Le Marin – Tobago Cays – Le Marin 18 janvier – 1° février 2019

Le Marin – Tobago Cays – Le Marin 18 janvier – 1° février 2019

Posté par : Dominique
28 Février 2019 à 20h
Dernière mise à jour 28 Février 2019 à 20h
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Durant cette période, nous inaugurons avec nos cousins Frédérique et Hervé, les navigations partagées avec nos invités.

Pour permettre un certain confort dans ces navigations, des réparations à bord sont nécessaires et Frédérique et Hervé ont dans leurs bagages une embase de toilettes que nous attendons depuis le 27 décembre ! En effet, les WC marins RM 69 sont peu vendus aux Antilles (un seul shipchandler au Marin, en rupture de stock !) ; nous regrettons de ne pas avoir emporté une embase dans notre matériel de rechange du bateau ! Nous pouvons donc remettre en service les toilettes de la cabine arrière, après avoir tenté toutes sortes de réparations pour colmater, en vain, les fuites provoquées par les fentes dans le plastique de l’embase, au niveau des vis de fixation de la pompe.

Pendant ce temps, Frédérique et Hervé découvrent Le Marin en effectuant les derniers approvisionnements de produits frais. Nous avons pris le temps de faire une visite rapide de la Martinique par la terre : Fort-de-France, samedi 19 après-midi, mais tous les bâtiments sont fermés !

A Trois-Rivières, nous avons pu faire une halte à la Distillerie pour une visite libre du moulin et de la Distillerie, avant une dégustation au magasin… Dimanche 20 : ascension de la Montagne Pelée par l’Aileron. Le temps est gris et humide, mais cela ne nous décourage pas plus que les martiniquais : le parking est plein, ainsi que les bas-côtés de la route aux abords du départ du sentier. Nous ne sommes pas seuls en cette fin de matinée : des groupes avec guide, des familles, des sportifs se croisent sur le raide sentier aménagé dans la végétation dense. Certains font des pauses en montant, d’autres descendent avec précaution les hautes marches de bois ou taillées dans la pierre, d’autres paraissent s’entraîner pour « la Diagonale du Fou » et nous doublent d’un pas vif ou descendent en courant. Par moments, le voile de nuages se déchire et nous offre un magnifique panorama sur la ville de Saint Pierre et sa baie ; mais le mauvais temps reprend vite le dessus.

Arrivés au niveau du deuxième refuge, au moment de commencer le circuit autour du cratère, un grain violent nous contraint à rejoindre d’autres promeneurs déjà abrités sous l’auvent du refuge. Nous pique-niquons ensuite en cherchant à rester à l’abri du vent ; les nuages s’épaississent autour de nous, le froid s’installe ; nous n’avons pas le courage de poursuivre notre randonnée et nous préparons notre redescente. Celle-ci s’avère aussi pénible que la montée, en raison de l’humidité de la roche, de la boue et du degré important de la pente. Nous terminons cette randonnée sans voir à nouveau la côte Caraïbe ou la côte Atlantique. La flore le long de ce sentier est remarquable, de moins en moins haute au fur et à mesure de l’ascension, mais riche et variée, avec des tiges de fougères qui poussent en escargot avant de se déployer, ou des grappes de fleurs cachées sous les feuilles, tandis que d’autres émergent au-dessus des fourrés.

    

 

Nous poursuivons, en voiture, notre petit tour de l’île revenant vers le Marin en passant par la côte Atlantique, prenant le temps d’admirer les plages de Trinité, avec ses palmiers et cocotiers, puis de Tartane, sur la presqu’île de La Caravelle. De cette dernière, le paysage d’îlets et de baies couvertes d’arbres, avec des champs et des prairies où paissent des bovins ferait penser aux abers bretons, le vent et l’ondoiement des cannes à sucre nous rappelant que nous ne sommes pas sous les mêmes latitudes !

Lundi 21 janvier, après les derniers travaux, les derniers approvisionnements, et la formalités administratives, nous appareillons pour une courte navigation le long des côtes de la Martinique jusqu’à la Grande Anse d’Arlet. Cette navigation, vent arrière, nous permet de voir, depuis la mer, les champs de canne à sucre de la plantation Trois Rivières, vastes étendues vert tendre, au milieu du vert soutenu des forêts environnantes. Le vent et la mer se renforcent autour du Rocher du Diamant et cette navigation sert bien de préambule à ce que nous allons vivre les jours suivants dans notre descente vers les îles Grenadines.

Au mouillage de Grande Anse, les tortues se sont faites discrètes mais nous avons pu admirer le lever de la pleine lune derrière les mornes qui bordent l’anse, illuminant les nuages d’un halo argenté, avant d’apparaître.

Notre périple ensuite, se déroulera ainsi : Marigot Bay, puis l’Anse des Pitons sur l’île Sainte Lucie, les 22 et 23 janvier, Port Elizabeth sur l’île de Bequia, les 24 et 25, Canouan et les Tobago Cays les 26 et 27, puis retour vers le Marin, en passant par Port Elizabeth, l’Anse des Pitons et halte au mouillage devant la Plage Caritan, dans la baie de Sainte Anne, en Martinique. 

 

Notre navigation a été très variée : les canaux entre les îles ont soutenu leur réputation : le vent est monté en rafales jusqu’à 35 à 40 nœuds, la houle grossissait une mer agitée et nous avons souvent réduit les surfaces de voiles. Au près bon plein, ou au travers, avec des creux importants, ces navigations n’ont pas toujours été très confrotables. Néanmoins, c’est dans ces canaux et dans ces conditions que nous avons eu de beaux spectacles : une baleine sautant au large du Rocher du Diamant ; un banc d’une vingtaine de dauphins remontant les vagues, passant derrière nous, sans venir nous saluer à l’étrave, mais sortant tous au même moment de la vague avant de plonger dans la suivante ; les oiseaux jouant dans les voiles…

Nous garderons une trace de ce type de navigation, grâce à un photographe, à Bequia. En effet, au large de Northwest Point, le cap qui marque l’entrée d’Admiralty Bay, abritant Port Elizabeth, en plein canal Saint Vincent – Bequia, ce photographe, debout dans un zodiac de quatre mètres, tenant d’une main un appareil photo muni d’un énorme zoom, va au-devant des bateaux faisant route vers la baie, pour les photographier ; au mouillage, bien sûr, il propose ensuite ses clichés. Frédérique et Hervé nous ont gentiment offert ce tirage qui rend bien compte de l’état de la mer et du vent !

La navigation dans les canaux contraste avec la navigation sous le vent des îles de Sainte Lucie ou de Saint Vincent : le mer s’aplatit, le bateau glisse bien ; mais des courants contraires, aux extrêmités des îles et du vent très faible nous ont contraint à de très nombreuses manœuvres de réglage des voiles, voire, à naviguer au moteur. Lors de nos passages sous le vent des îles, de grandes nappes de sargasses flottaient, apportées par les courants ; ces grandes taches, jaune-brun-moutarde sont visibles de loin, par mer calme, mais dès que nous avons le soleil de face, elles sont plus difficiles à distinguer. Lorsque nous sommes sous voiles, elles freinent le bateau, dans un léger crissement, (sensation qui rappelle les passages en neige poudreuse au ski) ; malheureusement, au moteur, il nous faut à tout prix les éviter car les sargasses peuvent être aspirées avec l’eau de refroidissement du moteur, risquant de boucher le filtre et l’arrivée d’eau de mer…

Sur l’île Sainte Lucie, nous avons apprécié de nouveau le havre de Marigot Bay, puis nous avons pris le temps de naviguer le long des côtes de l’île jusqu’à l’Anse des Pitons, avec un vent très irrégulier et des courants contraires, mais une mer plate !

Arrivés en début d’après-midi, nous avons pu avoir un mouillage sur bouée sans difficulté. Outre la préservation des fonds marins, les bouées de mouillage dans cette anse sont rassurantes, car les vents tombant des pitons, et les courants font tourner les bateaux dans tous les sens, le courant étant plus important que le vent…

Le paysage, dans cette anse, est impressionnant : Petit Piton ferme l’anse au nord et Gros Piton au sud ; le premier est assez fin et élancé ; seule sa base est évasée et couverte d’arbres ; sur cette aiguille, peu d’arbres s’accrochent aux parois sombres et humides, et le basalte le dispute à la végétation.

Le second mérite bien son qualificatif de Gros : il est plus large, plus cônique, plus boisé. Entre les deux,qui culminent respectivement à 750 m et 790 m,  des vallons boisés descendent rapidement à la mer ; des cocotiers se distiguent par leurs palmes donnant du relief aux verts des autres arbres. Une première plage, au pied de Petit Piton, déploie ses parasols en palme de cocotiers ;

un hôtel et ses beaux pavillons blancs s’étirent sur les flancs d’un morne entre les deux pitons, devant une plage de sable blanc ; plus loin, la grève est faite de pierres et un vallon couvert de cocotiers monte vers un col qui le sépare de Gros Piton.

Les fonds marins sont riches de poissons colorés ; une tortue nage paisiblement…

Entre le coucher du soleil et la tombée de la nuit, nous assistons à une scène de pêche étonnante : une barque avec six hommes à son bord, arrive très rapidement devant la plage de sable blanc de l’hôtel. Une fois sur place, elle effectue, à petite vistesse, un arc de cercle depuis un point proche du rivage, jusqu’à un autre, déposant, semble-t-il, un filet que des pêcheurs tiennent, en plongeant successivement dans l’eau. Une fois arrivé au deuxième point près de la grève, le pêcheur resté dans la barque ramène le filet, aidé par les autres pêcheurs toujours à l’eau, refermant l’arc de cercle. Les hommes à l’eau remontent successivement dans la barque et les cinq paires de bras sont nécessaires pour remonter un filet qui paraît bien lourd. Une fois l’ensemble hissé dans la barque, le groupe repart aussi vite qu’il était arrivé. La nuit tombante ne nous a pas permis de voir le résultat de cette pêche menée avec tant d’énergie, si ce n’est quelques éclats argentés…

Port Elizabeth, principale ville de l’île de Bequia, (la plus importante des îles Grenadines de Saint Vincent), est un « port » blotti au fond d’Admiralty Bay. Un seul ponton accueille les ferries qui relient l’île à Saint Vincent. L’ensemble de la baie est un mouillage organisé : des bouées de mouillage couvrent la partie nord-ouest et la partie sud-est de la baie. Assez rapprochées les unes des autres, elles permettent à un grand nombre de bateaux de faire escale. Tous les services d’un port sont fournis, et chaque concessionnaire d’une partie des bouées propose ses services : taxi pour aller à terre, laverie avec récupération du linge à bord, approvisionnement en eau  et en gasoil, vente de glaçons, vente de langoustes, nettoyage de bateau…

Les formalités administratives (douanes, immigration, taxe de séjour) se font dans le même bâtiment : une grande bâtisse de style colonial, face au ponton des ferries. De nombreuses échoppes, des stands variés, des bars, des restaurants, s’alignent le lond du bord de mer : le touriste est le bienvenu ! La bonne humeur est au rendez-vous et l’accueil est assez chaleureux. Un marché couvert, une boulangerie, un supermarché permettent un approvisionnement assez conséquent.

Nous faisons donc escale, une journée complète ; un taxi loué pour une heure nous emmène à un point de vue sur la côte au vent, et ses récifs coraliens qui arrêtent les vagues de l’Atlantique.

Puis, passant près d’une ancienne sucrerie en ruines, car les champs de cannes à sucre ont été remplacés par des cocoteraies, aujourd’hui à l’abandon, nous atteignons le « Old Hegg turtle sanctuary » : un lieu consacré à la sauvegarde d’une espèce de tortues menacée d’extinction ; des œufs sont ramassés dans les nids, à l’époque de la ponte, puis amenés à éclosion ; ensuite les petites tortues sont élevées dans des bassins jusqu’à l’âge de cinq ans, avant d’être ramenées à la plage de ponte pour qu’elles rejoignent l’Océan.

Regarder évoluer ces tortues dans leurs bassins est apaisant.  

De retour à Port Elizabeth, nous suivons un sentier en bord de plage et passons ensuite un col pour redescendre vers Friendship Bay. Tournée vers l’Atlantique, elle est relativement protégée par des récifs coraliens qui la ferment presque totalement et par des îlots au sud ;  des voiliers s’abritent sous le cap dans sa partie est. L’habitat est disparate, les maisons vastes et entretenues, voisinent avec des baraquements posés sur des parpaings.

 

Poursuivant notre route vers le sud, nous avons mouillés dans Charlestown Bay, sur l’île de Canouan. Cette vaste baie, arrondie, a une eau bleu turquoise et le « white rock » au nord de la baie offre de beaux paysages sous-marins. Un ponton est prévu pour le ferry qui relie cette île à Saint Vincent : des citernes sont alignées dessus, des voitures attendent d’embarquer, l’arrivée du ferry crée de l’animation. Marcus, qui nous a amarrés à notre bouée, nous propose des langoustes  et nous apporte deux magnifiques specimens : grillées au barbecue, elles nous régaleront pour le dîner…

 De Canouan aux Tobago Cays, la route n’est pas longue, mais nécessite une lecture attentive des cartes : passant au nord-est de l’île Mayreau, on oblique, en contournant Baline Rocks et les haut-fond dans son sud, vers la passe entre Petit Rameau et Petit Bateau, les îlots à l’ouest des récifs coraliens. Cette navigation attentive fait découvrir une eau de plus en plus turquoise, au large des îles. Nous atteignons les îlots en fin de matinée, précédés par une reproduction d’un ancien galion : nous sommes en plein mythe des pirates des Caraïbes !

A notre grande surprise, les « boat boys », occupés à discuter entre eux, ne se précipitent pas au-devant de nous pour proposer leurs services, malgré tout après la prise de bouée, ils nous sollicitent pour un déjeuner ou un dîner de langoustes grillées sur la plage.

Nous sommes sur une bouée dans le chenal entre Petit Rameau et Petit Bateau, au sud de  la première île : l’eau est d’une limpidité extraordinaire, et un fort courant venant de l’Atlantique, renouvelle sans cesse cette eau. Un premier bain autour du bateau et sur la rive sud de Petit Rameau suscite déjà notre admiration ; nous rejoignons en annexe l’îlot de Baradal et sa langue de sable ; faisons sa courte ascension, sous l’œil affolé d’un iguane immobile sous les arbres et découvrons de son sommet, la barrière de corail et les déferlantes qu’elle suscite, en forme de fer à cheval, autour des îlots (« Horse Shoe Reef »), et derrière elle l’îlot de Petit Tabac et ses autres récifs coraliens aux noms tout aussi imagés : « Egg Reef », en forme d’œuf, et « World’s End Reef » plus à l’est, (au-delà, c’est l’Atlantique). La mer prend des teintes de bleus depuis le bleu profond au bleu tirant sur le vert émeraude, mélées au blanc de l’écume…

Après nous être imprégnés de ce magnifique spectacle depuis Baradal, nous avons exploré les fonds sous-marins autour de la pointe est de Petit Bateau. A peine avons-nous commencé à mettre nos masques, une raie de plus de 70 cm d’envergure s’est « envolée » devant nous… Ensuite nous sommes allés de découvertes en découvertes : des coraux, des gorgones qui se balancent dans le courant, des éponges, des poissons colorés, rayés, argentés, en bancs, plus ou moins craintifs à notre approche, de toutes tailles, certains se laissant balancer dans la houle qui arrive du large, des coquilles de lambis se calcifiant et façonnant les rivages… Les biosystèmes changent entre le sud, l’est et le nord de l’îlot et nous avons eu l’impression de nager dans une série d’aquariums !

Notre appareillage le lendemain, pour la navigation retour, nous permet de retrouver les paysages de l’aller, avec des éclairages différents ; ainsi la côte ouest de Saint Vincent que nous avons longée au petit matin, après un magnifique lever de soleil derrière Bequia,  a révélé ses anses et ses plantations de cocotiers ;

  

les Pitons se sont laissé voir de loin marquant bien leur différence entre Petit et Gros Piton…

La navigation a été relativement plus calme qu’à l’aller, dans les canaux Bequia – Saint Vincent et Saint Vincent – Sainte Lucie.

 

De retour en Martinique, ancrés devant la plage de Caritan dans la Baie de Sainte Anne, nous avons tenu à partager avec Frédérique et Hervé la beauté des paysages de la « Trace des Caps » : ce sentier qui part de l’anse Caritan, avec sa grande prairie de zébus …

     

… et suit la côte du sud de la Martinique, alternant caps et grandes plages de sable blanc, bordées de cocotiers. Nous avons atteint l’Etang des Salines, au milieu duquel un sentier pédagogique précise les différentes espèces aperçues le long du sentier : les hérons garde-bœufs ou « pik’bœufs », ou les crabes « cé ma faute » appelés aussi crabes violonistes qui ont une pince beaucoup plus développée que l’autre …

  

La mangrove et son rôle sont aussi expliqués et ainsi nous nous sommes entraînés à reconnaître les quatre sortes de Palétuviers…

Nous rentrons  à temps pour admirer le coucher de soleil sur le Rocher du Diamant au loin…

Après ce périple dans une toute petite partie des îles Grenadines, il est temps pour Frédérique et Hervé de retrouver l’hiver métropolitain et la vie citadine habituelle…

 

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