène ; la distance, 510 MN, nous permet de tester notre capacité à naviguer 3 jours et 23 h. Nous sommes arrivés jeudi 23 août devant Carthagène au petit matin, après avoir navigué à la voile pendant la première partie du trajet et au moteur dans la deuxième moitié… Le vent, clément au départ, s’est levé durant la première nuit, tout en devenant portant, nous obligeant à ariser régulièrement les voiles. Au petit matin, quand l’état de la mer était bien visible, nous avions dépassé le force 5-6 annoncé, et nous avons poursuivi notre route vers Minorque sous génois seul et arisé, avec force 6 à 7.

Nous avons atteint des performances pour notre bateau bien chargé, sur les vagues : 11, 7 nœuds en vitesse moyennée donnée par le GPS !

Les grecs anciens avaient l’habitude de dire que lorsque Poseïdon entrait en fureur, il lançait ses chars et chevaux blancs du fond des flots. Ils avaient bien observé la mer dans cette situation de vagues déferlantes, dont les crêtes blanches font penser à un ensemble de quatre chevaux blancs, tirant un char d’écume blanche puis bleue turquoise, sur une mer d’un bleu profond. Le bassin de Neptune à Versailles, les mosaïques antiques, ou le peintre Yves Cass représentent assez bien cela…

Chaque vague déferlante propulsait le bateau jusqu’au creux de la vague suivante…. La mer était une vaste cavalcade comme si la Méditerranée voulait nous chasser, vexée de savoir que Nissos souhaitait creuser son sillon dans d’autres océans…

Heureusement, la météo annonçait une baisse vers le soir, et avant d’atteindre Minorque, nous avons décidé de changer de cap pour rejoindre directement Carthagène en passant par le Capo de la Nao. Cela nous a offert une belle nuit de navigation, vent travers entre 10 et 20 nœuds, en longeant les côtes au nord de Minorque, puis en admirant celles de Majorque au soleil levant.

La suite s’est finie au moteur…, mais nous avons eu plaisir à retrouver les paysages nocturnes éclairés par la lune, avec les phares des îles et caps au loin, les couchers d’un soleil incandescent, les levers tout aussi lumineux. La côte espagnole et les caps San Antonio et De La Nao nous ont impressionnés par leurs rochers et falaises, aux couleurs qui nous ont rappelé notre Bec de l’Aigle.

En face de la Baie d’Alicante, nous avons eu notre première opération « réparation » : le tuyau d’évacuation des eaux et gaz d’échappement du moteur vibrait bruyamment. Nous vidons donc le coffre du cockpit pour constater que sa fixation dans la cloison avait cassé. Nous coupons le moteur, laissant le génois nous déhaler, et procédons à une remise en place de cette fixation, nous promettant de faire mieux à notre arrivée à Carthagène, que nous atteignons donc jeudi matin, toujours au moteur, sans autre souci qu’une nuit passée à surveiller l’armada des bateaux de pêche et les fermes marines. AIS et radar n’auront pas été de trop, pour aider à discerner les routes des uns et les positions des autres, surtout une fois la lune couchée…

Nous passons trois jours à Carthagène : l’un, à notre arrivée, pour récupérer, nettoyer le bateau et faire des repérages utiles : alimentations et shipchandler. L’autre pour tenter nos petites réparations et déambuler dans la ville avant de choisir ce que nous visiterons le troisième.

Un prochain billet sera consacré à cette ville qui a su nous conquérir…