24 septembre - 20 novembre 2021 1° Partie Saint Vincent et les Grenadines
Nous quittons le jeudi 23 septembre, en fin d’après-midi, la Martinique pour aller passer la fin de la saison cyclonique dans l’archipel de Saint Vincent et les Grenadines. Notre séjour l’an dernier à la même période nous a laissé de bons souvenirs et cette destination offre des sites magnifiques et de belles navigations journalières entre les îles.
Nous venons de recevoir par mail, notre autorisation d’arrivée et il nous reste à la notifier sur le site internet des clearances « SailClear ». Nous rencontrons quelques difficultés à valider notre inscription préalable ; après appel auprès des services, nous recevons un mail, en français, nous précisant comment contourner le blocage temporaire du site ; voilà un service efficace !
Pour l’instant, nous savourons notre navigation au soleil déclinant, dans le canal entre la Martinique et Sainte Lucie. La brise est faible et nous nous aidons du moteur quelque temps avant de le couper à l’approche de Sainte Lucie. La visibilité est exceptionnelle : de Sainte Anne, on distingue déjà les deux Pitons au sud-ouest de Sainte Lucie ; et à la nuit tombée, les lumières de la Martinique brilleront longtemps derrière nous. Le coucher du soleil nous a réservé, une fois encore un spectacle impressionnant : éclairant l’horizon, il donne une teinte incandescente aux nuages à l’est, au-dessus desquels s’élève comme une boule de feu. Quel volcan inconnu est soudain entré en éruption dans l’Atlantique, au nord-est de Sainte Lucie ? En cette période où les volcans s’éveillent, comme sur l’île de La Palma, aux Canaries, La Cumbre Vieja, (qui est entrée en éruption du 19 septembre au 25 décembre 2021), on peut tout imaginer ! Il s’agit de la pleine lune qui s’élève dans le halo des nuages !
La navigation de nuit, sous le vent des îles se déroule sereinement, alternant les moments de voile dans les canaux, avec des conditions très favorables, au près bon plein, et les moments au moteur. Des dauphins viennent jouer le long de la coque quelques instants, et leurs silhouettes noires se distinguent grâce à l’éclairage de la lune.
Au petit matin du 24 septembre, nous contournons le sud de l’île de Saint Vincent, longeant la capitale Kingstown, et rejoignons le mouillage de Young Island pour y effectuer les formalités d’entrée. Nous parvenons à déclarer notre arrivée sur le site « SailClear », et le boat boy « Sparrow », dûment masqué, nous amarre à une bouée de mouillage, non loin du ponton d’accostage du petit ferry assurant la liaison entre Young Island et la terre.
Nous retrouvons avec plaisir ce site, son île verdoyante dissimulant dans les frondaisons les bungalows d’un hôtel de luxe,
ses plages animées le soir ou le week-end, et les aller-retour incessants du ferry qui passe sous le nez du bateau.
Nous sommes ici pour quinze jours de quarantaine et notre interlocuteur Sam du service « SVG Arrivals » n’est pas prolixe en explications sur le déroulement des démarches. Finalement, au bout de dix jours, nous sommes convoqués pour un test PCR et pour déposer nos documents administratifs.
Nous organisons nos journées en différentes activités de lecture, d’entretien physique, d’entretien courant du bateau, nageant autour du bateau lorsque les courants de marée ne sont pas trop forts. Au fond, notre bouée est amarrée sur le jas d’une ancre de cargo, nous pouvons dormir tranquilles !
Nous contemplons les changements d’éclairage au long des jours : le rideau blanc d’un grain qui arrive, les orages sur les mornes de Saint Vincent, les levers et couchers du soleil incandescent ou pâle dans les nuages chargés de sable, accompagnés de la migration des oiseaux marins quittant ou regagnant les arbres de Young Island où ils passent la nuit, les tourbillons de l’eau aux changements de marée.
Nous observons également les mouvements des autres voiliers, moins nombreux que l’année dernière, car l’administration des SVG a mis en place un autre lieu de quarantaine pour l’entrée sur le territoire par le nord, à Bequia (moyennant un prix journalier de la bouée plus élevé).
Peter, sur « Bakoua », arrive dans la soirée du mardi 28 septembre ; il est placé derrière nous, mais nous continuons à communiquer par WhattsApp, puisque tant que dure la quarantaine, nous ne devons pas avoir de contact avec quiconque, au risque de rallonger encore la durée de cette dernière !
Au matin du mercredi 6 octobre, Sam nous annonce avoir les résultats des tests et préparer les papiers administratifs d’entrée. Nous nous hâtons de mettre à l’eau l’annexe, de l’équiper et attendons jusqu’en début d’après-midi, où un message nous somme d’être dans les deux minutes au ponton ! Heureusement que nous avions préparé l’annexe dès le matin ! Nous récupérons nos passeports dûment tamponnés, notre clearance d’entrée, réglons les frais administratifs, obtenons les reçus correspondants, payons le mouillage, et délestés de quelques centaines de dollars, partons nous dégourdir les jambes jusqu’à Blue Lagoon. La route est toujours aussi passante et bruyante, et les trottoirs envahis par les arbres, mais marcher nous fait du bien !
De retour au bateau, nous réalisons que Sam ne nous a pas donné les résultats des tests ; il nous faut encore les lui réclamer, et nous finissons par être en possession de notre dossier complet pour pouvoir naviguer dans le territoire de Saint Vincent et les Grenadines.
Cette année encore, quittant Young Island (A), nous naviguerons entre les îles de Bequia (B), Moustique (C), Canouan (D), les Tobago Cays (E), Mayreau (F) et Union (G).
Cette saison reste la saison agréable pour cette sorte de navigation : l’alizé est faible, la mer assez calme, et la saison touristique n’a pas encore commencé. Les « boat boys » et les tenanciers de « lolos » et restaurants de plage attendent avec impatience les plaisanciers ; nous recevons toujours un bon accueil, devant ménager néanmoins les susceptibilités des uns et des autres en essayant de satisfaire leurs invitations pressantes à venir déjeuner ou dîner dans les lolos, et nous ne serons jamais déçus… Reste le moment des comptes, où, lorsque l’on est nombreux, il n’est pas rare que l’un de nous, manquant de monnaie locale, essaie de négocier un paiement en dollars ou en euros et se trouve confronté à des calculs sans fin selon le change proposé ou la difficulté à rendre la monnaie ! Union ou Bequia sont donc des escales importantes dans lesquelles il faut prévoir le retrait d’espèces, car dans les anses isolées où l’électricité est fournie par des groupes électrogènes, il ne faut pas compter sur un terminal de carte bleue !
Ces navigations dans les Grenadines nous ont permis de faire de nouvelles rencontres, comme Lydia et Patrice, sur leur Wauquiez 39 « Léanis », de retrouver des personnes croisées précédemment, comme Flo et Louis, sur « BluEyes », ou Lucie et Corentin, avec leurs deux garçons, Léon et Félix, sur leur voilier « Whéoflaïf » ; ils étaient nos voisins de panne à la Marina Bas-du-Fort en mars dernier. Plus ou moins longs, les échanges sur ce que nous avons vu ou vécu au cours de nos navigations sont toujours des moments amicaux et d’enrichissement mutuel.
Claire et Thibault sur « Mahina » ont accueilli leurs amis, début octobre et sont venus faire un tour rapide dans les Grenadines, après une attente plus longue que prévue à Young Island. Nous avons pu naviguer ensemble quelques jours, vers les Tobago Cays et Chattham Bay (à Union), comme nous rêvions de le faire depuis que nous nous sommes rencontrés, et apprécier ensemble les richesses de ces sites.
Nous avons navigué également avec Peter, sur son voilier « Bakoua », durant tout ce séjour ; en effet, il avait tout à découvrir dans cette partie des Antilles, en plus de se mettre en main son bateau ; il a donc apprécié que nous lui servions de guide en quelque sorte…
Nous avons bénéficié d’une belle météo, prenant soin de choisir nos déplacements en fonction de cette dernière et non de contraintes de calendrier… Seule la traversée depuis Young Island jusqu’à Bequia a été mouvementée, dans un canal où les courants se contrariaient le long des côtes, générant de fortes vagues… Rares ont été les traversées sans pêcher, et nous avons pu ainsi déguster du barracuda, du thon, de la daurade, du « Rainbow Runner », du saumon caraïbe… Peter a été un champion en la matière, ramenant parfois à son bord des poissons à moitié dévorés par un plus gros prédateur ! et comptant sur nous pour la préparation des plats… Nous avons été accompagnés une fois ou deux par des dauphins, et les voir régler leur allure sur celle du bateau pour jouer à l’étrave reste toujours un beau moment.
Dans chaque mouillage, nous sommes allés explorer les récifs et les tombants en palmes, masque, tuba. Chaque site est l’occasion de s’émerveiller selon les éclairages, de la diversité des poissons, des couleurs et des formes des coraux dans lesquels ils jouent à cache-cache, (surtout lorsqu’ils aperçoivent un appareil photo), des décors échafaudés par les rochers tombés dans l’eau.
Certains poissons coralliens se rencontrent fréquemment, (nous essayons de les identifier petit à petit) mais chaque « plongée » réserve ses surprises ; entre les rochers et coraux, des poissons plus rares, aux couleurs vives jouent à se cacher dans les anfractuosités des roches ;
Et au fil de la nage dans les parties plus sableuses, les Barracudas et Thazards curieux ;
Les escadrilles de Seiches, sur la défensive ;
Les Raies Pastenagues volant majestueusement dans l’eau ;
Les Carangues Pompano ou autres espèces de Carangues ;
Le Grondin, qui telle une grosse sauterelle fouille dans le sable à la recherche de sa nourriture ;
Et posée sur les « vagues » du sable, une raie torpille ;
Puis au milieu des récifs, les poissons Chirurgiens qui semblent toujours sourire ou dont le bleu-roi surprend ;
Les Mérous suspicieux ;
Les poissons Coffres ;
Le poisson Cardinal toujours prompt à se cacher ;
Le poisson se tachant d’un bleu fluorescent lorsqu’on s’approche trop près de lui et hérissant son épine ;
Les Papillons Ocelés, les Papillons Pyjamas, les Papillons Kat-Zié, avec leur tache noire sur la queue, tel un autre œil ;
Les Demoiselles Queue Jaune brillantes de leurs paillettes bleutées ;
Les Perroquets qui peuvent être bleus, noirs et rouges ou gris, (les bleus servant de modèle au « Poisson Arc-en-Ciel » des contes pour enfants) ;
Les Sergents Major et leurs rayures qui éclairent l’eau ;
Les petites Castagnoles bleues qui brillent dans l’eau ;
Le Diodon qui de ses gros yeux nous observe depuis son abri ;
Le Soleil Juif peureux sous son rocher ;
Les oursins blancs ;
La Langouste attirée par les maillots aux couleurs vives ;
La Murène Serpentine Dorée, inoffensive ;
Le Poulpe curieux qui étend ses tentacules avant de nager ;
La Vieille qui semble avoir emprunté aux Demoiselles Queue Jaune ses paillettes ;
Le poisson trompette pour lequel il est difficile de dire où se trouve sa tête ou sa queue !
Et aussi une rencontre inattendue qui nous a vite fait regagner l’annexe !
C’est autour de Petit Bateau dans les Tobago Cays, que le paysage sous-marin est le plus varié, depuis les coraux en forme de doigts,
jusqu’aux Cornes d’Elan,
en passant par les Gorgones Eventails ou Arborescentes,
les Cerveaux de Neptune ;
sans oublier les vases dans lesquels les poissons viennent jouer,
ou les sortes de dentelles façonnées au milieu des roches.
Parfois, on a l’impression de nager dans un immense aquarium…
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