Martinique – Sainte Lucie, 2 – 17 janvier 2019

Martinique – Sainte Lucie, 2 – 17 janvier 2019

Posté par : Dominique
11 Février 2019 à 21h
Dernière mise à jour 16 Février 2019 à 09h
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Après la période des fêtes de Noël et de la Saint Sylvestre passée entre le mouillage de Sainte Anne et le port du Marin, nous reprenons la mer le mercredi 2 janvier 2019. Cette quinzaine de jours se déroule en trois parties :

            Du 2 au 7 janvier, mouillages sur la côte caraïbe de la Martinique, entre Sainte Anne et Fort-de- France,

            Du 7 au 10 janvier, mouillages sur la côte caraïbe de Sainte Lucie, île au sud de la Martinique,

            Du 10 au 17 janvier, retour sur la côte caraïbe de la Martinique.

 

Durant la première partie, nous avons choisi de découvrir les mouillages dont on nous a parlé, entre Sainte Anne et Fort-de-France. En premier lieu, la Grande Anse d’Arlet, qui nous avait été vantée, avant notre départ de Marseille par nos voisins de panne, Ives et Clara, originaires de ce lieu magnifique. Les Anses d’Arlet, la Petite …

…et la Grande,

des plages de sable fin, au pied de mornes plus ou moins élevés et couverts d’arbres.

Elles sont séparées par la pointe Burgos, au pied du morne Champagne. L’eau est claire et nous découvrons nos premières tortues : quelques reprises d’air à la surface et elles sondent à nouveau pour aller brouter au fond ; les instants à la surface sont fugaces ! Le temps d’apercevoir une petite tête à l’avant d’une tache foncée, il est déjà trop tard pour l’observer ; mieux vaut le masque et le tuba pour les voir évoluer au fond de l’eau.

Le bourg d’Arlet et son église au bord de la plage, au fond de la Petite Anse sont un paysage de carte postale : après l’avoir admiré en naviguant vers Grande Anse, nous le rejoignons à pied, grâce à un sentier à travers le morne Champagne. Nous nous élevons rapidement au-dessus de Grande Anse, par un chemin rocailleux, ombragé grâce à la végétation dense ! Sur un replat, des clairières, un point d’eau dans les fourrés : nous voici tout d’un coup transportés bien loin d’un paysage maritime !

Le sentier serpente sur le « plateau » formé par le morne avant de redescendre rapidement vers le bourg et la Petite Anse qui se dévoile à travers les feuillages.

La rue principale longe la plage, en surplomb de profonds caniveaux qui la séparent des trottoirs, passe devant l’église ouverte ; fenêtres et portes laissent entrer la lumière, éclairant la voûte en bois peint, bleu ciel.

Le lendemain, poursuivant notre navigation vers le nord, nous nous arrêtons pour le déjeuner, à l’Anse Noire, qui jouxte l’Anse Dufour. Si cette dernière est réputée pour son sable blanc, la première, comme son nom l’indique, contraste par son sable noir et par ses roches noires (basaltiques) bordant ses deux côtés, surmontées d’une forêt dense. Les fonds sont clairs – les enrochements des côtés de l’anse offrant de jolis fonds - et les tortues sont bien visibles depuis le bateau. La plage est bordée de cocotiers et un long ponton permet aux bateaux à moteur d’accoster.

Des pélicans habitent ce lieu prenant, semble-t-il, un certain plaisir à plonger près du rivage et des baigneurs ! Nous ne sommes pas seuls à apprécier la beauté de cette anse, mais la bonne humeur et la gentillesse sont au rendez-vous.

L’Anse Mitan nous accueille pour la soirée et la nuit ; après le charme de la petite Anse Noire, cette anse vaste, où les bateaux sont nombreux le long de la plage de sable, paraît moins accueillante par son étendue. Pourtant nous sommes mouillés devant des plages bordées de cocotiers, et plus loin, le sable s’étend devant des habitations colorées. Nous sommes juste à l’aplomb de l’ancien ponton de Bakoua, détruit par un cyclone et laissé en l’état, et derrière nous, le signal du danger de la Caye des Couillons (ou du Mitan, selon les cartes) : heureusement l’ancre tient bon !

Le lendemain, nous testons un mouillage dans la Baie des Flamands, à Fort-de France, devant la Savane, et sous le Fort Saint Louis ; l’ancre dérape, il y a du vent, et de nombreux bateaux. Nous préférons rebrousser chemin, d’autant plus que le vent qui est bien levé dans la baie, nous permet une belle navigation au travers, jusqu’à la Petite Anse d’Arlet. Le mouillage est un peu rouleur, mais tient bon. Dans le bourg, nous cherchons la cyberbase pour y faire les papiers de sortie (notre clearance), mais elle est fermée jusqu’au lundi suivant (et nous sommes samedi). Un grain nous fait nous abriter sous les auvents de la plage ; ici les marchés sont couverts, des auvents sont sur les places, qui permettent de laisser passer les grains sans subir les assauts des grosses gouttes qui tombent violemment. Quelques minutes après tout le monde repart vers ses occupations sans être trop trempé…

 

Nous appareillons le lendemain matin pour la plage Sainte Anne, où nous pourrons faire notre clearance au snack Boubou, un des établissements habilités par les services des douanes. Au moment de quitter le mouillage de Petite Anse, des pêcheurs relèvent leurs filets, accompagnés d’une nuée de … pélicans ! Ces gros oiseaux gris sont presque sinistres !

 

Le trajet retour vers Saint Anne se fait au prés serré ; nous « bénéficions » du vent, de la mer, et du courant qui arrivent de l’Atlantique par le Canal entre la Martinique et Sainte Lucie ! Après avoir observé le Rocher du Diamant, îlot tronconique aux falaises abruptes travaillées par la mer, le sel et le vent, en le doublant, à l’aller, en passant entre lui et la terre, sur notre route retour, nous tirons des bords au large de ce dernier.

  

Cela nous permet d’admirer l’opiniâtreté des Britanniques lorsqu’ils tentaient de maîtriser l’accès maritime vers la Martinique, au début du XIX° siècle ; en effet, ils n’hésitèrent pas à y installer des canons pour pilonner les vaisseaux croisant vers Fort-de-France. La légende, côté français, veut que ces derniers, échouant des embarcations chargées de rhum, eurent raison de l’ennemi qui capitula sans résistance, ivre mort !

 

Lundi 7 janvier, après avoir accompli la démarche administrative habituelle pour quitter le territoire, nous appareillons pour la deuxième partie de nos découvertes : l’île de Sainte Lucie.

Notre navigation dans le Canal entre la Martinique et Sainte Lucie s’effectue vent de travers, avec un bateau bien appuyé pour passer la houle qui arrive de l’Atlantique. Les sargasses sont nombreuses à s’engouffrer dans la Canal, en longues rayures jaune – moutarde sur la mer agitée. Des oiseaux noirs à plastron blanc (nous apprendrons plus tard qu’il s’agit de Fous de Bassans) jouent avec les ascendants provoqués par les voiles du bateau ; ils se laissent porter, monter, puis plongent tout d’un coup pour attraper quelque poisson volant ; parfois ils s’amusent à passer au ras de l’étai, avant de remonter jouer dans les voiles. Le spectacle est fascinant.

Nous mouillons au nord de l’île, dans Rodney Bay, devant l’isthme qui relie Pigeon Island à la terre ; 

des plages et des restaurants s’alignent le long de l’isthme bordé de cocotiers. Après l’animation des activités de plage, nous aurons la musique des restaurants : batterie et instrument qui sonne comme un métallophone, avec une mélodie assez répétitive. Nous découvrirons cet instrument un peu plus tard : sorte de grosse caisse métallique à fond incurvé qui donne une note différente et qui résonne, selon où elle est percutée, avec deux petits maillets : les fameux « steel band », et les tonneaux préformés de percussions (les « pan »).

Mardi 8 janvier, nous partons du mouillage en annexe, jusqu’à la marina de Rodney Bay, afin d’y effectuer les formalités d’entrée, à l’ouverture des bureaux. Le vent n’est pas encore levé, et nous longeons les plages désertes et calmes à cette heure, avant de découvrir l’étroite entrée du chenal conduisant au plan d’eau de la marina. Les bouées verte (Bâbord) et rouge (Tribord) sont des pieux penchés couleur rouille, mais l’enrochement des rives ne laisse aucun doute, d’autant plus que l’on aperçoit, en terre, des mâts et des grues de chantier. Après les péripéties administratives – notre compréhension de l’anglais parlé à Sainte Lucie et notre totale incompréhension du créole usent un peu la patience du préposé à l’enregistrement, l’officier de l’immigration arrive avec ¾ d’heure de retard – et une fois les documents remplis en quatre exemplaires, vérifiés tamponnés, déposés sur les trois bureaux contigus des différents organismes, nous pouvons prendre notre petit déjeuner (anglais !) au café de la marina…

 

La suite de notre journée sera une belle petite navigation à la voile, sur mer plate, au travers, jusqu’à Marigot Bay. Nous longeons la côte ouest de Sainte Lucie, passant devant la baie de Castries, la capitale, et ses paquebots semblant prendre toute la place dans le port, les plages de sable bordées de cocotiers, entre des pitons et des mornes couverts de forêts aux verts vairés, la baie de Grand Cul de Sac et son terminal pétrolier, pour deviner l’entrée de Marigot Bay grâce aux canots des « boat boys » : ils arrivent alors que nous sommes encore à presque deux milles nautiques de la baie, de toute la vitesse de leur moteur hors-bord, pour proposer leurs « services » : prise de bouée, taxi, visite… Il ne reste plus qu’à suivre le premier d’entre eux sans le perdre de vue jusqu’à la bouée où nous pouvons nous amarrer, sur la berge sud de la baie ; en fait de baie, elle est divisée en deux parties, la première nous ferait plutôt parler de calanque, avec des rives assez élevées, couvertes d’arbres, au nord et au sud, et au fond une plage de cocotiers qui ne ferme pas toute la baie et qui ouvre l’accès à la deuxième partie de la baie : une anse assez ronde, bordée par une importante mangrove, sauf dans sa partie sud où un vaste « resort » a été inséré dans le paysage, avec une marina pouvant accueillir des très grosses unités.

Ce « Hurricane Hole », trou à cyclones, est un havre de paix : des yachts, des voiliers imposants sont amarrés le long du ponton en bois qui court devant les constructions, d’autres voiliers sont sur bouée, tandis que d’autres sont amarrés près des palétuviers de la mangrove. C’est un lieu hors du temps et privilégié : la nuit, la police maritime patrouille pour assurer la tranquillité des plaisanciers et des touristes.

  

Mercredi nous poursuivons notre descente le long des côtes de Sainte Lucie jusqu’à Soufrière, village posé dans une anse large, au nord et au pied des deux Pitons (Petit Piton et Gros Piton) qui font la célébrité de Sainte Lucie.

Le pavillon de l’île les arbore, d’ailleurs schématisés par deux triangles noir et jaune sur fond bleu azur. Une odeur de soufre à notre arrivée nous confirme l’appellation de ce bourg. Nous sommes sur bouée, dans la partie sud de la baie, et nous pouvons aller nager et admirer la richesse des fonds marins, le long du rivage : un poisson particulier retient notre attention : il semble rond, et ses nageoires semblent deux éventails ouverts sur deux bords, noirs, avec des extrémités blanches ! Nous manquons de documentation pour pouvoir le nommer, mais nous le regardons évoluer avec fascination.

Nous décidons de revenir en Martinique dès le lendemain, afin de mener à bien quelques travaux d’entretien du bateau, mouillés à l’Anse Sainte Anne. Aussi, nous nous rendons à terre, à Soufrière, afin d’effectuer les formalités de sortie de Sainte Lucie. Soufrière est la deuxième ville de l’île et nous sommes frappés par le contraste qu’elle offre avec le « luxe, calme et volupté » de Marigot Bay : des baraquements sur la grève à côté du débarcadère ;  

quelques bâtiments plus imposants au milieu de la ville (dont un « drugstore » de trois étages, avec un hôtel au dernier étage qui semble vide) alternant avec des maisons basses en bois ; une grande église catholique grise, en pierre de lave, mais dont les huisseries sont peintes en blanc et bleu ( il s’agit de Notre Dame de l’Assomption !) ;

des rues à angles droits avec de profonds caniveaux qui laissent augurer du ruissellement important de l’eau en cas de pluies ; et au sud de la baie, de petites maisons colorées alternent avec des cabanes plus sommaires, le long des enrochements de la grève où les barques des pêcheurs ou des « boat boys » apportent aussi leur note de couleur. Cette impression mitigée de la ville est compensée par un magnifique coucher de soleil à notre retour au bateau.

  

 

Jeudi 10 janvier, nous appareillons tôt pour couvrir la quarantaine de milles qui nous sépare de Sainte Anne. C’est pour nous une belle journée de navigation à la voile, au près dans la houle du large. Dans le canal, les oiseaux nous offrent à nouveau le beau spectacle de leurs jeux dans les voiles et autour du bateau. Un groupe de dauphins vient nous saluer à l’étrave, avant de repartir jouer dans les vagues en exécutant des saltos impressionnants.

 

Nous resterons trois jours à Saint Anne, prenant le temps des travaux d’entretien nécessaires, notamment, le filtre à eau de mer de la prise d’eau du moteur qui se remplit vite d’algues ou de sargasses. Dimanche 13 janvier, nous suivons à pieds, la Trace des Caps, le sentier qui suit le bord de mer depuis la plage Caritan, à côté de Sainte Anne, jusqu’à la Pointe des Salines et l’îlet Cabrits au sud de l’île de la Martinique. Entre les caps, de longues plages de sable clair, bordées de cocotiers se révèlent au sortir des forêts ;

de nombreuses familles sont installées sous les frondaisons du bord de mer avec barbecue, glacières, hamacs : c’est dimanche, les parkings sont pleins, mais les plages sont si vastes que les baigneurs ne se gênent pas ! Après l’Anse Meunier, et la Petite Anse des Salines, nous atteignons la Grande Anse des Salines et toute l’animation et agitation de cette grande plage accessible par la route ! Nous revenons sur nos pas, en passant par le sable des plages, les pieds dans l’eau.

Après cette pause à Sainte Anne, nous appareillons pour les Anses d’Arlet lundi 14 janvier. Nous amis Clara et Ives sont venus passer les mois d’hiver ici et nous avons plaisir à partager un Ti’Punch chez eux. Ils nous indiquent les bonnes adresses à Grande Anse, et nous leur faisons part de nos premières découvertes de l’île. Après ce bon moment d’amitié, nous choisissons de mouiller pour la nuit, dans l’Anse Chaudière, à côté de la Petite Anse d’Arlet. Cette anse a un rivage rocailleux, semble complètement sauvage, est abritée de la houle. Le soleil couchant met en valeur les différentes teintes des rochers et des arbres.

Notre retour vers « notre base », l’Anse Sainte Anne et la marina du Marin se fait sans encombre, au près serré, avec de nombreux virements de bords, pour rester assez près de la côte et éviter les assauts de la houle. Mais pour quelques heures, cette navigation est sportive sans être épuisante…

 

Le 17 janvier, nous reprenons un poste d’amarrage au Marin, pour attendre nos cousins Frédérique et Hervé, qui nous rejoignent pour une quinzaine de jours de navigation en Caraïbe…

  

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