25 février - 25 mars 2021 Guadeloupe - Saint Martin - Guadeloupe
Le jeudi 25 février, nous repartons naviguer ! Claudie et Hervé de « Happy » sont retournés dans l’Hexagone pour un mois, et Joëlle et Philippe sont à Saint Martin depuis quelques temps déjà. Les rejoindre, dès que nous aurons une météo favorable, nous permettra de les revoir avant qu’ils ne partent naviguer vers la République Dominicaine et le Guatemala…
Nous commençons notre périple en redescendant vers l’archipel des Saintes, afin d’avoir une escale confortable sur la route vers le Nord. Après un bord de près bon plein, avec 20 à 25 nœuds de vent pour nous éloigner du Petit Cul de Sac du Marin au Sud de Pointe-à-Pitre, nous pouvons abattre et filer, vent travers vers la balise de la Baleine au nord des Saintes. Trois heures de navigation, un peu secouée, dans une mer agitée et une houle importante ! Mais nous retrouvons les plaisirs de la navigation après ces dix jours de tourisme à la marina.
Nous trouvons une bouée de libre, dans l’Anse Sous le Vent de l’îlet à Cabrits et nous y restons quatre jours dans l’attente d’une amélioration de la météo qui nous permette de remonter le long de la côte ouest de la Basse-Terre jusqu’à Deshaies.
C’est, une fois encore, l’occasion pour nous de flâner sur l’îlet : le Fort Joséphine, les redoutes sur les pointes Bombarde ou Cabrit,
Au bord de l’eau jusqu’à la plage de l’UCPA, avec une épave de saintoise et les restes d’installations pour entreposer les planches à voile.
Certains matins, nous sommes partis à la recherche d’œufs frais, mais les flancs escarpés des mornes, avec une végétation pas toujours accueillante, et notre difficulté à repérer où les poules peuvent se cacher pour pondre ne nous ont pas permis de piller l’île !
Un premier œuf s’est révélé trop vieux pour être consommé et le deuxième était frais du jour. Les poules peuvent dormir tranquilles, nous sommes de piètres robinsons ! Les roches qui bordent l’Anse Sous le Vent offrent de beaux paysages sous-marins et nous y nageons de longs moments.
Le mardi 2 mars, nous appareillons pour Deshaies. Le canal entre les Saintes et la Basse-Terre est un peu agité, comme toujours, mais nous avançons rapidement au travers, jusque vers Basse-Terre ; puis le moteur va nous permettre de ne pas trop perdre de temps le long de la côte. Après nos explorations en voiture, nous savourons de reconnaître la côte depuis la mer. Une cheminée fume au nord de Basse-Terre et les champs de canne tout autour commencent à être moissonnés, créant des taches brunes au milieu du vert tendre. En atteignant le nord de l’île de la Guadeloupe, nous retrouvons du vent et terminons au près, arisés notre navigation. Nous mouillons dans l’anse de Deshaies en fin de matinée ; cela nous laisse du temps, dans l’après-midi pour établir la clairance de sortie du territoire.
Le magasin « Le Pélican » qui assure ce service de douane est fermé ; mais nous nous enquérons, sans le savoir, de son ouverture auprès de son propriétaire, qui discute en dégustant une bière, sur le trottoir. Il accepte d’attendre que nous allions chercher les papiers du bateau et de nous ouvrir le magasin, fermé par manque d’activité, afin d’effectuer les formalités. Ainsi, nous pourrons appareiller le lendemain, sans devoir retourner à terre...
Pour rallier Saint Martin depuis le Nord de la Guadeloupe, une navigation de près de 150 milles nous attend, soit vingt-cinq heures de mer, en direction du Nord puis du Nord-Ouest. Notre route nous fait passer entre les îles de Montserrat, Nevis, Saint Kitts, Statia et Saba à l’Ouest, et Antigua Barbuda et Saint Barthélémy, à l’Est. Certaines sont plus éloignées que d’autres, mais la navigation nocturne les rapproche d’une certaine façon par leurs éclairages ou les halos de lumière qu’elles génèrent au loin ; et au petit matin, leurs masses brunes apparaissent dans le soleil levant, avec le mystère de la découverte de leur physionomie. Les conditions de navigation sont confortables avec un vent d’est-sud-est clément qui nous pousse tranquillement vers notre destination.
Dans le Sud et l’Ouest de Saint Martin, des paquebots en attente de passagers, tournent au ralenti, avant de regagner les quais occupés de Philipsburg, où ils sont consignés. Nous contournons la partie hollandaise de l’île découvrant ses immeubles et buildings qui semblent des défis aux cyclones, mais également ses plages de sable clair ; nous sommes éblouis par les eaux turquoises de la baie de Marigot où nous mouillons en milieu de matinée, après une navigation agréable sous un beau ciel étoilé.
Nous sommes accueillis par Joëlle et Philippe qui, sur « VoileOvent » sont là depuis plusieurs jours, et nous retrouvons également Cathy et Carlo sur « Tépardy ». Philippe nous emmène en annexe faire notre clairance à « l’Ile Marine ». C’est pour nous l’occasion de commencer à repérer les lieux. La baie de Marigot court le long d’une bande de sable, « Sandy ground », derrière laquelle un vaste lagon abrite des chantiers, la Marina Royale de Marigot, et plus loin toutes les installations hollandaises. Côté français, on y accède par un chenal le long duquel est installé le shipchandler « l’Ile Marine », auprès duquel, une fois le bateau enregistré, il est possible de se fournir en matériel hors taxe.
Nous restons une dizaine de jours à Saint Martin, sur le mouillage de Marigot, plus ou moins confortable selon la houle et le vent, mais aux eaux toujours turquoises. Ces jours nous sont nécessaires pour « apprivoiser » cette île déconcertante. Découverte par Christophe Colomb le 11 novembre 1493 (d’où son nom), elle a été occupée par des Espagnols, des Hollandais et des Français, sans compter les querelles avec les Anglais ! En 1648, eut lieu le partage entre la France et la Hollande. L’histoire raconte que chaque pays dut choisir un marcheur ; partis dos à dos du même point et marchant le long du littoral, leur point de jonction servirait à établir la frontière, en fonction du territoire couvert par chacun. De ce fait, les Français obtinrent 54 km² de l’île et les Hollandais 32 km². Le Français a-t-il couru ? ou son stimulant (du vin) a-t-il eu davantage d’effet que celui du Hollandais (du gin) ?
Une carte dévoile un aspect important de l’île : outre l’immense lagon de Simpson Bay, dans la partie sud-ouest, de nombreux étangs sont en retrait des principales plages. Ces salines ont été exploitées jusque vers le début des années soixante dans les étangs de Grand Case, Chevrise, Quartier d’Orléans, Great Bay. Plantations sucrières et culture du coton ont été également des ressources importantes avant que l’essor du tourisme ne prenne le pas sur ces dernières, grâce notamment à la construction d’un aéroport international, dans les années 50, dans la partie hollandaise de l’île (Princess Juliana Airport). La partie française est, depuis juillet 2007, Collectivité Territoriale d’Outre-Mer, dépendant du Préfet de la Guadeloupe ; la partie hollandaise est, depuis Octobre 2010, un état autonome rattaché au Royaume des Pays-Bas. La frontière entre les deux parties est bien signalée par des drapeaux et des panneaux, mais on circule librement sur toute l’île, seules les plaques d’immatriculation des voitures permettent de connaître l’origine de son conducteur. Du fait de ces particularités administratives et géographiques, on parle d’abord anglais, avant de poursuivre en français, selon son interlocuteur ; l’espagnol et un créole propre à Saint Martin sont également très répandus, la communauté haïtienne étant assez importante sur l’île.
Un premier tour à terre, le jour de notre arrivée, dans la ville de Marigot, capitale de la collectivité française, nous a surpris : dans la ville, église sans toit, mais aux peintures de façade récentes, vieilles cases à moitié effondrées côtoient des maisons créoles restaurées avec des boutiques de luxe.
En front de mer, certains anciens restaurants sont toujours éventrés et la végétation y reprend ses droits ; sur la place du marché, des bâches recouvrent toujours les toits des cases et boutiques, à moitié fermées, tandis que des containers alignés sur le reste de la place abritent différents bars et restaurants, en cours d’installation pour certains. Les blessures infligées par le cyclone Irma en 2017 sont encore bien visibles dans les rues et les paysages, mais également, et surtout, dans les cœurs et les esprits des habitants, lorsqu’ils en parlent, avec beaucoup d’émotion.
Joëlle et Philippe nous servent de guide pour un tour de l’île en voiture ; montant au point culminant, le Pic Paradis (425m), nous parcourons du regard la côte au vent, ses récifs, ses plages, ses étangs, avant de découvrir l’immense lagon de Simpson Bay et les plages sous le vent.
La baie de Grand-Case nous dévoile sa longue plage de sable ; en arrière de la plage, le bourg s’étire le long de la rue principale, avec des cases encore éventrées, des restaurants et bar fermés qui côtoient de belles rénovations.
Le toit au-dessus du chœur de l’église est encore recouvert de bâches. Joëlle et Philippe, qui étaient déjà venus en 2019, nous parlent d’un spectacle de désolation très impressionnant et admirent les reconstructions.
Le détour par l’Anse Marcel est surprenant par la route qui y conduit tout d’abord ; elle grimpe à l’assaut d’un col élevé qui sépare le Cul de Sac de l’Anse Marcel. Puis la redescente sur l’anse offre une vue plongeante sur cette anse et son port qui paraissent si protégés et qui ont terriblement souffert d’Irma ; on nous a parlé de catamarans envolés dans les arbres ! Les abords de l’anse sont un vaste chantier et dans la marina, la capitainerie n’est toujours pas reconstruite…
Sur la côte au vent, les sargasses déposées au fond de la baie de Cul-de-Sac n’incitent pas à la baignade, ni même à une longue halte. Pourtant le site de cette baie protégée par l’île Pinel est beau. Plus loin, nous parcourons les splendides lotissements construits au-dessus de la Baie Orientale, une des plus longues plages de sable blanc que nous apercevons en prenant de la hauteur.
C’est à Oyster Pound, l’Etang aux Huitres, que nous mesurons encore davantage les dégâts causés par Irma. Avant d’y parvenir, des petits immeubles de bord de mer restent branlants sur leurs fondations, malmenés par les vagues de l’ouragan et offrent un spectacle désolant avec leurs façades sans plus aucune fenêtre ni porte.
Dans l’Etang, l’ancienne marina « Captain Oliver » porte toujours les stigmates du cyclone : pieux tordus, voiliers coulés, pontons branlants et capitainerie éventrée.
Il semblerait que des difficultés administratives n’aident pas à une éventuelle réhabilitation du site. En face, sur la langue de terre fermant la baie, des immeubles rénovés, repeints à neuf brillent au soleil. En face, c’est le début de la partie hollandaise !
Contrastant avec les paysages des anses de sable, des étangs, des mornes et pitons à la végétation très sèche en cette saison, la capitale hollandaise Philipsburg est surprenante. Construite sur la langue de terre séparant Great By de son étang, la vieille ville hollandaise est formée de quelques artères parallèles au front de mer ; c’est là que, en temps ordinaire, les paquebots accostent et débarquent leurs flots de passagers en quête de produits détaxés : joaillerie, électronique, Hi-Fi, vêtements… Quelques bâtiments rappellent bien la présence hollandaise comme « Court House », l’ancien palais de Justice, ses églises et l’horloge si anachronique sous ces latitudes.
Le front de mer et la plage sont déserts, rares sont les bars ou restaurants ouverts, et les boutiques ouvertes dans les rues marchandes, attendent avec résignation les éventuels clients…
Notre tour de l’île se poursuit vers l’Ouest, vers Simpson Bay et Simpson Lagon : l’activité nautique et le tourisme qui lui est lié, semblent concentrés ici : dans le lagon, de nombreux yachts de toutes tailles apparaissent entre les immeubles. Après l’aéroport, le terrain de golf de Mullet Pond est quelque peu desséché ; puis nous réabordons la partie française après l’urbanisation dense de la hollande, le quartier résidentiel des Terres Basses, où de longs murs ou haies protègent de vastes propriétés réparties sur cette péninsule à l’extrême ouest de l’île.
Cette journée nous a permis de commencer à appréhender cette île si différente de celles que nous avons pu visiter jusqu’à présent. L’influence américaine s’y fait fortement ressentir dans les approvisionnements du supermarché, qui offre un mélange de produits français et de produits « aseptisés » américains. Néanmoins dans les petites épiceries et sur quelques stands au bord de la route on peut trouver quelques fruits et légumes qui ne sont pas passés au réfrigérateur.
Nous restons sur rade à Marigot le reste de notre séjour, rendant visite régulièrement à VoileOvent qui est au chantier à terre, dans le lagon. Pour cela, nous rejoignons en annexe le ponton d’accès dans le chenal. Le trajet simple en apparence, depuis le mouillage jusqu’au ponton du chantier, peut se compliquer en cas de vent fort, avec notre petite annexe à fond gonflable et notre petit moteur de 2,5cv, capricieux. En panne dans le chenal, remonter au vent à la rame a été difficile ; heureusement l’entraide existe et nous avons été rapidement remorqués jusqu’à notre bord. Après un nouveau nettoyage du carburateur, les caprices de moteur hors-bord semblent avoir disparus ! Nous suivons l’avancement des travaux sur VoileOvent : dépose et pose d’un nouveau sondeur, et surtout recherche avec l’aide d’un mécano, de la solution pour améliorer le réglage des hélices à pas variable, montées chacune dans un sens différent ; ce dysfonctionnement dure depuis longtemps et perturbe la bonne marche des moteurs. Finalement, cette escale technique un peu longue leur permettra de résoudre enfin ce problème. Lors de nos visites, nous rencontrons le mécano et l’interrogeons sur un souci sur notre moteur, qui ne démarre qu’après avoir toussé… Sans doute une prise d’air ? Nous vérifions les têtes d’injecteurs, et après en avoir resserré une, cela semble aller mieux…
Déambulant régulièrement dans les rues de Marigot, nous nous acclimatons à cette ville, qui a, hélas, tout d’une petite capitale avec ses embouteillages, mais aussi ses voies parallèles moins agitées, son grand bazar, ses petites cases colorées, ses bouts de jardins, ses arbres en fleurs, et ses peintures de rues.
Le Fort-Louis domine Marigot et sa rade. Construit en 1789 sur un morne au Nord de la baie, il a servi de défense pour protéger Marigot et ses entrepôts. La ville n’avait alors aucune protection et était régulièrement pillée par des incursions de corsaires anglais ou de flibustiers. Voici ce qu’écrivait le Chevalier Descoudrelles, commandant de Saint Martin et Saint Barthélémy en 1764 : « Le plus grand obstacle à l’établissement solide de Saint Martin est la manière cruelle dont les Anglais en ont toujours usé avec les habitants de cette isle qui a toujours été prise par des armements de corsaires ou de particuliers qui en ont expulsé les habitants à chaque fois après leur avoir pillé et brûlé tout ce qu’ils avaient ». Aujourd’hui abandonné, le fort est un lieu de visite avec quelques panneaux explicatifs, quelques restes de chariots de canons et surtout un magnifique point de vue sur le site de Marigot : la ville qui s’étend dans les marigots asséchés, la rade et sa marina Fort-Louis, tout en rond derrière ses pales-planches. Plus loin, Sandy Ground, la langue de sable séparant la baie du lagon, et en arrière-plan les constructions de la partie hollandaise.
Cette escale nous permet également de régler l’écoute de notre grand-voile, en ajoutant un anneau de friction en bout de bôme pour son passage ; au près serré, cela nous permet de gagner en qualité de réglage de la grand-voile. Notre dispositif précédent a été démonté lors de la peinture des bômes, et la réinstallation de ce nouveau dispositif a nécessité de faire sauter les rivets qui maintenaient le cache du bout de bôme, pour accéder au rail sur lequel faire glisser et bloquer un coulisseau qui supportera l’anneau de friction. Puis il a fallu remonter le cache de bôme, en trouvant vis et rondelles adaptés, le tout en prenant garde à ne pas érafler la nouvelle peinture !
Ensuite quelques petites heures sont consacrées à la vidange de l’huile du moteur, avec l’aide de Philippe. Enfin, une inspection de routine du moteur nous fait suspecter une fuite d’huile sur l’inverseur. Nous allons surveiller cela de près. Nous faisons le plein d’eau à la pompe dans le chenal devant « l’Ile Marine ». Le courant rend la manœuvre difficile, et nos amis Cathy et Carlo de « Tépardy » (un Amel 54), nous apprendrons qu’ils effectuent cette manœuvre en marche arrière. Nous retenons leur conseil pour une prochaine fois…
Cette vie au mouillage devant Marigot est surprenante. L’île de Saint Martin est une escale importante où se prépare souvent la transatlantique retour. Les accastilleurs sont nombreux, et bien achalandés. Souvent situés dans le lagon de Simpson, ils sont accessibles en voiture (mais ce n’est pas toujours aisé de les trouver) ou en annexe. La vie devient ainsi plus trépidante, plus citadine. Pour l’instant, il est temps pour nous de laisser Joëlle et Philippe sur le chantier pour la fin de leurs travaux et de rejoindre Saint Barthélémy pour une courte escale qui nous permettra de retrouver Estelle et Benoît, ainsi que leurs deux petites filles. Ces amis de nos enfants vivaient à Marseille sur leur bateau (un Sunshine 36), puis l’ont préparé à Argelès pour la traversée qu’ils ont réalisée en décembre 2020. Ils sont installés au mouillage de Gustavia pour la saison.
Nous contournons l’île de Saint Martin par le Nord et l’Est, pour rallier Saint Barthélémy, au moteur, par une journée sans vent, et admirant toujours la couleur de l’eau !
Après le tour de l’île en voiture, nous apercevons par la mer les différentes plages et anses trop vite vues lors de ce séjour. Nous passons sous le vent de l’île Tintamarre, au nom surprenant,
gagnons l’île Fourche
puis un détour par l’Anse Colombier avant de mouiller à Gustavia. Tous ces noms évoquent des lieux et laissent entrevoir, de loin, des sites que nous espérons bien visiter plus longuement.
A notre arrivée à Gustavia, le mouillage entre la pointe du Fort Oscar, et les Gros Ilets est bien plein, et nous cherchons longuement où mouiller sans nous faire déloger par un marin inquiet pour son ancre lors des évitages de la nuit !
La conjonction entre l’éclairage du soleil et le vent nous offre une eau d’une limpidité incroyable, d’un bleu-gris très surprenant. Outre les ancres des voisins, on distingue parfaitement, par six à dix mètres de fond, les tortues, rémoras et autres poissons nageant paisiblement. Le mouillage n’est pas très confortable, plutôt rouleur, mais cela ne nous empêche pas de passer une excellente soirée en compagnie d’Estelle et Benoît ; nous nous quittons dans la nuit, en nous promettant de revenir les voir et découvrir avec eux cette île dont le nom fait tant rêver.
Nous appareillons tôt le lendemain, souhaitant rejoindre la Guadeloupe sans tarder. Nous espérions y retrouver des amis de Marseille, venus naviguer depuis la Martinique, mais les conditions sanitaires leur ont fait annuler ces vacances. Par ailleurs, Pierrick, sur son SuperMaramu 2000 « Eloyse » remonte depuis Grenade pour nous retrouver en Guadeloupe.
A notre départ de Gustavia nous avons attendu le vent au moteur. Passant les dernières pointes et ilets qui débordent au sud de l’île, une petite brise d’est commence à se faire sentir ; nous hissons les voiles, coupons le moteur et entendons le souffle d’une baleine venue reprendre sa respiration jutes à l’avant du bateau ! Curieuse, celle-ci vient nager sur notre bâbord, passe sous le bateau, avance à notre petite allure sur notre tribord, nous montrant son ventre clair, puis finit par s’éloigner et plonge pour regagner les profondeurs.
Nous sommes en pleine saison de migration des cétacés et nous n’espérions pas une si belle rencontre ! De loin, nous apercevons encore quelques gerbes d’eau !
Jusqu’à Deshaies, la navigation est agréable ; nous sommes poussés par un léger vent d’est-nord-est, et la houle est longue, la mer peu agitée. Nous assistons à un coucher de soleil flamboyant sur Nevis, ses reflets roses irradiant le ciel à l’Est.
Peu de voiliers naviguent et dans la nuit, seul un yacht nous rattrape tout en se dirigeant à l’est vers Antigua.
A Deshaies, nous avons bien la certitude d’une fuite d’huile à l’inverseur. Nous prenons donc rendez-vous avec un mécanicien à la Marina Bas-du-Fort pour le lundi suivant et réservons également une place à la Marina.
Nous avons quelques jours pour redescendre le long de la Guadeloupe, découvrir l’Anse de Malendure ; cette réserve marine et l’îlet Pigeon, sont réputés, mais le temps est incertain et nous préférons gagner la plage de Malendure et faire un tour en palmes masques et tuba, le long de la pointe Malendure.
Nous ne serons pas déçus : lorsque les rayons du soleil traversent l’eau, le spectacle des gros poissons perroquets bleus, des tortues pas du tout farouches qui viennent nager entre les rochers est assez fascinant. Les poissons lions déployant leurs nageoires vénéneuses sont également impressionnants.
Après la côte sous le vent, nous gagnons les Saintes, pour une petite halte de deux jours. Tout est calme, le bourg vit au ralenti, il n’y a plus de touristes !
Samedi 20 mars, nous entamons la remontée vers Pointe-à-Pitre ; une fois encore, nous en avons pour quatre heures de navigation au près, dans une mer difficile, avec 25 à 30 nœuds de vent ; à l’arrivée dans le Petit-cul-de-Sac du Marin, un grain nous force à attendre une meilleure visibilité pour avancer dans le chenal du port. Au moins, le bateau et les voiles auront été rincés !
Nous sommes amarrés à côté d’un voilier que nous avions vu à l’îlet Cabrits précédemment et nous lions facilement conversation.
Cette escale nous permet de faire effectuer la réparation sur l’inverseur : Fred Marine a l’habitude de travailler sur des Amel, puisque la base des Antilles se trouvait auparavant à Pointe-à-Pitre. Il nous confirme la fuite d’un des deux joints spi, et après dépose de l’inverseur propose de changer les deux joints (avant et arrière). Ces travaux prendront la semaine. Pendant ce temps, nous faisons réviser notre voile d’artimon qui en a bien besoin ; et nous nous décidons à changer notre chaîne de mouillage bien rouillée et usée (elle commençait à sauter dans le barbotin). Comme le bateau est amarré cul à quai, la manutention pour retirer les soixante mètres de l’ancienne chaîne et installer les soixante-dix mètres de la nouvelle nous occuperont bien, sans compter le nettoyage de la baille à mouillage !
Corentin, notre voisin, est intéressé par la partie pas trop usée de la vieille chaîne ; nous la lui cédons volontiers…
Pierrick a rallié lui aussi la Marina Bas-du-Fort et nous sommes heureux de le retrouver, puis d’accueillir ensuite Cathy qui le rejoint depuis Nice. Dans nos derniers jours à la Marina, nous prenons le temps d’un déjeuner à bord avec Madeleine et Georges, maintenant à terre en Guadeloupe. Notre dernier repas partagé entre tous les six, remonte à novembre 2019, à Carriacou, lorsque nous remontions de Grenade de conserve avec « Eloyse », et que « Charisma » était en carénage et chantier à Tyrell Bay. Nous avons apprécié ce moment convivial et ces retrouvailles avant de reprendre la mer…
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