23 avril – 6 mai 2021 Saint Barthélémy
Après avoir fait le plein de bons souvenirs à Tintamarre, avec « Happy » et « VoileOvent », la petite flotille joue les prolongations et nous quittons ensemble le territoire de Saint Martin pour celui de Saint Barthélémy. Une quinzaine de milles les séparent, Saint Barthélémy étant dans le sud-est de Saint Martin.
Au départ de Tintamarre (au nord-est de Saint Martin), notre route est donc pratiquement plein sud, mais avec un vent entre 15 et 20 nœuds d’est-sud-est, et une houle assez forte, qui casse l’erre du bateau, il nous faut bien deux heures trente, au près pour atteindre l’île Fourche (ou Fourchue).
Saint Barthélémy est un archipel composé de l’île Saint Barthélémy elle-même et d’une série d’îles, îlets ou rochers entourés de récifs, sur tout son pourtour. Les îlets au nord font partie de réserves naturelles aux conditions d’accès très strictes et très limitées, et offrent, de plus, peu d’abris naturels. L’île Fourche, dans le nord-ouest de Saint Barthélémy présente une anse profonde offrant un beau mouillage sur bouées. Nous pénétrons dans l’anse, nous amarrons sur des bouées cycloniques bien espacées, permettant l’évitage des bateaux. Le site est magnifique, comme un demi cratère effondré dans la mer ; les roches ou coulées de laves donnent des teintes variées au site : gris ou brun de roches, taches vertes des différents bosquets d’agaves sur les flancs de la côte, ocre doré du sable de la plage et bleu-gris de l’eau profonde.
L’île est privée, mais s’y promener n’est pas interdit. Cependant, nous ne prendrons pas le temps de le faire. La houle enroule la pointe sud de l’île et pénètre dans l’anse rendant le mouillage peu confortable. Il est vendredi, en début d’après-midi, nous prenons rapidement la décision d’appareiller et de quitter ce lieu, qui semble réserver de belles promenades, sur terre ou dans l’eau, pour rallier l’Anse Colombier, au nord-ouest de Saint Barthélémy.
Ce mouillage est très abrité, ouvert à l’ouest, protégé de la houle par des récifs et roches au sud ; très prisé par les habitants de Saint Barthélémy, il est souvent bien rempli le week-end et nous espérons trouver encore des bouées de libre.
Nous sommes chanceux ! A notre arrivée, les bouées, en fond d’Anse, non loin de la plage sont libres et nous pouvons nous amarrer pour une ultime soirée ensemble. Les trois équipages partent à la découverte de ce mouillage dont le fond de l’anse est de sable doré ; quelques dunes, sur une partie, rejoignent les flancs des hauteurs qui enserrent l’anse.
Aux deux extrémités, des mornes couverts d’une végétation d’arbustes secs et de roches protègent cette anse profonde et large, et promettent de beaux récifs à explorer.
L’Anse Colombier sera notre mouillage de prédilection pour notre séjour à Saint Barthélémy, malgré son éloignement apparent de Gustavia.
Pour l’heure, nous effectuons notre clairance d’entrée par internet, et avons 24 heures pour nous présenter à la Capitainerie de Gustavia. Après une nuit calme, nous rallions les mouillages de Gustavia. Deux sites sont possibles, entre la Pointe Oscar et les Gros-Ilets, ou les Anses Corossol et Public, le long de la côte. L’orientation sud-est nord-ouest de cette partie de l’île, laisse toute sa place à la houle qui fait beaucoup danser les bateaux, surtout lorsque le vent baisse, la nuit ! Plus en terre, l’Anse Corossol est à peine plus abritée, et seules les places sur bouées (privées), très près de la côte, sont à peu près confortables.
Gustavia restera pour nous le « mouillage administratif », pour y confirmer la clairance d’entrée, y apprendre que nous devons nous soumettre à un test PCR, et pour y effectuer le plein d’eau, au quai devant la Capitainerie, au moment de la clairance de sortie. Un tour en annexe, jusqu’au ponton de l’Anse Public nous permettra de faire un plein d’essence pour l’annexe. Les pompes sont abritées dans un container, à l’extrémité du quai du port de commerce, près du ponton à annexes ; on demande par interphone, le déblocage du poste concerné et une fois le plein effectué, on va régler la note dans le bâtiment administratif situé à l’entrée routière du quai.
L’île de Saint Barthélémy n’est pas dépourvue d’autres anses, surtout sur sa côte nord ; toutes ces anses sont bordées de récifs coralliens, ouvertes sur l’Atlantique et ne présentent pas d’abris sûrs. Par ailleurs, l’ensemble des anses de la pointe nord-est de l’île (Marigot, Grand et Petit Cul-de-Sac) sont dans une réserve naturelle et le mouillage y est interdit. Au sud, l’Anse du Gouverneur, le Grande Saline, ou Grand-Fond, par vent d’est-sud-est, ne sont pas confortables entre récifs et houle. L’Anse Colombier est un havre de paix, et chaque heure du jour, avec un éclairage différent, offre une nouvelle vision du lieu ; les « paille-en-queue » et autre oiseaux marins s’y font entendre et admirer.
L’île de Saint Barthélémy, occupée par des Amérindiens, (Caraïbes, Arawaks, ou Taïnos) est découverte en 1493 par Christophe Colomb, lors de son deuxième voyage, qui la rebaptise du nom de son frère Bartolomeo. Comme pour les autres îles, l’installation des colons se passe mal, les Indiens massacrant les premiers d’entre eux. Ce n’est que vers la fin du XVII° siècle que des colons s’établissent plus durablement, la plupart originaires de Bretagne ou Normandie. Au cours de son histoire, l’île a appartenu à l’Ordre de Malte, de 1651 à 1665, puis la Compagnie des Indes Occidentales l’a rachetée avant qu’elle ne soit rattachée au domaine royal et à la Colonie de la Guadeloupe, en 1674. En 1784, la France cède Saint Barthélémy à la Suède, en échange d’entrepôts à Göteborg, avant que la Suède ne la rétrocède à la France en 1878. Elle est depuis le 15 juillet 2007, une Collectivité d’Outre-Mer. Son blason rappelle cette longue histoire et permet de garder également la mémoire de son nom indien : « Ouanalao ».
Toute en pitons et anses qui découpent sa côte, l’île offre 21 km² de paysages surprenants. Une journée de voiture, guidés par nos amis Estelle et Benoît, nous a permis d’en apprécier les caractéristiques principales, avant de passer davantage de temps dans l’un ou l’autre de ces endroits. La vitesse est limitée à 45 km/h sur l’île et il est, de toutes les façons, difficile d’imaginer rouler plus vite : les routes ne sont pas très larges, tortueuses, très pentues et des caniveaux profonds permettent l’écoulement des eaux de pluies. Dans ces conditions, chaque sommet de côte, chaque virage est une surprise.
Gustavia, capitale de l’île, doit son nom et son essor aux années suédoises ; l’abri naturel de son port forme une profonde calanque sud-est nord-ouest, protégée par des promontoires sur lesquels on a bâti les forts Gustav, dans la partie nord, et Karl et Oscar dans la partie sud. De ces ensembles défensifs, il ne reste que quelques ruines en cours de réhabilitation au fort Gustav, près du phare, et les dallages d’une redoute et un petit sentier botanique au fort Karl, tandis que le fort Oscar accueille la gendarmerie. Ces sites offrent de beaux points de vue sur la cité, caractérisée par ses toits rouges, ses rues parallèles et son plan d’eau très fermé ; plus loin, les Anses Public et Corossol offrent un abri à une myriade de voiliers mouillés.
A l’intérieur du port, quelques voiliers sont amarrés sur bouées à l’avant et à l’arrière, au milieu du plan d’eau, et le quai nord de la Capitainerie accueille, en temps normal, les grands yachts (du moins ceux qui peuvent entrer ; de plus grands encore, restent au mouillage à l’extérieur !). Nous n’en verrons que deux, lors de nos différents passages, la crise sanitaire ayant eu raison des rassemblements ou régates traditionnelles et réputées. Le quai sud est réservé aux vedettes de charters ou autres embarcations de taille plus « raisonnable ».
De sa période suédoise, le port a gardé la caractéristique d’être un port franc. De ce fait, les boutiques de luxe agrémentent la rue principale, du côté nord du port. L’église anglicane, et l’église catholique sont à l’abri, au fond du port, l’une derrière l’autre, chacune avec son clocher déporté ; en effet, placé sur un promontoire, on évitait ainsi le risque de chute des cloches sur le toit de l’église en cas de cyclone, et on permettait également que leur son soit entendu plus loin. Le clocher emblématique de Saint Barthélémy reste le clocher suédois, placé plus haut encore que les autres clochers, sur un promontoire rocheux, dans l’angle nord-est du port.
Il est caractéristique de l’architecture suédoise, en bois peint, et a été régulièrement restauré. Un peu plus loin, sur le même promontoire, se dresse un robuste bâtiment en pierre dont la construction a été entreprise au début des années 1800. Prévu pour être la première école de l’île, il servira de lieu de réunions, son sous-sol sera la prison locale ; depuis 1975, il abrite la Sous-Préfecture.
Déambuler dans les rues de Gustavia est plaisant : les maisons anciennes plus ou moins à l’abandon, en bois, aux couleurs délavées, ou en pierre, alternent avec de belles rénovations et de vives couleurs.
Cà et là, dans la ville des citernes en pierre rappellent que l’eau est une denrée précieuse ; l’île n’a pas de sources et outre la récupération de l’eau de pluie, vit grâce à une usine de dessalinisation installée à Public (elle utilise l’énergie produite par l’incinération des déchets). Sur la place de la Rétrocession, une belle demeure en brique attire les regards : construite en 1841 par un riche propriétaire, agrémentée d’un balcon en fer forgé, signalant les appartements du propriétaire, elle abritait au rez-de-chaussée, entrepôts et commerces. Tout est fait pour montrer la richesse et la réussite du propriétaire : habillage en briques, ou gouttières cachées dans une corniche qui couronne les façades de la maison.
Les quais au sud, ont des constructions plus disparates ; un grand incendie a ravagé en 1852, cette partie de la ville ; le maison Dinzey, dite le Brigantin, est l’une des rares rescapées de l’incendie ; soigneusement restaurée, elle abrite le Consulat suédois.
Sur le vaste terre-plein, à l’entrée sud du port, sous le fort Oscar, un grand bâtiment en pierres sur deux niveaux, dont on ignore la destination initiale, abrite le musée territorial et la bibliothèque. Plus loin, la place devant l’Hôtel de la Collectivité, est le lieu où se retrouvent les enfants, pour jouer en fin de journée, sous la surveillance tranquille de leurs parents. Lorsque les noix de coco sont mûres, la Collectivité les coupe et les laisse à disposition des passants. Politesse et bienveillance semblent être de mise dans ce port où les habitués ne cadenassent plus leur annexe, voire laissent le coupe-circuit à poste !
Pour visiter le reste de l’île, il ne faut pas avoir peur de grimper le long des routes raides qui quittent Gustavia. Après la montée vers le phare et le Fort Gustav, la route continue à flanc de piton, au-dessus de l’Anse Public et de ses installations portuaires et industrielles, pour arriver à un col, permettant de rejoindre le nord de l’île. Un rond-point y est aménagé, carrefour des routes venant du nord, de l’ouest, descendant à Gustavia ou à l’Anse Public : le rond-point de la Tourmente. Une des attractions de ce rond-point est d’y attendre le passage des avions qui, arrivant du sud-ouest franchissent ce col à très faible altitude avant de plonger dans la plaine de Saint Jean sur laquelle est aménagée la piste d’atterrissage. Une aire de stationnement est même aménagée qui permet de s’offrir quelques sensations fortes au passage des jets. Nous ne dérogerons pas à cette attraction, notant le prochain atterrissage prévu, mais l’avion léger attendu a choisi de contourner la piste et d’atterrir, poussé par le vent, arrivant par le nord-est !
L’autre intérêt de ce rond-point est le monument « l’Arawak », érigé en son centre, symbole de l’âme de Saint Barthélémy : un guerrier amérindien, armé d’une lance dans la main droite protège son rocher (l’île en miniature) ; il souffle dans un lambi qu’il tient dans l’autre main, faisant entendre le cri de la nature ; à ses pieds se tiennent deux animaux : un pélican, symbole de l’île, qui évoque l’air et la survie par la pêche, et un iguane, qui évoque la terre, la sagesse et la patience !
En bas du col de la Tourmente, la plaine de Saint Jean, à la jonction entre les deux parties de l’île, est la zone commerciale, construite autour de l’aéroport (station essence, location de voitures, banques, caserne pompiers, stade…). Mais ici, on a pris soin d’ériger des bâtiments dans l’esprit de l’architecture de l’île, et il est presque difficile de repérer le Super U, tant son enseigne est discrète, avec son toit parking et ses alentours arborés, cachant la structure métallique de l’ensemble.
Après la plage de Saint Jean, vers l’est, la route s’élève sur un morne dégageant une belle vue sur l’Eden Rock, l’hôtel édifié par Rémy de Haennen, sur le promontoire qui divise la baie de Saint Jean en deux parties.
A Lorient, la deuxième église catholique de l’île et son clocher déporté, s’élèvent sur le promontoire qui domine la plaine côtière, le cimetière puis la plage. Les cimetières à Saint Barthélémy sont remarquablement entretenus, en particulier celui-ci puisque c’est ici que se trouve la tombe de Johnny Halliday. Tout est d’une blancheur éclatante : sable blanc, croix blanches, lambis blanchis par le soleil ; les notes de couleur sont apportées par la peinture des murs de l’enclos et par les nombreuses fleurs artificielles qui décorent les tombes.
Fleurs artificielles pour éviter au maximum les eaux stagnantes et la prolifération des moustiques. Dans ce décor, la tombe de la star se remarque par la quantité de fleurs en bouquets ou représentant des guitares ou motos, mais sans plus d’ostentation.
A l’entrée arrière du cimetière, une dalle noire se remarque : c’est l’ossuaire, dans lequel on recueille les restes des défunts quand les raz-de-marée cycloniques ont envahi et perturbé l’agencement serein des tombes dans le sable.
On accède à la plage de Lorient par des chemins de sable entre les murs des propriétés ; un surf brisé lors du passage d’Irma, artistiquement restauré, indique le passage, ainsi qu’un panneau en carreaux de céramique reproduisant la plage.
Un peu plus loin, des canettes vides, suspendues teintent en s’entrechoquant : ce sont des cendriers de plage qu’on est invité à prendre en arrivant et à redéposer ensuite…
Il en est ainsi sur chacune des plages de l’île avec des motifs variés. Une artiste installée depuis 23 ans à Saint Barthélémy, Véronique Vandernoot, a proposé à la Collectivité en 2007, l’installation de ces panneaux à l’entrée des plages, apportant leurs belles touches colorées aux sites.
Plus intime l’Anse de Marigot est surprenante avec ses propriétés et ses gazons venant jusque sur les dalles et roches des bords de l’anse.
Le Grand Cul-de-Sac, ensuite, est une longue plage de sable blanc, séparée de Marigot par un isthme couvert de cocotiers.
Nous sommes ici dans la zone de protection renforcée de la réserve et on ne marche sur le sable que pieds nus, chaussures ou tongues à la main.
Comme son nom l’indique, le Petit Cul-de-Sac, au nord-est, est de dimensions moindres, mais offre une belle plage de sable blanc, relativement protégée de la houle du large.
Un sentier suit son côté est, indiquant l’accès à une piscine naturelle. Nous le suivons, passant la pointe qui ferme l’anse, poursuivons notre recherche du sentier le long de la plage de gros galets et coraux battue par l’Atlantique, montant ensuite sur un morne, à la pointe nord-est de l’île, souvent arrêtés par des panneaux indiquant des propriétés privées, n’osant pas poursuivre davantage dans les terres à la recherche d’une piscine naturelle creusée par les flots. Mal chaussés, nous faisons demi-tour, nous promettant de nous renseigner sur le bon chemin pour accéder à ce site, vanté dans les dépliants touristiques de l’île, sans indication de parcours…
Au sud-est, protégée par la pointe du même nom, l’Anse Toiny est un lieu idéal pour un pique-nique et un bon moment de repos, à l’abri des cocotiers et parasols et dans les transats de l’hôtel du lieu, fermé en ce moment.
La houle vient un peu battre la plage ou déferler sur les récifs, et la piscine, accessible, offre une bonne détente. Nous découvrons les « cases à vent » : datant du XVIII° siècle, elles étaient construites avec du corail, du bois de mancenillier ou de récupération ; trapues, elles sont conçues pour limiter la prise au vent et sont caractéristiques de cette partie de l’île « au vent » ; elles vont par deux, l’une pour l’habitation, l’autre pour la cuisine et la citerne.
Elles paraissent vraiment faites pour servir d’abri quand on ne peut plus vivre dehors ! Un chemin, en balcon au-dessus du complexe hôtelier dévoile les fonds sous-marins de la baie, par un jeu de couleurs, variant les tons de bleus et de verts.
Plus loin, ce chemin conduit à la pointe Toiny : roches et ronces constituent ce paysage sauvage, sec et brun ; côté Atlantique, la mer frappe les roches à grand bruit.
L’Anse Toiny se poursuit vers le sud-ouest par l’Anse de Grand-Fond, belle plage de sable blanc où la mer déferle fortement, prolongée dans les terres par une vaste plaine agricole, avant que la route ne s’élance à l’assaut des mornes qui l’entourent, révélant ainsi de belles perspectives sur le site.
Un détour entre les mornes à l’intérieur des terres, permet de rejoindre l’anse suivante : l’Anse de la Grande Saline.
Ici aussi, comme pour la plupart des anses de la partie est de l’île, des étangs et lagunes forment l’arrière-plage. Mais ici, comme son nom l’indique, les marais salants ont été exploités dès 1651, quand l’Ordre de Malte acquit l’île. Les récoltes de sel ont été arrêtées en 1972, façonnant le paysage tant par ses digues orthonormées que par les degrés de couleur de l’eau, rougie par la forte concentration en sel.
Une reprise de l’exploitation, au titre du patrimoine, est en cours. Ce qui caractérise également cette anse est la grande dune de sable qui constitue une barrière naturelle à la houle cyclonique. Une carrière dans une partie de la dune a menacé cette protection et un seul chemin d’accès à la plage, à travers les dunes permet leur préservation et régénération.
Pour accéder à l’Anse du Gouverneur, un autre détour autour du Morne de Lurin. C’est l’occasion de deviner de belles et vastes propriétés en balcon au-dessus de l’anse ou cachées dans la verdure, à l’arrière de la plage.
Chacune de ces plages paraît accueillante, aux couleurs et décors de carte postale, avec eau claire et sable lumineux, même si dans les faits les rouleaux et courants rendent certaines d’entre elles très dangereuses. L’anse suivante, Anse des Galets, est assez surprenante : comme l’indique son nom anglais « Shell Beach », le sable blanc a laissé la place aux coquillages apportant une teinte rosée à la plage.
Située juste derrière le port de Gustavia, elle est un lieu de détente d’accès facile et rapide. La cour de l’école maternelle s’ouvre à l’entrée de la plage, offrant un beau cadre aux enfants !
Dans la partie ouest de l’île, quelques anses importantes sont ouvertes sur l’Atlantique, protégées quelque peu par les îlots qui entourent l’île au nord. La plus importante, l’Anse des Flamands est soigneusement entretenue, mais étant donné sa situation, les rouleaux y sont fréquents. Plus à l’ouest, la Petite Anse est surprenante avec sa petite plage protégée par des rochers formant une anse dans l’anse, idéale pour la baignade des enfants à l’abri des rouleaux, et pour la découverte des fonds.
Cette partie de l’île est moins large et une chaîne de mornes s’étire depuis le Col de la Tourmente, jusqu’à Colombier. La route jusqu’à Flamands, depuis le Col descend le long des plages, celle jusqu’à Colombier est en balcon au-dessus de Corossol, mais elles ne se rejoignent pas à l’extrême nord-ouest de l’île. Pour rejoindre l’Anse Colombier, il faut donc poursuivre à pied.
Depuis Flamands, un sentier à flanc de morne traverse une forêt sèche où les arbres n’ont plus que quelques fruits, ou de rares feuilles, entre les cactus cierges, passe sous d’énormes boulets de lave que le vent et l’érosion ont travaillés, arrachant les pierres prisonnières et créant des cavités à l’intérieur, et leur donnant des formes d’animaux fantastiques…
C’est le royaume des chèvres et cabris, tortues et iguanes. A la fin de la route, au début du sentier, une vaste cuvette est dédiée au dépôt de tout ce qu’ils peuvent manger, (une bonne manière de régler la question des déchets alimentaires !) et il n’est pas rare, en fin de journée, de voir les tortues s’avancer vers nous, en quête de ce que nous pourrions déposer dans la cuvette vide !
Depuis Colombier, un petit belvédère permet d’appréhender le site de l’Anse Colombier et de la Petite Anse après Flamands. Puis un sentier avec des marches aménagées descend rapidement vers l’anse, laissant sur la gauche une route qui mène à la propriété Rockefeller (une des premières grandes propriétés de l’île) aujourd’hui abandonnée, sur un col entre l’Anse Colombier et l’Anse Petit Jean. La même tonalité de bruns agrémentés de vert, que sur l’autre sentier, contraste avec le bleu de l’eau de l’anse en contrebas.
L’Anse Colombier est protégée au nord par un petit morne relié à la chaîne des mornes de l’île par un col séparant l’anse, accueillante, sous le vent, d’une autre toute en roches battues par l’Atlantique qui tient lieu de piège à sargasses.
De ce petit col, la vue sur l’Anse Colombier est belle et apaisante ; bien à l’abri de ses pointes qui s’avancent vers le large, l’eau est calme et se pare de teintes variées selon les fonds.
Vivre au mouillage à l’Anse Colombier est un peu une manière de vivre hors du temps. Une fois l’annexe à terre, quinze à vingt minutes de marche sont nécessaires avant d’arriver à une route ! Heureusement, à Flamands, une petite superette bien achalandée permet des achats. Mais si on veut pousser plus loin l’exploration pédestre, il ne faut pas avoir peur des pentes raides des mornes. Ainsi, partis vers Flamands, nous avons voulu rejoindre Colombier, et avons suivi une route fort raide, le long de laquelle les maisons s’accrochent aux rochers des mornes. Les paysages ainsi découverts nous ont bien récompensés de nos efforts ; si la saison sèche donne une teinte plutôt brune aux mornes sauvages, dans les propriétés, les fleurs ou les peintures des façades apportent de vives couleurs qui égaient les mornes.
Cà et là, quelques plans de coton subsistent et les touffes blanches surprennent, faisant le bonheur des colibris et autres oiseaux pour construire leurs nids. L’habitat est dispersé sur les flancs de ces mornes, et pour simplifier la tâche du préposé à la distribution du courrier, les boîtes aux lettres sont regroupées, par quartiers, dans des carbets bien utiles également pour s’abriter des grains !
Ce temps sur Saint Barthélémy a été l’occasion de nombreuses rencontres et de moments d’amitié riches et chargés d’émotion.
Ainsi, après un ultime dîner ensemble, nos routes se sont séparées d’avec Joëlle et Philippe de « VoileOvent » qui programment de rallier le Guatemala pour la prochaine saison cyclonique. Nous quittons en fin de matinée l’Anse de Colombier pour rejoindre Gustavia et effectuer nos formalités administratives ; longeant le bord du catamaran, nous nous saluons une dernière fois, avec émotion, nous souhaitant réciproquement de belles navigations et de belles découvertes ; puis, reprenant notre route, nous pouvons essuyer une larme discrète… Le contact n’est pas perdu pour autant grâce aux liaisons par internet, mais cela faisait trois ans que nous naviguions non loin les uns des autres…
Estelle et Benoît mouillés à Gustavia, pour pouvoir y travailler, nous ont fait découvrir l’île en toute simplicité, et en nous partageant leurs coups de cœur, nous permettant, tout en faisant du tourisme, de passer un bon dimanche « en famille » avec leurs deux petites filles (4 et 2 ans) ; ils viendront le mercredi, passer une journée au calme, sans roulis, au mouillage de Colombier, profitant de la belle plage entre amis.
Hervé et Claudie sur « Happy » rejoignent des amis à Gustavia quelques jours puis reviennent dans le calme de Colombier avant de repartir vers Saint Martin.
Pascale et Bertrand, sur « Antinéa », un Amel 54, font également halte dans l’Anse Colombier. Nous nous sommes rencontrés à la marina Bas-du-Fort, et avons sympathisé. Arrivés en Caraïbe depuis une petite année, ils souhaitent parcourir les beaux sites maritimes de notre planète, et projettent donc, après cette partie de l’Atlantique et poursuivre leur exploration au-delà du Canal de Panama. Avec eux, nous avons vainement cherché la piscine naturelle de Petit Cul-de-Sac, puis visité d’autres anses de l’île. Avec eux, également, nous partageons des moments conviviaux sur nos bateaux, relatant nos découvertes sous l’eau ou dans les autres îles caribéennes.
Prolongeant plus que nous, leur séjour dans l’Anse Colombier, ils réussiront (après avoir glané des informations) à rejoindre les bassins de la piscine naturelle du Petit Cul-de-Sac, nous décrivant en détails l’accès au site ; lors d’un prochain passage sur l’île, nous ne manquerons pas de tenter la balade à nouveau.
C’est durant ce séjour à l’Anse Colombier que nous ferons davantage connaissance avec Frédérique et Patrice, sur leur Swann 39, « Brendan ». Avec eux, nous avions visité Cariacou, en compagnie également de Joëlle et Philippe, durant l’été 2019. Nous nous sommes souvent croisés, échangeant volontiers sur nos navigations. Ici, la marche entre l’anse et Flamands, ou les dîners partagés ont permis d’approfondir et d’apprécier ces relations.
Lydie et Michel, sur « Arcadia II » sont également pour quelques jours sur le mouillage et nous les retrouvons avec plaisir.
Et puis, Michèle et Manu, sur « Martin II » ont quitté la Martinique pour les îles du Nord. Le mouillage se remplit de bateaux français, avec des familles à bord. Toutes ont un lien avec l’une ou l’autre d’entre elles, par des groupes de discussions sur les réseaux sociaux, par des rencontres précédentes, par les « Colibris ». Michèle et Manu fédèrent ces enfants voyageurs pour qu’ils échangent ce qu’ils vivent entre eux, ou avec des classes engagées dans cette aventure, en différents lieux de France. A leur initiative, un grand apéritif nous réunit sur la plage un soir. Nous faisons connaissance avec les « Cataprofité » et leurs cinq enfants (dont nous avions déjà entendu parler par Joëlle et Philippe), les « Kumbaya » et leurs quatre enfants, les « Aquavel » et leurs deux enfants, les « Be Happy » et leur fils ; chaque famille nous devient familière à travers le nom de son bateau qui lui tient lieu de maison. Chacune a son projet, son histoire : celle qui achève une année de navigation et se prépare à retraverser l’Atlantique, celle qui est partie pour vivre en famille, sur l’eau, autour du monde, déscolarisant les enfants, ce qui n’empêche pas l’aînée de dévorer des livres, celle qui part à la découverte du monde suivie par les équipes de TF1 pour la série « Familles XXL »… Nous sommes quelque peu admiratifs de leurs choix qui nous ont fait rêver, plus jeunes et que nous avons posés bien plus tard. La nuit est tombée, une quinzaine d’enfants de 15 à 1 ans joue dans les dunes ou au bord de l’eau, et les seuls cris que nous entendons sont les encouragements lors des jeux. La sérénité, la gentillesse et la bonne humeur sont au rendez-vous ! Le dimanche suivant cette quinzaine d’enfants vivra une journée « Colibris » avec Michèle et Manu dans les mornes au-dessus de l’anse, toute en découvertes de l’endroit.
La vie à l’Anse Colombier s’organise : selon les bouées sur lesquelles nous sommes amarrés, nous captons plus ou moins bien le réseau internet. Nous louons une voiture à l’aéroport afin de pouvoir nous rendre régulièrement à Gustavia pour régler des dossiers administratifs et vérifier nos boîtes aux lettres, et faire les approvisionnements. La longue marche jusqu’à l’aéroport nous a été épargnée grâce à l’un d’entre nous qui a déjà loué une voiture et fait volontiers le taxi jusqu’aux agences de location. C’est l’occasion d’échanges privilégiés avec les uns et les autres et de partager nos découvertes de l’île. De la même façon, tout trajet vers Gustavia est proposé à ceux qui n’ont pas de voiture… Nos points de ralliement ensuite, sont le Bar de l’Oubli, en journée, ou la Cantina, à l’heure du déjeuner. Et si l’on est le dernier à rendre sa voiture, les loueurs ramènent souvent gracieusement les plaisanciers au bout de la route ! Nous n’avons pas essayé l’autostop mais nous savons que cette pratique est très courante et source de belles rencontres…
Ce séjour riche en découvertes se termine avec l’annonce de l’arrivée, le 13 mai de notre fils Damien et de sa petite famille, Anne-Estelle son épouse et Leïla leur petite fille de 22 mois ! Leur projet était de nous rejoindre en Guadeloupe, mais le plaisir de nous retrouver et de découvrir cet archipel ne pouvait pas constituer un motif impérieux de déplacement en pleine pandémie ! Saint Martin, du côté hollandais, est d’un accès plus simple. Dans une semaine, nous pourrons leur servir de guide à notre tour pour leur faire découvrir les îles du Nord !
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