12 juillet - 4 août 2019 Grenada – Carriacou

12 juillet - 4 août 2019 Grenada – Carriacou

Posté par : Dominique
17 Août 2019 à 14h
2166 vues
Flux-RSS

Vendredi 12 juillet 2019, après l’escale technique à Port-Louis Marina, nous repartons au mouillage. La baie de Grand Mal, juste au nord de Saint Georges, paraît un mouillage accueillant, devant une plage de sable. Quelques voiliers en bois sont mouillés là, à demeure, et au nord de l’anse, un ponton permet aux bateaux de pêche, de venir déposer leurs prises. Nous avons eu d’excellents échos de ce mouillage, mais pour notre part, nous avons souffert de la proximité de la route principale et des coups de klaxon permanents des chauffeurs de camions, signalant leur passage. De plus, nous avons essuyé des grains violents et des orages, rendant ce lieu, en forme de cirque de hauts mornes tombant dans la mer, guère hospitalier.

Les fortes pluies ont charrié les déchets des collines et l’on voit flotter des branches de cocotiers, de larges feuilles d’amandier et des amandes, mais aussi des plastiques… Il ne faudrait pas avoir à mettre le moteur en route dans ces conditions ! Vers la pointe Molinière, la couleur de la mer a changé et a pris la teinte de la terre et des déchets que le courant transporte vers le large…

La nuit qui a suivi a été agitée elle aussi, avec grains et changements d’orientation du vent, (ce qui jusqu’à présent n’arrivait jamais du fait des alizés); au matin, nous étions bien proches de l’un des bateaux sur bouée ; nous quittons rapidement les lieux, assez déçus, et gagnons Prickly Bay, au sud de l’île.

Nous y restons quatre jours, plus sereins sur une bouée, malgré les grains fréquents, non loin d’un haut fond à trois mètres. Cela nous permet de nager en admirant les différents oursins blancs, les petites gorgones…

Nous ne sommes pas loin d’un voilier français, « Noa », que nous avons vu reprendre son mouillage ; au cours d’un de nos passages en annexe, nous nous arrêtons pour discuter ; nos échanges se poursuivront autour d’un apéritif puis d’une pizza à la marina. Paul et Dominique ont eux-aussi traversé l’Atlantique à l’automne 2018, depuis les îles Canaries jusqu’à Saint Martin. Depuis, ils naviguent en descendant tranquillement l’arc antillais, et nous partagent leurs bons souvenirs de cette partie des Antilles que nous nous promettons de parcourir après la saison cyclonique. Nos discussions se poursuivent tard, mais elles sont riches pour nous tous. Tandis que nous appareillons, le 17 juillet pour remonter vers Carriacou, ils se préparent à rejoindre Trinidad pour « hiverner le bateau quelques mois. Ils attendent pour cela un autre voilier avec lequel il est prévu qu’ils naviguent en convoi.

En quittant Prickly Bay, nous parcourons la côte sud poussés par une bonne petite brise. Nous envisagions de passer une nuit au mouillage devant la plage de Grande Anse, (dans la partie autorisée), mais les fonds sont remplis de mates coralliennes et l’ancre est mal posée, la chaîne contourne des blocs. Il est difficile d’envisager de passer une nuit dans ces conditions. Nous changeons d’option et partons au nord de la baie de Saint Georges, sous la pointe Molinière ; là, une des deux bouées de mouillage est libre. Devant ce creux sauvage de la baie, nous voyons les grains se succéder, rendant l’eau sombre et peu accueillante.

Nous remontons le lendemain vers Carriacou, au moteur et sous la pluie durant la partie sous le vent de Grenada, puis sur un grand bord de près serré, avec un vent d’est entre 16 et 25 nœuds. Une fois encore, nous larguons les ris pour avoir assez de puissance pour franchir la houle, dans une mer peu agitée, parfois désordonnée, aux abords des îlots au sud de Carriacou. Nous avons eu plaisir à effectuer cette petite navigation de 35 milles ; le bateau, caréné, avec des voiles neuves, est plus véloce, nous procurant de bons moments sur l’eau.

A Carriacou, après quelques jours dans l’anse de Tyrell Bay, nous sommes partis à la découverte de l’Anse de la Roche, au nord de l’île. Nous avons mouillé devant une plage de sable blond, déserte, et bordée d’arbres recouvertes de jeunes feuilles d’un vert tendre, et qui qui semblent fermer tout accès vers l’intérieur des terres.

L’anse est insérée entre une petite falaise et ses tombants au nord, et une grande roche émergée au sud.

Sur le sable, nous voyons des traces de passage de tortues venues pondre et cacher leurs œufs sous les arbres ; nous sommes à quelques jours de la pleine lune. Nageant depuis le bateau jusque vers la roche, nous voyons un « kingfish » nageant tranquillement au-dessus du sable, puis soudain, une « forêt » de gorgones nous signale que nous approchons de la roche et du ballet de poissons coralliens qui se laissent porter par les courants, ou des bancs de petits poissons argentés comme des anchois, qui changent brusquement de direction à notre approche. Dans la partie nord, c’est autour des blocs tombés dans l’eau qu’évoluent les poissons, dont une belle murène qui nous surveille, gueule ouverte et que nous avons laissée à distance !

Joëlle et Philippe, sur VoileOvent nous ont rejoint, et nous avons été heureux de partager avec eux la découverte de cette anse déserte et paisible, alors qu’on aperçoit une forêt de mâts devant Sandy Island, plus au sud.

Revenant vers Tyrell Bay, nous longeons le rocher Jack Adan, à l’entrée nord de la baie d’Hillsborough ; sa partie tournée vers le large est très découpée, tandis que des récifs le prolongent vers la côte, sur lesquels  est échoué un petit cargo, signalant bien le danger !

Nous restons plusieurs jours à Tyrell Bay, appréciant la vie calme de ce mouillage, et faisant appel aux services d’un électricien, Marco : il vérifie notre installation du panneau solaire et de son régulateur, puis notre éolienne. Il nous confirme ce que nous avions analysé : son régulateur interne ne fonctionne plus. Quelques séances de WiFi à terre plus tard, et nous passons commande pour un nouveau régulateur, en France, disponible en 48 heures. Etienne, notre dernier fils doit nous rejoindre le 5 août prochain avec son amie ; il pourra donc ajouter ce paquet à la liste du matériel que nous lui avons demandé ! Joerg, le mécanicien, passe aussi, et vérifie l’alignement de l’arbre ; tout va bien de ce côté-là, et personne ne peut encore nous dire d’où vient le sifflement entendu lorsqu’on atteint une plage de vitesse entre 6,2 et 6,8 noeuds.

Outre l’aspect technique de cette escale, nous savourons aussi les poissons que nous fournit le pêcheur Simon, nous passons voir régulièrement Joëlle et Philippe dont le bateau est à terre pour carénage et peinture de pont, nous retrouvons Cathy et Carlo de « Tépardy », venus caréner eux-aussi. Nous profitons de la douceur de l’eau, et au milieu du mouillage, chaque baignade nous offre une surprise dans l’eau : des langoustes, une serpentine, une grosse baudroie, et d’autres poissons que nous ne connaissons pas ; nous découvrons des restes de mouillages, grosses ancres entremêlées, treuils ; mieux vaut utiliser les bouées plutôt que de risquer de prendre son ancre dans ces objets !

Une matinée calme et sans grain nous permet d’explorer les alentours de Tyrell Bay, en montant sur l’un des deux points culminants de l’île « le Chapeau Carré » à 290m !

Cette promenade de 2h30 à 3h nous a permis de nous élever au-dessus de Tyrell Bay, passant dans le sous-bois, par un moulin

et des habitations abandonnés (avec dépendances et petit cimetière attenant) traces du passé agricole de l’île. Nous montons rapidement, croisons des chèvres à demi sauvages, des lézards furtifs sous les feuilles et des tortues terrestres.

Un premier promontoire nous offre une belle vue sur la côte atlantique et sur Tyrell Bay ; le dernier promontoire est une petite clairière d’où nous avons une vue quasiment complète de l’île : au sud, les îlots et leurs récifs coralliens sur lesquels se brise la mer ;

à l’ouest, la baie de Tyrell, ses chantiers et sa mangrove (berceau à huitres et trou à cyclone) et le village d’Harvey Vale qui s’étire dans la plaine derrière ;

et au nord, la baie d’Hillsborough, et Sandy Island.

Le chemin de redescente plus raide que la montée, nous fait rejoindre des clairières qui reverdissent, des vallons humides et nous atteignons le chantier de Tyrell Bay, passant devant des propriétés colorées simples ou plus cossues, mais qui dégagent une impression de grande tranquillité.

Depuis le début de ce mois de juillet, l’alizé est moins marqué, et il nous est arrivé plusieurs fois de changer d’orientation, au mouillage, ce qui nous a surpris. Dimanche 28 juillet, après être allés marcher en compagnie de Joëlle et Philippe jusqu’à la pointe sud-ouest de l’île, nous avons retrouvé la baie complètement modifiée, avec les bateaux tournés vers le large, sous l’effet du vent de sud-est et de la houle qui entrait dans l’anse !

Lundi 29 juillet, nous quittons la tranquillité de Tyrell Bay pour repartir vers Grenada. Le vent est orienté sud-sud-est entre 10 et 15 nœuds, mais contrairement à ce que nous craignions, les conditions de navigation sont excellentes, la mer est belle. La houle qui arrive de l’Atlantique est particulièrement faible à ce moment. Dans ces conditions, le bateau file 6 à 7 nœuds, et remonte bien au vent : nous décidons de laisser sur notre tribord les îlots du nord de Grenada et descendons au vent de l’île, comme nous l’a recommandé Carlo de « Tépardy ».

Nous longeons cette côte que nous avions parcourue en voiture début juin, et reconnaissons différents lieux : les antennes en haut du morne nous offrant un point de vue sur les îlots du nord, la trace grise, au milieu de tout ce vert, de l’aéroport abandonné de Pearl, la baie de Grenville abritée du nord-est par les rocher du Téléscope. Nous naviguons au soleil, et nous voyons la condensation et les rideaux de pluie se former au-dessus des sommets : cette côte au vent est particulièrement verte !

En fin de journée, le vent tombe et nous approchons au moteur de Fort Jeudy Point, marqué par une habitation qui, de loin, fait penser à un fort ;

ce cap nous permet d’entrer dans Port Egmont, réputé pour être un des abris à cyclone les plus sûrs des Antilles. La mer est suffisamment calme pour nous permettre d’atteindre sans crainte en évitant les récifs, une première anse de mouillage qui se prolonge à l’ouest par une mangrove et un étroit passage pour atteindre le trou à cyclone. Là, nous sommes entourés de verdure, dans laquelle apparaissent des maisons, un voilier sur un ponton privatif, une vedette sur un autre devant une maison au toit végétalisé, un catamaran au mouillage, pas un seul ponton pour annexes, pas un accès à terre ; nous sommes seuls sur une grosse bouée qui sert de naissain à la vie sous-marine.

 

A l’entrée de ce trou à cyclone, des immeubles abandonnés en cours de construction, et leurs échafaudages envahis par la végétation.

Tout est très calme, seuls se font entendre des chiens, gardiens de propriétés, les oiseaux dans les frondaisons, et quelques voix sur une terrasse. C’est un moment assez magique que ce lieu vide (ou presque) de tous bateaux, sans houle, refermé sur lui-même, intime, alors que dans Clarke’s Court Bay (la baie juste à l’ouest de Port Egmont), autour de Hog Island, les bateaux sont nombreux à « hiverner » ou abandonnés dans la mangrove… La nuit tombe, un pêcheur pose un filet sur le récif de la passe d’entrée, les oiseaux se taisent et le chant des crapauds, grenouilles et autres animaux nocturnes prend le relais.

Le lendemain, nous quittons ce lieu surprenant et charmeur ; le soleil est assez haut pour que les récifs coralliens se devinent bien et nous atteignons le large ;

après une petite heure de navigation sous génois seul, nous entrons dans Prickly Bay, retrouvant une rade plus vivante et plus « équipée ».  Equipée, en effet, car outre le chantier et son shipchandler, Prickly Bay n’est pas loin de la zone industrielle et artisanale de Saint Georges avec ses magasins de bricolage, et par la ligne de bus N° 1 de la capitale et des autres centres commerciaux. C’est ainsi que nous avons pu changer la pompe à pied d’eau douce, le régulateur des panneaux solaires. Mais surtout, c’est au mouillage, de Port Egmont, loin de toute aide possible, que nous avons constaté qu’une durite du circuit de refroidissement du moteur fuyait ; nous avons pu faire un pansement sur place, avec du scotch vulcanisant et de la chambre à air. Une fois à Prickly Bay, nous savions qu’il serait possible de faire appel à un mécanicien. En fait, le pansement ayant tenu, nous attendrons l’arrivée d’Etienne qui aura aussi des durites, au bon diamètre (en unités françaises plutôt qu’anglaises !!!!), dans ses bagages. Enfin, à Prickly Bay, est installé, dans la marina, un réparateur de moteurs hors-bord, et nous avons fait appel à lui car notre moteur qui toussait un peu, n’a plus voulu démarrer ; en cause un joint dans le carburateur dont le caoutchouc s’est complètement délité.  Le plus difficile aura été de rejoindre la marina à l’aviron, contre un vent fort ; mais l’entraide a joué aussi et nous avons été gentiment remorqués par un des nombreux plaisanciers présents dans la baie.

Une fois le moteur hors-bord réparé, nous pouvons effectuer l’approvisionnement du bateau en vue d’accueillir Etienne, notre fils, et son amie qui nous rejoignent pour dix jours, à compter du 5 août. Nous avons hâte de les emmener dans quelques-unes des anses que nous apprécions pour leur cadre, pour leur eau, pour leurs couchers de soleil, et de leur faire partager la douceur de la vie à Grenade et à Carriacou.

Contente d'apprendre que la vie est toujours aussi paisible à Port Egmont et à Carriacou aussi... quid de la marina à Tyrell Bay dont on parle depuis des années ? Elle est en construction ? Est-il toujours possible de se réfugier dans la mangrove en cas d'alerte cyclonique ? Merci par avance. Flora

C’est sympa que vous ayez passé un moment avec PAUL et Dominique de Noa. Vos deux blogs étaient nos lectures en attendant de partir de Toulon. Amicalement, Pascal & Véronique

Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .

Le site de la Grande Croisière...