Parenthèse Santo Antão, 27 novembre 2018

Parenthèse Santo Antão, 27 novembre 2018

Posté par : Dominique
28 Décembre 2018 à 16h
Dernière mise à jour 28 Décembre 2018 à 16h
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Avant de quitter définitivement les îles du Cap Vert, nous avons pris le temps, mardi 27 novembre de visiter l’île Santo Antão, la plus occidentale des îles du Cap Vert, en compagnie de notre équipier Yann, qui nous a rejoints la veille. Nous partons à la découverte d’une nouvelle île de formation volcanique : après les îles Canaries, São Vicente nous a paru différente, plus « accidentée » ; que nous réserve cette dernière île de cette façade orientale de l’Atlantique ?

On y accède uniquement par ferry, au départ de Mindelo. Nos billets sont pris pour le départ de 7h, embarquement à 6h30. Cette heure matinale nous permet de découvrir un Mindelo différent : de nombreuses personnes marchent, courent, font leur sport quotidien au lever du jour. Le ferry n’est pas trop plein de touristes, et cela nous permet de ne pas être assaillis par les chauffeurs d’« aluguer » qui proposent leurs services. Les « aluguer » sont les taxis individuels ou collectifs qui sillonnent l’île : cela va du minibus Hiace, (qui a l’avantage de ne pas être trop large, nous le comprendrons vite en découvrant les routes), au 4x4 ou au Pick-up. Les « aluguer » collectifs ont des tarifs fixes pour des liaisons précises, tandis que les individuels proposent leurs services à la journée, pour une visite touristique de l’île, à prix fixe aussi.

Notre heure matinale nous offre des éclairages somptueux sur le port et la côte à notre arrivée.

Une fois dans la gare maritime, renseignements pris au bureau d’informations touristiques, nous convenons d’un « aluguer » pour nous trois, avec prise en charge pour la journée pour un tour « classique » du nord de l’île, dans le temps dont nous disposons avant notre retour à l’embarcadère prévu pour 15h30 : de Porto Novo, nous monterons au cratère de la Cova et à Pico da Cruz, avant de redescendre vers Ribeira Grande au nord, par la route de Corda, déjeuner à Ponta do Sol, puis retour par Paùl et la route côtière.

Notre chauffeur nous emmène dans son 4x4 ; nous découvrons les routes étroites, pavées de petits blocs de lave noire, le milieu étant dessiné par une rangée de pavés rectilignes, et un caniveau étant aménagé sur les bas-côtés.

La route s’élève au-dessus de Porto Novo ; ce port a été créé pour permettre les liaisons maritimes avec São Vicente et le transport des productions maraîchères de l’île, notamment. Nous baignons dans les différents tons d’ocre, allant jusqu’au rose ou blanc, de ces versants arides de l’île, avec des touches de vert tendre ; ce sont des « acacias », nous dit Pedro, cultivés sur des restanques, mais qui paraissent sauvages, pour le miel sans doute. Ces espèces assez « rabougries » ont de toutes petites feuilles, un peu comme les mimosas de nos régions.

 

A mesure que nous montons, nous commençons à trouver d’autres arbres, des cyprès, et, au-dessus de nous, les sommets, comme dentelés d’arbres. Quelques maisons basses en pierre, quelques chèvres, quelques ânes et quelques cultures : c’est vraiment très aride et très sec.

Nous franchissons un col et sommes devant un tout autre paysage : des arbres d’un vert profond, des rochers à pic et à nos pieds l’immense cratère de la Cova. Il fait froid, nous nous couvrons, et partons faire à pied le tour de ce cratère dont le centre est un immense jardin.

Les versants exposés au soleil apportent de la chaleur, ceux dans l’ombre sont humides et rafraîchissants ; tout en bas, un patchwork de cultures : maïs, canne à sucre et autres cultures maraîchères ; quelques paysans alignés sur une rangée travaillent, courbés, à récolter ou biner.

Le vert sombre d’un oranger étincèle du jaune de ses oranges, en plein soleil ; des vaches, chacune sur un carré d’herbe, attachées à leur pieu paissent tranquillement.

Un camion-citerne, et un camion de pompiers viennent faire le plein d’eau !

Nous repartons de ce lieu si surprenant où les bords du cratère sont à pic, escarpés, l’un des sommets étant occupé par un observatoire astronomique, et où la végétation est si variée selon les orientations. Notre visite en taxi se poursuit par un bout de route qui nous mène à Pico da Cruz : Pedro est fier de nous offrir un panorama extraordinaire sur les ravins qui descendent jusqu’à Paùl, sur la côte nord : l’érosion a sculpté de manière vertigineuse ces paysages volcaniques : des pics, des crêtes, des vallons, sur différents plans, dévalent vers la mer ; les différentes teintes de vert partent rejoindre les bleus et gris de l’Océan.

Nous reprenons la « route de la Corde », route qui passe par le village de Corda, avant de redescendre vers Ribeira Grande, au nord de l’île, toujours cahotant sur les pavés de lave ; nous surplombons à nouveau le cratère de la Cova, sur notre droite et les pentes arides vers Porto Novo sur notre gauche, à travers des forêts de pins qui ressemblent aux pins canariens. Puis nous abordons les versants cultivés de l’île : la route serpente, raide, entre les restanques aménagées en balcons sur les versants escarpés. Chaque millimètre de terrain cultivable est exploité grâce au travail patient et minutieux des générations de capverdiens.

Le village de Corda est formé de quelques maisons basses, grises, qui s’étirent le long de la route, entre les lacets et les plans de cultures.

Plusieurs arrêts nous permettent d’admirer chaque fois davantage le travail de l’érosion de la nature et le travail patient des hommes pour tirer leur subsistance de ces terres abruptes mais fertiles.

Nous ne sommes pas les seuls à admirer ces paysages et chaque arrêt voit le nombre d’« aluguer » augmenter :  chaque chauffeur arrête son véhicule au bord de la route, laissant juste le passage pour une voiture, puis tandis que les clients admirent, photographient, commentent, les chauffeurs discutent entre eux. Tout est vert, il semble qu’un grand filet aux camaïeux de verts a été déployé sur ces pics, crêtes et ravins.

Un peu plus loin, les vallons descendant vers Ponta do Sol sont moins verdoyants et tout aussi abrupts ;

la route passe par une ligne de crête avec vue sur ce vallon plus aride d’un côté, et de l’autre sur le vallon vers Ribeira Grande, toujours aussi verdoyant ;

si les couleurs varient entre ces deux vallons, les aiguilles volcaniques restent vertigineuses, et les ravins profonds.

Poursuivant notre descente, nous atteignons le bord de mer à Ribeira Grande, pour remonter par une route asphaltée, par le fond du vallon, le long du torrent à sec, jusqu’au village de Xoxo : là, l’eau s’écoule abondante et Pedro nous fait admirer cette eau qui coule librement et dont nous retrouvons avec plaisir le chant ! Tout autour, la végétation est luxuriante : papayes, bananiers, arbres à pain, et autres grands arbres que nous ne connaissons pas.

  

Des canaux partent à flanc de vallon à partir de ce point pour irriguer les cultures qui courent sur les flancs jusqu’à la mer. Le vert des cultures contraste avec le gris des alluvions déposées par l’eau.

Nous prenons ensuite la route du bord de mer jusqu’à Ponta do Sol, point nord de l’île. La route parcourt, en balcons, les falaises que la mer a façonnées jusqu’à une avancée de terre blonde : Ponta do Sol et sa piste d’aviation à l’abandon.

C’est dans un restaurant au-dessus du petit port de pêche, que Pedro a choisi de nous faire déjeuner. Le temps de la préparation de repas, nous assistons au ballet du retour des barques de pêcheurs : une à une, elles passent la barre de vagues à l’entrée de la passe étroite, puis se positionnent face à la mise à l’eau et poussées par une vague, viennent y poser leur étrave ; un des pêcheurs saute et maintient la barque, tandis que l’autre remonte le moteur hors-bord avant de descendre. Ensuite, les pêcheurs présents sur la mise à l’eau hâlent la barque au sec.

 

Les poissons sont immédiatement ouverts, vidés et découpés sur des dalles en béton ou dans les trous d’eau : murènes, dorades coryphènes, carupa, pour les poissons que nous savons reconnaître…

Les teintes de la mer agitée à l’entrée de ce petit port de pêche rivalisent avec celles des barques colorées et avec les ocres de l’ancienne digue.

Après un déjeuner savoureux pour son poisson grillé et aromatisé, nous reprenons la route côtière pour revenir sur nos pas et atteindre Paùl et ses vallons verdoyants, que nous avions admirés depuis Pico da Cruz. Nous remontons le long du torrent, tout aussi à sec que celui de Ribeira Grande, à travers les plantations de bananiers, de cannes à sucre, principalement, et à travers les grands arbres à pain ou papayers. Nous devinons les canaux d’irrigation à flanc de vallon. Plus haut dans le torrent, des carrés d’eau sont délimités par des pierres et Pedro nous assure qu’il s’agit de la culture des ignames. Des habitations ou bâtiments de ferme, blancs ou gris, aux toits de paille, apparaissent ici ou là dans les frondaisons. Les plumeaux argentés des cannes à sucre scintillent au soleil.

Plus bas, en plusieurs endroits, le lit du torrent à sec, est « exploité » : un tamis, quelques rares personnes armées d’une pelle et d’une brouette, ou d’une pelleteuse, sassent les alluvions grises.

On comprend les gris des habitations (le sable, la pierre, tout est gris), et le choix des couleurs lorsqu’elles sont peintes ! Cela apporte de la gaieté, en plus du vert des cultures.

La route asphaltée longe le bord de mer pour rejoindre Porto Novo sur la côte est ; nous passons au pied du phare Pereira de Melo, mais nous manquons de temps pour monter sur le promontoire où il est construit. Dans nos souvenirs de navigation, en approche, il avait la particularité d’être éteint, et un panneau au bord de la route annonce sa réhabilitation. Après un tunnel, nous quittons les falaises du nord pour retrouver les pentes arides de la côte est, jusqu’à Porto Novo, avec les teintes découvertes en début de journée ;

la route ne comporte pratiquement aucune signalisation et Pedro, qui la connaît parfaitement, ne dépasse guère les 60 km/h ! Après les routes pavées à 30 ou 40 km/h, les distances ne se calculent pas en kilomètres sur cette île, mais en temps !

Nous quittons notre chauffeur non sans le remercier vivement de nous avoir fait découvrir son île, et rejoignons notre ferry. Cette fois, ce sont les couleurs du soleil déclinant qui accompagnent notre navigation retour. Nous ne regrettons pas ce temps pris pour cette visite « éclair », et après cette immersion dans le minéral et le végétal, nous pouvons nous apprêter à notre immersion dans les bleus de l’Océan…

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