Carthagène - Gibraltar 26 août - 1 septembre 2018
Nous quittons Carthagène dimanche 26 août un peu avant midi. Après avoir passé les navires au mouillage devant la rade, nous avons un léger souffle de vent ; nous hissons les voiles et cherchons une allure efficace et confortable. Le vent s’établit peu à peu et jusqu’à 20 heures, et nous pouvons naviguer au Grand Largue ou au Travers, plus ou moins arisés. La première nuit se passe calmement au moteur, la lune pleine et rousse à son lever nous accompagne, tandis que des dauphins viennent glisser le long du bateau, éclairés par cette dernière.
Au petit matin du lundi 27 août, le vent s’établit E-NE et nous pouvons couper le moteur et reprendre notre navigation à la voile. Le vent varie, nous arisons, largons les voiles, mais la navigation est calme. Nous approchons de la sortie de la Méditerranée et des côtes africaines. Aussi, un vaisseau de la Guardia Civil s’approche de nous longuement avant de repartir plus loin effectuer sa surveillance. En fin de cette deuxième journée de mer, le vent retombe à nouveau et nous poursuivons au moteur. Notre allure plus rapide permet à deux groupes de dauphins de venir jouer à notre étrave, pour notre plus grand bonheur. C’est toujours un spectacle dont on ne se lasse pas.
La nuit tombe et avec elle, des éclairs zèbrent le ciel derrière nous ! Mais notre allure au moteur nous permet de nous en éloigner…
Au cours de la nuit, nous avons tenté de naviguer à la voile, une paire d’heures, le vent se calant au N-NE, et un courant nous poussant. Mais cela fut bref, et le moteur a très vite été de nouveau sollicité, 1200 tr/mn et 5 à 6,5 nds de vitesse, toujours le courant favorable…
Pendant ce temps, la mer, calme, devenait très agitée et bruyante et on devinait sous la lune les soubresauts des deux courants contradictoires qui se rencontraient, à l’approche du détroit de Gibraltar. Cela durait quelques minutes, le bateau ralentissait, puis le calme revenait et nous reprenions notre allure soutenue…
Toute notre approche du Cap Europa en fin de nuit et au petit matin se fait au milieu des navires au mouillage. Enfin, quand le jour se lève complètement, ce mardi 28 août, nous sommes devant une falaise qui paraît immense d’autant plus que son sommet est dans les nuages :
nous sommes sous le Cap Europa, sous le rocher de Gibraltar ! Petit instant d’émotion : nous arrivons à la porte de la Méditerranée…
L’attention redouble pour contourner le Cap et entrer dans la Baie de Gibraltar, toute encombrée de navires au mouillage, souvent à couple d’un petit tanker avitailleur…
Nous doublons les digues et ports de Gibraltar pour rejoindre la Marina Alcaidesas, devant la cité de Linea de Concepcion ; nous restons en Espagne, mais le rocher veille …
Cette première partie de notre périple aura couvert 755 MN… C’est bien peu au regard de ce qui nous attend, mais nous avons franchi des étapes symboliques : nous sommes passés à l’Ouest, en franchissant le méridien de Greenwich, la veille de notre arrivée à Carthagène ; et nous rejoignons l’interrogation des anciens qui se demandaient dans quel vide on était précipité, au-delà des colonnes d’Hercule… Heureusement Pythéas, le Massaliote, par ses voyages, nous a déjà apporté une réponse…
Nous faisons une halte prolongée de manière à prendre le temps de réajuster l’approvisionnement, nous reposer, faire les lessives nécessaires, et rendre visite à nos voisins anglais qui, sur notre continent, roulent tout de même à droite ! Quelle n’est pas notre surprise et notre plaisir de retrouver sur notre panne, un couple de voyageurs connus, Philippe et Joëlle, navigant sur un Maramu eux aussi, rencontrés lors de notre formation pour la médecine de grande croisière. Ils nous avaient précédés pour larguer les amarres, et nous pouvons échanger à nouveau sur la fin de nos préparatifs, et sur ce que nous avons déjà vécu dans nos navigations méditerranéennes.
Après avoir passé mardi et mercredi, côté espagnol, nous prenons le temps de visiter un petit peu Gibraltar. Partis de bonne heure pour atteindre la frontière, munis de billets imprimés pour gagner du temps, nous avons attendu la navette plus d’une heure, ce qui nous fait prendre conscience que le déficit d’organisation n’est pas l’apanage de la France seule ! De ce fait, notre heure d’arrivée tardive au téléphérique nous impose une attente importante avant de pouvoir atteindre le haut du rocher ! Mais une fois au sommet, nous avons été récompensés : le vent avait tourné à l’Est, faisant monter du côté de la Méditerranée des nuages qui couraient le long de la falaise pour dévaler ensuite au-dessus de la baie : quelle machine infernale produisait tant de brume aussi rapidement ?
Parfois, le temps s’éclaircissait et la Méditerranée brillait, le sable doré de la plage « Sandy Bay » tout en bas de la falaise illuminait la brume,
tandis que de l’autre côté, les nuages jouaient avec le soleil éclairant par alternance les différents quartiers de Gibraltar à nos pieds.
Bien sûr, les singes étaient bien présents…
Nous nous sommes promenés sur les chemins de la réserve naturelle, avons marché sur le « Skywalk » : structure de fer et de verre qui surplombe « Sandy Bay », procurant une plongée vertigineuse sur cette partie de la falaise. Nous avons rejoint O’Hara’s Baterry, puis St Michael’s Cave. Cette grotte connue depuis la plus haute antiquité, était réputée être sans fond, et a aussi contribué à nourrir la légende d’un passage souterrain entre l’Europe et le Maroc, en face. Elle est ouverte aux visiteurs, sans restriction aucune, sonorisée, et éclairée par des jeux de lumières changeantes… Elle est suffisamment vaste pour qu’un auditorium ait été aménagé dans sa première salle, sans doute faut-il être prévoyant et venir muni d’un Kway pour assister à un concert… On se promène dans la suite des autres salles sur des passerelles permettant de rejoindre au plus près les différentes structures, stalactites, stalagmites, drapées, que les eaux ont créées dans le calcaire.
Une stalagmite tombée à terre a été coupée et poncée révélant les magnifiques combinaisons d’eau et de pierre.
Notre redescente à pieds nous a offert différentes perspectives sur la ville en contrebas, et nous a permis d’y pénétrer par des rues peu passantes.
Aux façades, les volets à persiennes vertes et à vantaux nous rappellent que nous sommes au bord de la Méditerranée ;
au détour d’une ruelle, une église de style néo-gothique nous ramène en Angleterre…
Des jardins et des patios nous rappellent l’Espagne,
et la cathédrale a une allure de mosquée…
Très vite, nous sommes happés par « Main Street », la rue principale, et commerçante, siège de tous les commerces détaxés… Là encore Espagne et Angleterre cohabitent, Marks and Spencer à côté des souvenirs castillans…
Pour rejoindre le poste frontière, après avoir franchi les bastions qui protègent la ville...
la seule route possible sur l’isthme qui sépare le continent du Rocher dans le sens Nord-Sud, est traversée par la piste de l’aéroport qui, elle, est d’Est en Ouest, selon les vents dominants. Nous traversons donc à pieds cette piste ; c’est bien la première fois que nous sommes autorisés à nous aventurer ainsi sur le tarmac suivant un tracé précis, les voitures et les cyclistes ayant le leur, chacun étant invité à ne pas s’arrêter et à respecter la signalisation.
Vendredi matin, nous partageons avec Philippe et Joëlle le plaisir de flâner dans le cœur de la ville de Linea de Concepcion,
avec sa halle et ses commerces alentours. Les légumes sont bien différents de ceux des supermarchés, ils ne sont pas calibrés et présentent quelques imperfections, mais le goût authentique est bien là et le rapport qualité-prix laisse rêveur !
Cette escale sera vite passée, et nous nous préparons maintenant, avec un peu d’appréhension à affronter l’Atlantique…
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