5 août – 23 septembre 2021 Le Marin – Sainte Anne
Le 5 août, nous revenons d’un bon séjour dans l’Hexagone, et retrouvons le bateau nous attendant patiemment à quai.
Nous sommes rapidement confrontés à la tension sur l’île, due à une plus forte contagion au Sars-Cov2 : le couvre-feu est établi à 19 h, et nous nous laissons surprendre par la fermeture précoce de fermeture du supermarché. Quelques jours plus tard, le préfet décrète un confinement de trois semaines, invite les touristes - qui venaient redonner un élan à la vie économique - à quitter le territoire, interdit toute navigation, sauf pour raison cyclonique !
Nous resterons donc à quai un long mois ; certains des travaux entrepris durant notre absence ne sont pas complètement terminés ; nous nous mettons au rythme antillais, nous occupons de l’entretien du bateau dans l’attente des artisans…
Bien sûr, il faut remettre le bateau en possibilité de naviguer, et replacer dans les différents coffres tout ce que nous avions dû en sortir.
Le dessalinisateur est installé, et François, le technicien d’Amel vient nous en rendre compte. Il démonte alors le moteur de l’enrouleur de grand-voile pour le réviser et changer des joints et roulements. Une fois, cette révision effectuée, le moteur remonté, nous pouvons regréer les voiles, au petit matin avant qu’il n’y ait trop d’air.
Le « cover » de l’annexe est presque prêt, et après quelques essayages et retouches, il n’a plus qu’à être fixé. Mais Pavla nous annonce ne pas pouvoir se charger du collage des velcros sur l’annexe ! Nous devons solliciter, et attendre, le jeune Lucas de « Moaï » pour qu’il passe plusieurs soir de suite assurer ce collage spécial…
Jean-Philippe, l’électronicien, a bien installé la VHF, effectué les branchements du GPS traceur, remplacé la centrale B&G des instruments, démonté le radar, l’ancienne VHF, mais doit encore passer pour les derniers détails. A son passage, nous découvrirons ainsi qu’il a utilisé le câble d’antenne de notre vieux GPS Furuno, basique, pour installer le GPS traceur. Nous souhaitons garder ce vieux GPS, car il contient tous nos points de navigation et comptabilise nos milles. De plus, il est indépendant du reste de l’installation et offre ainsi une sécurité en cas de panne, tout en permettant un contrôle des instruments de navigation entre eux. Bien entendu, l’antenne active que nous achetons n’a pas la connexion adaptée à notre vieux GPS ; heureusement, chez « Diginav », le vendeur se montre serviable, et après nous être assurés qu’il nous propose un connecteur adapté, il nous le soude sur la nouvelle antenne… Une fois tout cela installé, le GPS traceur posé au-dessus des autres instruments, il faut trouver à dissimuler antenne et raccordements installés dans l’espace libéré par le radar. Nous retrouvons dans nos coffres une ancienne porte intérieure et nous l’adaptons de manière amovible…
Nous avions laissé chez « Diginav » l’éolienne qui n’a jamais fonctionné correctement, pour une ultime tentative de réparation, durant notre séjour métropolitain. Il nous faut donc la remettre en place, et comme toujours, le passage du câble électrique au pied du mâtereau, perpendiculaire à la coque, reste un exercice compliqué…
La courroie du deuxième alternateur, attelé au moteur, s’use très vite, générant une poussière noire dans le moteur (qu’il faut nettoyer, bien sûr) ; Didier, notre mécanicien, nous propose d’en changer les joues et d’installer une courroie plus large.
Lors de sa remise en service, une fois dégagé, le WC avant semblait bouché. Il a donc fallu démonter les tuyaux d’aspiration et d’évacuation pour le remettre en service. Plus tard, lorsque nous carènerons le bateau, nous aurons la confirmation de ce que nous pensions : un petit poulpe s’est trouvé prisonnier au départ de l’aspiration. Nous sommes venus à bout des odeurs nauséabondes engendrées par sa décomposition après de très nombreux rinçages…
Le plafonnier de la cabine avant ne marche plus, et nous en avons besoin, car en attente de la pose du « cover », l’annexe est posée sur le pont obstruant le panneau. A la lumière d’une frontale, avec 35° sans ventilation, la réparation devient un exercice éprouvant !
Nous posons une prise USB dans la descente qui nous permettra de recharger la tablette en navigation, notamment…
Durant notre séjour en Haute-Loire, nous avons préparé une nouvelle chaise pour le moteur hors-bord. En effet, l’ancienne, toujours en bon état, est un peu courte, et ne permet pas de poser l’étrier du moteur dessus ; il faut garder le moteur soulevé, pour pouvoir le fixer avec les vis de serrage. Nous avons donc rapporté dans nos bagages une chaise aux bonnes dimensions. Il n’y a plus qu’à la vernir avant de la mettre en place.
Dans nos bagages, nous avons rapporté également, un nouveau taud pour le cockpit, et nous l’installons à la place de l’ancien, nettoyé, mais devenu complètement perméable…
Les bouts d’amarrage sur les bouées sont parés d’algues vertes que nous nettoyons, depuis l’annexe, une fois cette dernière remise en service…
Enfin, une révision de l’ensemble des winches a bien rempli nos journées ; il y en a dix au total, certains peu sales, d’autres pleins de graisse, qui, heureusement, ne peut pas figer ici !
Quoique déjà relativement longue, cette liste donne l’impression d’actions rapidement réglées. En fait, tout travail entrepris transforme le carré en vaste atelier que nous rangeons en fin de journée, pour retrouver une certaine tranquillité d’esprit ; chaque travail électrique est source d’interrogations : pourquoi ce double fil rouge pour le branchement du plafonnier ? Un seul devrait suffire ! Mais non ! Sur quel commutateur le branchement de la prise peut-il se faire ? Le fer à souder a un fil un peu court pour accéder au panneau électrique ; finalement nous trouverons une autre solution… Autant de tests et d’essais, au chaud, sans ventilation, à bout de bras, avec la lampe frontale, avant d’arriver à un branchement fiable ! sans compter les exercices d’assouplissement qu’implique le travail sur les tuyaux d’évacuation ou d’aspiration des toilettes ! Préparer la chaise du moteur, adapter l’ancienne porte dans l’espace libre du radar, tout en conservant un accès facile aux branchements derrière, nous ont occupés longuement pour éviter un coup de perceuse ou de scie malheureux !
A cela s’ajoutent les allées et venues chez les fournisseurs (ouverts uniquement le matin en cette saison), qui nous prennent entre trois et trente minutes, selon où ils se trouvent ; trois vieux « métrix » capricieux, ont fini par être remplacés par un nouveau ; un des deux winches des écoutes de génois avait les vis du « self-tailing » bloquées ; quelques bonnes doses de dégrippant et un tournevis à frapper, acquis pour l’occasion, générant un autre déplacement jusqu’au magasin d’outillage, en viendront à bout ; mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, puisque les axes des engrenages refusent de sortir de leur espace, libérant les roues dentées à nettoyer. Il nous faudra prendre patience et nettoyer sans démonter davantage…
Cette description omet de parler des odeurs de gas-oil dans lequel trempent les engrenages et roulements démontés, des rouleaux de sopalin passés à essuyer tout ce gras et le nettoyage ensuite du cockpit…Récupérer l’éolienne a occasionné également plusieurs déplacements puisqu’elle était introuvable, à notre premier passage, sans doute rangée dans un mauvais endroit !
Autant de déplacements qui compensent mal l’absence de navigation, mais qui permettent de croiser avec plaisir artisans et amis…
Ainsi de Claire et Thibault, avec Billie, leur petite fille ; leur voilier « Mahina » est au mouillage vers l’Anse Caritan, mais ils viennent facilement au Marin pour différents services ou achats. Le temps d’un déjeuner ensemble permet à Thibault d’installer des rondelles de protection des barres de flèche du grand-mât. La dernière, encore en place, a fini par se casser usée par les UV. Le chantier Amel les adapte pour qu’elles soient montées autour des haubans et galhaubans ; il a pu nous en fournir quatre à installer juste au-dessus des barres de flèche.
Heureux de ce service rendu avec tant de gentillesse, nous nous promettons de nous retrouver au mouillage sans tarder.
Une fois l’annexe recouverte, nous la mettons en service et pouvons compléter l’approvisionnement du bateau, pour la fin de la saison cyclonique : tri des boîtes de conserves, et remplacement des périmées. A voir les caddies à la caisse de Leader Price, nous ne sommes pas les seuls à remplir ainsi le bateau !
Nous décidons également de remplacer le panneau solaire souple par un autre plus puissant et attendons d’être à l’ancre non loin de la zone de carénage pour aller chercher le matériel en annexe… Ce mouillage, proche du supermarché et de la zone Artimer reste toujours plein et trouver une place en évitant les épaves reste un exercice délicat !
Une barge travaille sur la baie pour en renflouer un certain nombre, mais c’est un travail de longue haleine !
Avant la fin de notre séjour en marina, le voilier voisin, un Océanis 50, est depuis quelques jours l’objet de tous les soins de Nelly (qui a la charge du gardiennage) et de Stéphanie (la « brooker » en charge de sa vente). Son acquéreur doit arriver, l’expertise doit avoir lieu. L’affaire se conclut et Peter, le nouveau propriétaire, nous invite à partager le champagne sur son bord. D’origine polonaise, vivant aux Etats-Unis, il a tout vendu, à 37 ans, pour acheter ce bateau et commencer une nouvelle tranche de sa vie, à bord de « Bakoua » dans les Caraïbes. Nous sympathisons rapidement, en essayant de nous comprendre malgré notre anglais un peu balbutiant au début !
Le 8 septembre, nous décidons de retrouver les joies du mouillage et appareillons pour l’Anse Caritan, au sud de Sainte Anne. Là, nous mouillons non loin de « Mahina » et de « Llastarri » d’Estelle et Benoît ; ces derniers sont descendus de Saint Barthélémy pour la fin de la saison cyclonique ; ils apprécient ce mouillage calme, la plage de Caritan tout proche parfaite pour leurs filles, et le paysage boisé et vert, si différent de Saint Barthélémy !
Au mouillage, outre le plaisir des bains dans l’eau chaude, de la proximité amicale de « Llastarri » et « Mahina », nous retrouvons les plaisirs de la contemplation : le paysage changeant autour de nous, les couchers de soleil sur le Diamant, les éclairages particuliers sous les grains, avec le Diamant et le Morne Larcher apparaissant dans l’ouate de la brume humide.
Nous espérions en avoir fini avec les soucis techniques, mais c’était illusoire ! L’hélice a besoin d’être débarrassée des concrétions et algues accumulées pendant ce long temps sans tourner ; le dessalinisateur fonctionne bien, mais les alternateurs suffisent à peine pour fournir l’énergie nécessaire à la pompe haute pression, et cette dernière est marquée par des éclaboussures de sel… Après bien des recherches, nous découvrons que ce n’est pas elle qui est défectueuse, mais les joints de la pompe à eau de mer du moteur qui fuient et projettent de l’eau salée, visible principalement sur le corps de pompe !
Nous quittons donc le mouillage pour nous rapprocher du bateau atelier de notre mécanicien Didier. Mouillé à l’entrée de la zone de mouillage du Marin, son atelier est une ancienne vedette à passagers aménagée pour partie en atelier, et pour l’autre partie en habitation pour sa petite famille. Il nous a fait visiter l’ensemble nous partageant ainsi sa fierté de son installation ; outre les dépannages, il reconditionne des moteurs, constituant ainsi une bonne réserve de pièces mécaniques de rechange. Ainsi, il a un cyclame (qui fait office de joint) et peut nous dépanner dès le lendemain. Mais cette intervention lui a permis de constater qu’un certain nombre de durites vont devoir être changées et que le corps de la pompe montre des signes d’usure. Nous nous fournirons en pièces en métropole et programmerons ces travaux pour le début de l’année 2022…
Nous étant rapprochés du Marin, nous pouvons également effectuer les derniers approvisionnements et remplir les formalités sanitaires (tests PCR) pour partir naviguer plusieurs semaines dans les îles Grenadines, durant la fin de la saison cyclonique. En effet, les dépressions tropicales sont nombreuses et actives, cette année, (Elsa est déjà passée en juillet sur la Martinique) et elles sont étroitement surveillées. Nous avons régulièrement des informations à leur sujet sur plusieurs sites de surveillance. Des points quotidiens sur la situation du bassin Atlantique, avec cartes et explications en direct, sont réalisés gracieusement, par Olivier Tisserand passionné de météo, sur Twitter. Pour l’instant, l’atmosphère, avec brumes de sable au-dessus de la Martinique, et un fort cisaillement en Atlantique, contrarie le développement des tempêtes tropicales (Fred, Grâce…) qui remontent plus au nord et épargnent les Petites Antilles, mais pas les Grandes, ou les états du sud des USA …
Nous retournons passer une dernière journée à Caritan. Cela nous permet de saluer Claire et Thibault, qui attendent des amis pour le début du mois d’octobre ; ils navigueront ensuite dans les Grenadines… Peter, sur « Bakoua » est également sur le mouillage, et nous sommes heureux d’apprendre qu’il termine la procédure administrative et sanitaire sur « SVG Arrivals », le site d’accueil de Saint Vincent et les Grenadines, pour nous rejoindre là-bas. Ce sera sa première longue navigation avec son bateau ! Cela nous offre de belles perspectives de navigation de conserve entre les îles…
En début de soirée du jeudi 23 septembre, nous appareillons donc pour une navigation de 86 milles jusqu’au mouillage de Young Island au sud de l’île de Saint Vincent…
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