24 septembre - 20 novembre 2021 2° Partie Saint Vincent et les Grenadines
Les explorations terrestres n’ont pas manqué. A Bequia, nous avons montré à Peter la route en balcon au-dessus de Friendship Bay, en direction de Paget Farm, découvrant des perspectives sur les îlets au sud de l’île, et les courants qu’ils génèrent.
(Nous viendrons une fois, apprécier le calme du mouillage de Friendship Bay, et Peter a été impressionné lors de la navigation retour vers Port Elizabeth, par la force des courants entre ces îlets de Petit Nevis et Middle Cay). Sur la route, les fleurs et les arbres fruitiers sont nombreux : attiers (c’est la pleine saison des pommes-cannelles) manguiers, pour ceux que nous savons reconnaître.
Au mouillage à Bequia, fermant Admiralty Bay au nord-ouest, le cap abrite les restes du Fort Hamilton, dont les canons protégeaient l’entrée dans la baie, et le site nous offre une autre perspective sur Port Elizabeth…
Trouvant un sentier, nous descendons jusqu’à la petite plage de rochers et coraux face au récif appelé « Devil’s Table » : quelques campements de pêcheurs dans sa partie sud et des roches ocres, aux nervures dessinant de belles arabesques, voilà le décor de cette petite anse.
Nous tenterons d’explorer les mornes formant la partie sud-ouest de l’île, au-delà de Lower Beach. Le chemin s’élève à flanc entre de belles propriétés, des cases fermées et à l’abandon, ou de magnifiques constructions qui s’étagent sur des promontoires offrant des perspectives sur Admiralty Bay, et alternent avec d’autres plus cubiques. Mais passées les dernières maisons, le chemin devient sentier et se perd dans la riche végétation.
Nous allons, un autre jour, jusqu’au sanctuaire des tortues ; pour cela, nous suivons la route vers le nord, passant devant une ancienne sucrerie puis cocoteraie dans une propriété privée qui met en valeur ces anciens bâtiments industriels.
Nous savourons de belles vues sur cette partie de la côte au vent, avec ses couleurs de flots variant du bleu profond au turquoise des lagons ou au blanc de l’écume sur les récifs qui affleurent. A l’arrière des plages, les bovidés pâturent entre les hautes herbes, toujours accompagnés des hérons Pique-bœuf…
Ce sanctuaire est toujours en activité : le propriétaire Otron King, 84 ans, cherche à préserver les tortues en ramassant des œufs et permettant l’éclosion de jeunes tortues vertes ; une bonne centaine d’entre elles est réunie dans un bac ; puis elles sont élevées et gardées une dizaine d’années avant d’être redéposées sur des plages des Grenadines. Ces tortues qui passent le temps dans de grands bacs aux murs nus sont un peu déconcertantes et curieuses des visiteurs qui passent, sans doute espèrent-elles un peu de nourriture !
Aux Tobago Cays, les îlets ne sont pas importants ni élevés, mais du haut de Petit Bateau, nous pouvons contempler le site, ses îlets, ses récifs et nos trois voiliers « Mahina », « Bakoua » et « Nissos » mouillés sous la langue de sable prolongeant Baradal.
Peter se promène toujours avec son drone et fait quelques prises de vue sous l’œil inquiet de l’iguane qui semble garder les lieux.
Lorsque les frégates s’intéressent à cet oiseau bizarre et intrus, il faut vite le récupérer avant qu’elles ne l’endommagent. Il fera de même à chaque mouillage, nous offrant ainsi de belles vues des sites où nous mouillons, comme celui de Friendship Bay (au sud de Bequia)
Sur l’île d’Union, à Chattham Bay, nous grimpons jusqu’aux restes de la redoute et son canon au nord de la baie,
puis empruntant la route au nord de l’île, nous admirons les anses bordées de récifs
et descendons jusqu’au village d’Ashton, ses maisons colorées et son port au fond de l’anse abritée par Frigate Island, avec ses barques en construction.
A Canouan, un dimanche après-midi, nous traversons un village endormi sous le soleil, avant de gagner la côte au vent au-dessus de Windward Bay, de The Pool. Là encore, les récifs et les lagons offrent une belle palette de couleurs.
Au bord de la route, un toit rouillé attire notre attention ;
passant une sorte de porche, nous descendons par un chemin aménagé jusqu’à une maison aux ouvertures brisées, mais qui paraît en bon état, en balcon au-dessus de la plage.
Sur celle-ci, cachée parmi les arbres, une famille a installé sa tente pour le week-end ; ils sont au calme, avec le seul bruit de la mer ! Nous sommes sur le site de l’ancien lieu d’apprentissage de l’observation de la nature, abandonné et pourtant si bien placé !
Nous atteignons le « Canouan Resort », vers le nord de l’île, mais ne sommes pas autorisés à le traverser pour rejoindre la route sous le vent… Nous rebroussons donc chemin, avant de redescendre vers le village, endormi, par des routes pentues.
A Moustique, nous sommes, une fois encore bien accueillis, mais cette année, on nous stipule que nous ne pouvons pas marcher ailleurs que dans la zone autour de Britannia Bay, où sont installées les bouées de mouillage ; les explorations au-delà doivent se faire en taxi. Nous longeons tout d’abord le bord de mer, vers le sud de l’île et vers Lagoon Bay. C’est une belle plage de sable, protégée à l’est par une falaise, et à l’ouest par des récifs.
En arrière plage se déploie une importante zone humide ; un sentier pédagogique la contourne, des panneaux rappelant le rôle essentiel de ces salines : eaux stagnantes provenant des eaux pluviales descendant des mornes ; les palétuviers et la langue de sable qui les séparent de la mer filtrent cette eau avant qu’elle ne retourne à l’océan ; les racines aériennes et en éventail des arbres ou les pneumophores qui jonchent le sable, fixent également le sol.
Ces lieux sont riches en oiseaux, crabes, et autres espèces qui s’y développent. Les paysages y sont surprenants. Au retour de cette balade, nous croisons le marin chargé du mouillage qui nous vante d’autres balades au-delà de Lagoon Bay sur la côte au vent. Forts de cet échange, qui est comme une invitation à découvrir l’île à pied, nous mènerons Peter sur le sentier de la pointe nord-ouest de l’île que nous avions découvert l’an passé. Marche plus longue, toujours aussi gratifiante pour les paysages qu’elle réserve…
Partout, arbres, fleurs, oiseaux et autres animaux sont l’objet de notre attention, par la particularité des pétales, des branches, des couleurs…
Enfin, nous avons tenté l’ascension du volcan de la Soufrière au nord de saint Vincent ; ce volcan est rentré en éruption en avril dernier, déployant d’énormes nuages de cendres, et l’intense activité sismique qui accompagnait ces explosions s’est calmée en septembre. Un matin, laissant nos bateaux au mouillage à Bequia, nous prenons la navette jusqu’à Kingstown, en compagnie de Peter et de Raquel et Matt ses équipiers du moment. Nous sommes attendus par la sœur de Jimmy, taxi et responsable du mouillage de Young Island, qui nous a proposé cette excursion.
De la capitale de Saint Vincent, nous apercevrons rapidement les rues animées, les nombreuses arcades abritant toutes sortes de boutiques, et les bâtiments administratifs ou religieux, très marqués par l’occupation anglaise. Un tour au Fort Charlotte nous permet de voir qu’il n’y a pas qu’à Marseille que forts et canons ne sont pas spécialement destinés à protéger des attaques maritimes, mais à « mater » la population rebelle, ou plus exactement les Indiens Caribs et les Français.
Construit entre la fin du XVIII° siècle et le début du XIX° siècle, après que l’île a été cédée aux Anglais en 1763 le fort était une pièce maîtresse de la défense de l’île, par sa taille et son armement. Une exposition retrace quelques-uns de ces événements dans un ancien réfectoire : les naufrages de bateaux négriers, où les esclaves africains sont recueillis par les Caribs (se mêlant à eux, ils deviendront les Caribs noirs) ; les rébellions, déportations, et autres souffrances de ces peuplades. On déambule dans les couloirs sombres des bâtiments ouvrant sur de petites pièces dénudées, le long des coursives et autres esplanades. Du haut des fortifications, la vue sur l’aire de carénage de Ottley Hall Bay à l’ouest, les hauteurs au nord et la baie de Kingstown à l’est, avec son port de commerce et sa belle gare maritime (déserte encore, aux belles fresques), valait bien ce petit détour.
Il est plus que temps ensuite, de gagner le nord de l’île par la côte au vent. La route nous fait découvrir l’ancien aéroport, devenu déviation pour délester un rond-point surchargé, des falaises ocres, des champs de bananiers et cocotiers. Passé Georgetown, et ses monuments anglais, les plages et les bas-côtés de la route deviennent gris.
Un pont sur une rivière sèche laisse entrevoir, à travers les balustrades vers l’amont, des camions et des pelleteuses s’attaquant à un mélange de sable et de cendres gris de plusieurs mètres de haut, tandis que vers l’aval le cône d’alluvions, gris, s’avance dans la mer.
Peu après, à l’entrée de la zone indienne caribe, (dans l’histoire des îles, les Indiens Caribs ont résisté aux différents colons et lors des traités, deux îles sont restées en dehors des partages entre Français et Anglais, pour être laissées aux Caribs : la Dominique et Saint Vincent, avant d’être à nouveau conquises ; on a alors créé des réserves caribes sur ces territoires) nous bifurquons vers l’intérieur des terres sur les contreforts du volcan. Bananiers, cocotiers et végétation dense ne laissent pas deviner la récente éruption, en revanche, le sol gris, fait de « lahars », mélange de sable et cendre recouvre tout un peu à la manière de congères de neige. D’ailleurs, en plusieurs endroits, des familles s’activent à dégager les caniveaux et les abords du chemin, qui s’est rétréci du fait des « lahars » et de ce qui a repoussé dessus. Ailleurs des monticules gris font penser que le chemin a dû être grossièrement réouvert en attendant un entretien plus approfondi. Sur le parking, au bout de la route, les bâtiments d’accueil touristique, fermés, ont encore les toits couverts de sable et cendre. Il est midi passé et avec quelques barres céréalières dans l’estomac, nous partons vers le sommet. Au départ, le sentier grimpe sur ce qui ressemble à des moraines glaciaires, ces longs cordons latéraux de pierre, marquant le passage des glaciers. Ici, entre deux crêtes, les vallons sont profonds, la végétation a repris ses droits, bambous et lianes façonnant le paysage ; les chants d’oiseaux sont nombreux et on s’attendrait presque à voir paraître un facétieux marsupilami !
La canopée n’est pas encore reconstituée et ce sont de longues tiges vertes de bambous, fougères ou arbres recouverts de feuilles timides qui s’élancent vers le ciel.
Nous faisons une halte au bord d’une large rivière sèche « River Bed » : les roches polies par le passage de l’eau, (et aussi des écoulements des éruptions précédentes), sont en partie recouvertes par du sable, des cendres et des rochers charriés lors de l’éruption de cette année.
Sur la rive droite, un petit filet d’eau gazouille discrètement entre des roches et s’écoule sur un lit de « lahars », apportant un certain charme à cet endroit minéral. Quelques plantes tentent de jolies fleurs qui viennent colorer tout ce gris.
L’ascension devient ensuite plus raide et plus accidentée. L’hypoglycémie et une luxation encore fraîche d’un petit orteil nous feront faire demi-tour, pour prendre du repos au bord de « River Bed », laissant nos compagnons poursuivre l’ascension, avec notre guide « Short Man ». Ils n’atteindront pas le nouveau cratère caché dans le brouillard soufré, mais les pentes grises d’où émergent quelques troncs dénudés. Nous aurons un aperçu des paysages qu’ils ont traversés lorsque nous naviguerons le long des côtes nord de Saint Vincent, de jour : les lignes de crête ne sont plus vertes et rectilignes, mais grises et les arbres dressent leurs squelettes calcinés ; plus bas, vers la mer, des cônes d’alluvions grises ont également transformé le paysage côtier.
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