26 août – 16 novembre 2019 Port-Louis Marina Grenada
Du 26 août au 16 novembre 2019, Nissos est resté amarré à Port-Louis Marina sur l’île de la Grenade. Nous surveillons la météo et les risques cycloniques et réalisons des travaux en fonction des grains et de la forte chaleur bien installée.
La marina est aménagée au sud de la capitale Saint-Georges, dans un ancien trou à cyclones (le Lagon) et présente les inconvénients de ses avantages : si les bateaux sont bien abrités de la houle et du vent, les équipages souffrent de la chaleur, du peu d’air la nuit et… des moustiques ! Nous avons fini par installer des moustiquaires qui n’avaient pas été indispensables jusqu’à présent. Mais en étant à quai, le bateau est branché sur le 220 V et les ventilateurs peuvent tourner sans compter, et les anti-moustiques sur prises fonctionner !
Ce long séjour à Port-Louis Marina s’est divisé en trois périodes : du 26 août au 25 septembre, préparation de la fermeture du bateau ; du 25 septembre au 30 octobre séjour en Métropole ; du 30 octobre au 16 novembre remise en route du bateau.
La préparation du bateau pour son mois de fermeture à flots, dans un climat chaud et humide, a été pour nous l’occasion d’un entretien complet de son intérieur, après une année de navigations : nettoyage à l’eau vinaigrée des vaigrages et parois non boisées, entretien des boiseries vernies à la popote d’entretien, désoxydation des plafonniers en inox, nettoyage à la javel de tous les coffres, nettoyage des équipets de nourriture, nettoyage et cirage du plancher…Nous avons ainsi fait la chasse aux hypothétiques insectes indésirables de toutes sortes et le bateau a retrouvé son éclat. Même la cloche a été concernée par ce grand nettoyage !
Cette remise en état du bateau s’est poursuivie avec le changement du matelas de la cabine arrière, par un artisan qui a travaillé rapidement et a bien répondu à nos attentes ; cela a apporté un confort indéniable. Nous lui avons également fait confectionner une nouvelle bâche de protection du poste de pilotage, changeant la couleur beige classique pour du grenat… Nous avons été tout à fait satisfaits du travail réalisé pour le prix donné et gardons précieusement les coordonnées de « Nabela Comfortable », car nous nous disons que notre carré aurait bien besoin de nouvelles assises !
Pour ce qui est de l’extérieur du bateau, nous avons nettoyé les deux coffres avant, un peu noircis par l’humidité, et nettoyé à fond tout le pont, passé du polish sur les parties lisses. Cette remise en ordre des coffres nous a permis de redécouvrir un taud facile à mettre en œuvre pour protéger la plage arrière et amenuiser un peu l’accumulation de la chaleur dans la cabine en-dessous.
Pour la suite de la préparation, il a fallu sécher, nettoyer les coussins de la plage arrière, avant de les entreposer à l’intérieur. Nous avons dégréé le génois, rincé et entreposé les écoutes et la voile dans la cabine avant ; nous avons protégé la liaison mât-bôme avec des bâches prévues à cet effet, et amarré les bômes par trois points différents ; nous avons démonté les ailes de l’éolienne et rentré tout ce qui pouvait risquer de s’envoler… suivant ainsi les recommandations des assurances pour protéger au mieux les bateaux et le voisinage en cas d’alerte cyclonique. Les amarres avec ressorts ont remplacé les amarres d’accostage.
Après avoir fait tourner régulièrement le moteur, une fois par semaine, et fait fonctionner le propulseur, nous l’avons « hiverné » juste avant notre départ : rinçage du circuit eau de mer à l’eau vinaigrée, trempage une nuit, rinçage le lendemain à l’eau douce puis rinçage au liquide de refroidissement, en laissant le circuit « barboter » pour éviter le séchage du rouet de la pompe et la cristallisation du sel à l’intérieur. Ce même souci de cristallisation nous a conduit à détourner ce même produit de son usage normal en l’utilisant dans les pompes des WC… Enfin, nous avons protégé de l’humidité, autant que faire se peut, tous les relais et toutes les connections, ainsi que le moteur, en usant abondamment du WD40…
Disposant d’un mois pour réaliser ces travaux, nous avons pris le temps de bénéficier de la piscine qui, bien que chauffée par le soleil de l’après-midi, nous apportait un peu de détente en fin de journée. C’était aussi un lieu de rencontres et d’échanges sur nos navigations : ainsi avec Fabrice, et sa compagne, qui a traversé vers le Brésil puis remonte vers la Martinique, ou avec cette famille de quatre enfants qui, sur un catamaran Nautitech 41, débute une année de navigation depuis la Martinique jusqu’en Polynésie.
Nous avons aussi apprécié les approvisionnements aux marchés (aux poissons ou aux fruits et légumes) en centre-ville,
l’animation des rues et la gentillesse des grenadiens ; après la marche et l’agitation des rues, le calme du musée du chocolat nous permettait de déguster de délicieuses glaces aux parfums savoureux : chocolat, vanille, noix muscade, cannelle.
Nous avons aussi partagé de nombreux bons moments avec Joëlle et Philippe de VoileOvent, revenus d’une escapade d’une quinzaine de jours à l’île de Tobago. Nous gardons en mémoire leur enthousiasme pour cette île…et engrangeons cette destination dans nos projets.
Le 25 septembre, en fin de matinée, nous fermons Nissos, le confiant à l’œil vigilant de Madeleine et Georges, sur Charisma, nos voisins de panne.
Rejoindre Marseille depuis l’île de le Grenade n’est pas simple et nous avons voyagé une bonne vingtaine d’heures, faisant escale à Miami puis à Madrid. Pour le retour, il a fallu rajouter une nuit d’escale à Miami, dans l’hôtel international situé dans l’enceinte même de l’aéroport, rallongeant le voyage à 32 heures…
Notre séjour en France nous a permis de faire la connaissance de notre petite fille, née le 6 août, de préparer le mariage de ses parents pour le mois de juillet 2020, de retrouver grandis nos petits-fils, sans oublier le plaisir de retrouver nos enfants, parents et amis, et de partager notre expérience de traversée de l’Atlantique.
La suite de l’entretien du bateau et les réparations futures étaient aussi l’objet de nos occupations : la veille de notre départ de Grenade, nous avons constaté que le réservoir d’eau était « pollué », et nous devons envisager un nouveau carénage, car le résultat de celui du mois de juin ne nous donne pas satisfaction, puisqu’en un mois de navigation des « dents de chien » ont investi le safran et la carène. Munis de produits chimiques pour le réservoir d’eau (en quantité suffisamment faible pour ne pas être classés produits dangereux), d’un roulement pour l’éolienne et d’une bague hydrolube pour prévoir son remplacement lors du prochain carénage, nous avons pris le risque de les placer dans nos bagages, malgré l’escale à Miami et la suspicion chronique de la douane américaine ; nous avons abandonné la piste d’un envoi séparé par FedEx en raison de son coût prohibitif. Finalement, le bagage contenant les produits chimiques a été fouillé, superficiellement, sans doute pour vérification du contenu, et nous est revenu intact ! Au moment du passage de la douane à Grenada, le fait d’avoir indiqué sur notre fiche d’immigration, que nous allions sur notre bateau, nous a valu un interrogatoire plus poussé sur ce que nous « importions » comme matériel. Nous avons déclaré la bague hydrolube, et, après un long examen de la pièce par un douanier perplexe, une étude approfondie de sa facture, nous avons payé une taxe proportionnelle à son montant, puis avons pu regagner Nissos.
Nous avons retrouvé avec plaisir notre bateau, qui nous a sagement attendus sous l’œil attentif de Madeleine et Georges, encore amarrés en face de nous, jusqu’au 1° novembre, et de Claudie et Hervé, sur Happy, amarré dans la marina pour quelques jours. Des retrouvailles bien agréables, en somme !
Nous réinvestissons le bateau et faisons un petit bilan de ce mois d’absence. L’intérieur n’a pas souffert de l’humidité, les joints des pompes de WC, baignant dans le liquide de refroidissement, sont restés fonctionnels. Seul, le coffre extérieur avant tribord a des marques d’humidité : nous nettoyons les parois et ce qui a été touché, notamment le contreplaqué de la passerelle et des tasseaux de bois. Nous passerons donc quelques jours à entretenir ces objets, soit en vernissant, soit en saturant de « D1 », liquide pour bois exotiques. Par la même occasion, nous reprendrons le vernis de l’encadrement du panneau de pont avant, et redonnerons de l’allure au caillebotis de la petite table pliante.
Une fois les vernis et pinceaux rangés, nous pouvons nous atteler au nettoyage des compartiments du réservoir d’eau. Il y a cinq trappes de visite, sous les planchers, dont deux sous la table du carré. Six boulons et écrous fixent la partie du plancher solidaire de la table sur les renforts des fonds. Ils se démontent facilement et nous pouvons, sans difficultés, décaler la table sur le côté bâbord du carré, laissant apparaître l’ensemble des trappes d’accès aux compartiments.
Une fois toutes les trappes ouvertes, nous constatons que les parois à l’air sont couvertes d’un moisi qui part vite à la brosse ou à l’éponge, tandis que de la terre semble déposée au fond.
Munis de balais, éponges, brosses de toutes tailles, nous nettoyons toutes les parois, et plafonds des compartiments ; nous tentons de pomper la boue des fonds avec la pompe manuelle augmentée d’un long tuyau plongeant dans les deux compartiments arrières plus profonds. Rinçage et pompage viennent à bout de ces eaux troubles. Ensuite, nous désinfectons les parois à la javel, avant un dernier rinçage le lendemain. Les trappes sont elles aussi nettoyées …
… et après une journée de reptations et acrobaties en tous genres pour nettoyer le fond des compartiments (surtout celui dans le placard sous l’évier), nous pouvons commencer à refaire le plein d’eau, sans oublier les produits d’assainissement de l’eau et le filtre en amont sur le tuyau. Le remplissage s’effectue bien, l’eau est claire, nous pouvons refermer les trappes et replacer la table ; des cales permettent de la positionner et de replacer les boulons et écrous sans tâtonner…
Il nous faut encore démonter le corps de l’éolienne pour remplacer son roulement ; nous avons acheté un seul roulement, et il y en a deux ! nous essayons de trouver le défectueux, le remplaçons et remontons l’ensemble rotor-stator-roulements en ajustant un nouveau joint torique sur la face. Nous installons le corps de l’éolienne sur son mât, la difficulté principale étant le passage des câbles électriques entre la base du mât et la coque. Les branchements sont refaits, le moyeu et les pales réinstallés. Nous attendrons d’être au mouillage avec du vent pour tester notre réparation…
Une autre réparation nous attendait également : le protège-hublot de la salle-de-bains arrière, en inox qui commençait à se décoller. Cette pièce peut être meurtrière pour les chevilles si l’on n’y prend pas garde lors d’un déplacement rapide, mais permet de reculer l’impact des embruns ou de la pluie sur le hublot…
Comme souvent, décoller le reste de la pièce n’est pas aisé ; après nettoyage des parties à encoller, nous les enduisons de sikaflex et replaçons la pièce en la fixant avec des étaux. La chaleur a permis une prise rapide et nous pouvons retirer les étaux avant le grain du soir…
Nous avons également repris le joint de silicone, qui garantit l’étanchéité de la jonction de la casquette sur le pont. Une année de navigations au soleil l’avait bien détérioré. Le moteur hors-bord a été également testé avant le départ de la marina.
Nous attendrons un petit matin sans vent pour regréer le génois, et une fois la coque grattée par un plongeur, nous pouvons envisager de reprendre la mer.
Entre toutes ces activités, nous vivions au rythme antillais, en prenant le temps d’apprécier les rencontres, comme celle avec Cathy et Pierrick, que nous avions déjà croisés à la Gomera ou à Saint Georges, sur leur Super Maramu 2000 « Eloyse ». Revenant de Trinidad où ils ont passé la saison cyclonique, ils prévoient de remonter vers la Martinique. Nous pourrons ainsi envisager de naviguer de concert.
Saint Georges et ses particularités restent attachants et étonnants : les bâtiments sans toits ;
la marina à l’abri dans le Lagon, derrière le promontoire qui la protège du large ;
le Carénage chatoyant au soleil couchant ;
le bélier « rasta » qui entretient l’herbe au bord du Lagon, devant la cabane de ses propriétaires ;
le revendeur de bric-à-brac, qui cache sous des bâches un monticule de cadres de vélos, et qui propose à la vente des objets insolites ;
la gentillesse des passants qui nous saluent ; l’empressement des chauffeurs de minibus à nous embarquer pour une course vers Saint Georges ou vers Grand-Anse ; le fameux tunnel Sendall, conçu par les Français et inauguré par les Britanniques en 1894, permettant de passer du Carénage au centre-ville sans l’ascension des mornes ;
les abris de bus plus ou moins rutilants selon l’annonceur qui les entretient.
La nature est aussi source d’admiration : les flamboyants ont perdu leurs fleurs rubescentes au profit d’une frondaison verte et dense et de longues gousses pendantes d’un vert tendre ;
le tronc gigantesque de certains arbres ;
le « Canonball tree », dont les fruits rappellent des boulets de canon, tant par leur forme que par leur poids (entre 5 et 10 kg) ;
ces fruits poussent sur des sortes de tiges qui ne semblent pas appartenir à l’arbre et qui poussent comme de fortes veines autour du tronc ; un soir, des lucioles éclairaient un arbre du terre-plein de bord de mer, comme pour se mettre au diapason des magasins qui ont installé dès le 2 novembre arbres et illuminations de Noël…
Malgré la nostalgie de quitter ce lieu où nous avions pris nos habitudes, nous avons été heureux de larguer les amarres le samedi 16 novembre pour repartir naviguer vers les Grenadines, que nous souhaitons revoir en cette période un peu moins touristique…
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