20 novembre 2021 – 30 mars 2022 Séjour en Martinique

20 novembre 2021 – 30 mars 2022 Séjour en Martinique

Posté par : Dominique
03 Juillet 2022 à 02h
Dernière mise à jour 03 Juillet 2022 à 02h
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Après un beau séjour dans les Grenadines, durant la période cyclonique, nous sommes revenus en Martinique, afin de procéder à des travaux, électriques et mécaniques, sans oublier le carénage.

Nous prenons rendez-vous, fin novembre, avec notre mécanicien, Didier, afin d’étudier avec lui comment améliorer la production d’électricité, au moteur. En effet, lorsque le dessalinisateur est en route, les deux alternateurs du moteur ne suffisent pas et la tension des batteries baisse.

Nous convenons de changer le deuxième alternateur, au profit d’un plus puissant, équipé d’un régulateur externe. En conséquence, il faut programmer de changer le cadre métallique sur lequel le fixer. Rendez-vous est pris, début janvier, (Didier est en congés pour le mois de décembre), pour une semaine de travaux, pour lesquels le mécanicien et le soudeur doivent intervenir conjointement, sans oublier l’électricien pour brancher l’alternateur et le régulateur externe.

Deuxième semaine de décembre, c’est le carénage, avec révision du propulseur.

Quelques mauvaises surprises :  le propulseur coincé par la peinture, quelques heures avant la mise à l’eau ! Plus de peur que de mal, une intervention rapide de François, technicien chez Amel, et un changement de fusible plus tard, le propulseur a retrouvé sa mobilité ! Mais surtout, une croûte de sel autour du coude d’échappement ! Il fuit, il faut donc envisager de le changer. Nous faisons appel aux mécaniciens sur le chantier, puisque Didier est en congés. Sur place, en Martinique, il est difficile d’avoir un coude de rechange rapidement. On tente une soudure. Mais à la remise à l’eau, le tuyau d’échappement usé, et mal remonté, fuit encore plus, et il faut rapidement réparer et resserrer la sortie du coude, (dans la darse de mise à l’eau, bloquant tout mouvement de bateau !). Une bouteille placée sous le coude doit permettre de limiter les dégâts de la fuite, en attendant son changement.

Début janvier, nous sommes pour une semaine de travaux à quai. Nous faisons tester l’alternateur d’occasion que nous propose notre mécanicien, ainsi que l’alternateur d’arbre, qui semble ne plus fonctionner. Placé sous le coude d’échappement, il a souffert des fuites consécutives à la tentative de réparation.

Après de multiples péripéties, liées à la désorganisation des services de Chronopost, nous avons reçu avant la fin de la semaine à quai, les durites et le coude d’échappement que nous avions commandés (deux mois plus tôt pour les durites) à Marseille chez le concessionnaire Perkins. Didier, notre mécanicien peut donc intervenir, in extremis, le samedi, et changer le coude d’échappement et toutes les durites fatiguées par la chaleur. Il nous a également préparé le nouvel alternateur, mais le soudeur n’a pas pu passer prendre les cotes du nouveau cadre.

Rendez-vous est pris début février pour cela. Une fois l’ancien alternateur et l’ancien cadre démontés, nous passerons quinze jours au ponton près du chantier, attendant que le soudeur soit disponible pour effectuer ses travaux. Après quatre jours de travail précis et méticuleux, le nouveau cadre (bien dimensionné pour supporter le nouvel alternateur) est posé et ajusté.

 

L’électricien peut passer poser le régulateur externe, effectuer les branchements ; il lui faudra trois jours pour cela, avec dysfonctionnements avant de réussir le branchement, du moins avec les tests à quai.

Pendant ce temps, la régulation interne de l’alternateur d’arbre est supposée ne plus fonctionner. Nous récupérons notre alternateur démonté et le replaçons en attendant de pouvoir faire venir en Martinique un autre régulateur…

Nous avons également mis à profit ces moments au ponton pour effectuer quelques menus travaux à notre portée ; tout d’abord, le remplacement de la pompe à pied d’eau douce, (changée en février 2020, la nouvelle était supposée garantie 5 ans, nous avons pu faire valoir notre droit, après présentation de la facture, auprès du fournisseur, surpris et quelque peu mécontent de cette demande). Ensuite, une bulle était apparue dans notre compas, et grandissait tout doucement.

Après démontage et essai d’analyse du liquide restant, lecture de forums, nous avons procédé au remplissage, (délicat du fait de la membrane inférieure et de la place de la vulve d’introduction du produit) avec du pétrole lampant. La bulle a disparu et les deux liquides réunis n’ont pas montré de signes d’incompatibilité ! Pendant ce temps, également, nous avons pu faire achever la pose d’un « cover » sur l’annexe, de manière à économiser le revêtement en Hypalon.

Enfin, ne désespérant pas de partir à la découverte des Grandes Antilles, voire d’explorer les côtes occidentales de la mer Caraïbe, nous nous fournissons en cartes électroniques adaptées à nos GPS traceurs.

Pensant avoir à peu près un bateau en état de marche, nous envisageons de partir enfin naviguer et lundi 21 février, nous nous mettons en route pour Marie-Galante. Une belle navigation, avec une nuit de pleine lune, et des conditions favorables pour le passage des canaux. Seule l’absence d’alternateur d’arbre nous contraint à nous passer du pilote automatique le plus souvent possible.  De nuit lorsque nous sommes sous le vent de la Dominique, nous naviguons au moteur et pouvons brancher le pilote ; la nuit devient moins difficile.

Au petit matin du mardi 22, entre la Dominique et les Saintes, alors que nous avons mis le cap vers Marie-Galante, naviguant au plus près du vent, l’AIS nous signale deux engins flottants d’environ 20 mètres sur 20 mètres, arrivant sur nous par notre bâbord arrière, à plus de 17 nœuds… Dans la pénombre du jour levant, et à cette allure, il nous faut nous signaler rapidement (nos 6 petits nœuds de vitesse nous donnent une allure d’escargot !). Appel VHF, éclairage des voiles, rien n’y fait ; enfin deux petits feux de navigation apparaissent au ras de l’eau et se rapprochent à vive allure. Un maxi trimaran aux voiles noires, à la coque noire, semble nous choisir comme point tournant !

Nous démarrons le moteur, abattons en grand, et voyons passer le long de notre bord ce géant des mers ; si nous ne nous étions pas décalés, nous aurait-il seulement aperçus ? Rien ne semble avoir perturbé sa route… Le second a choisi la tactique de la dissimulation sous notre vent pour tromper son concurrent et prendre ainsi une bonne avance sur lui.

La vive tension suscitée par ce risque de collision finit par retomber et nous poursuivons notre route vers l’île plate, surveillant ensuite les bouées de casiers de pêcheurs. Nous mouillons dans le calme du petit matin, au milieu des voiliers qui s’éveillent doucement, en baie de Saint Louis, avec un profond mécontentement : voulant faire fonctionner le dessalinisateur, nous avons la désagréable surprise de constater que la nouvelle installation électrique ne fournit plus la puissance attendue ! Un message immédiat à l’installateur électrique ainsi qu’à notre mécanicien, est la première tâche de notre première journée à Marie-Galante. Nous décidons ensuite, de prendre deux nuits de repos, avant de redescendre jeudi 24 et vendredi 25 février vers la Martinique. Cela nous laisse le temps de remorquer un petit voilier qui avait rompu ses amarres et risquait de s’échouer sur le ponton, aidés en cela par une autre annexe ; et bien sûr une petite déambulation dans le bourg, dont la mairie se refait une beauté,

et le long de la belle plage de Folle Anse ; les raisiniers de bords de mer et autres espèces d’arbres qui envahissaient certaines parties, ont été élagués offrant plus d’espace de sable au bord de l’eau, sans perdre les avantages de l’ombre ; le bois rouge des branches et des morceaux laissés à terre (pour qui souhaite faire un barbecue ?) apportent des touches de couleur de sang à cet univers tout de bleu et de vert.

Nous quittons Saint-Louis en début d’après-midi du 24 février ; la météo annonce une petite brise de nord-est qui devrait nous pousser sereinement jusqu’au sud de la Martinique. Dans ces conditions, nous décidons de faire route au vent des îles. Nous touchons un peu d’air mais d’est-sud-est, avec la longue houle qui l’accompagne, en fin de journée, après un magnifique coucher de soleil irradiant le col au-dessus de la baie de Prince Ruppert en Dominique.

La suite de notre navigation, au près bon plein, se passe sans tracas ; un oiseau a pris le temps de se reposer, de nuit sur la filière 

et nous arrivons sans ambages à Sainte Anne, admirant la côte sud de l’île aux fleurs, de jour, appréciant par la mer, ces paysages des grandes plages de sable blanc, de l’îlet Cabrits ou de la Table du Diable, que nous avons admirés depuis la terre, en parcourant la Trace des Caps.

Nous demandons une place sur corps mort dans la baie du Marin, pour une semaine, espérant une révision fiable de l’installation. Nous avons déclenché une grande perplexité chez le jeune technicien qui nous avait été envoyé, et après des essais sur bouée, l’installation semble fonctionner.

Nous faisons contrôler l’installation ensuite par un autre électricien, qui préconise de remplacer un câble dont les différents raccords sont source de perte de puissance. Mais sinon, tout semble aller.

Nous approchons du 10 mars et sommes toujours en Martinique. C’est la date à laquelle arrivent des amis d’enfance de Dominique pour un séjour à terre, précédant une navigation vers les Grenadines. Tous ces retards et dysfonctionnements nous permettent donc de les retrouver et de partager de bons moments avec eux. Vers le 15 mars, ils appareillent vers le sud, nous les accompagnons sur quelques milles, et retournons vers le Marin pour faire quelques approvisionnements. Profitant de cette navigation au moteur, nous tentons une nouvelle fois de faire tourner le dessalinisateur, et l’installation électrique ne fonctionne encore pas !

Cette fois-ci, c’est le chef du service électrique qui passe vérifier l’installation et qui essaie de trouver la cause du dysfonctionnement : en fait notre installation fonctionne lorsque nous sommes au mouillage, un peu comme un groupe électrogène, sauf que ce n’est pas bon pour les cylindres du moteur de travailler à l’arrêt, et que ce n’était pas le but recherché !

Le problème n’est pas résolu, mais il est temps pour nous de regagner à nouveau Marie-Galante, pour s’y poser quelques jours, avant de laisser Nissos à la Marina Bas-du-Fort de Pointe-à-Pitre le 26 mars, car nous avons prévu un court passage à Marseille, en famille.

Le 21 mars, nous reprenons la mer, toujours avec plaisir, même si nous naviguons en mode légèrement dégradé puisque nous n’avons toujours pas d’alternateur d’arbre, et que pour l’instant nous ne voyons toujours pas les avantages du dessalinisateur… Une fois encore, la Montagne Pelée, au-dessus de Saint Pierre nous offre un bel et surprenant éclairage ; les nuages des grains qui s’étirent sur ses flancs, difractent la lumière créant de beaux rideaux aux couleurs de l’arc-en-ciel.

 

Pas de voilier fantôme, cette fois-ci ! une navigation dans de bonnes conditions, une fois encore, et c’est tant mieux !

Le samedi 26 mars, nous prenons une place à la Marina, et un électricien, recommandé par nos amis de la SNSM de Pointe-à-Pitre, vient étudier notre installation électrique. Deux batteries de service, sur les cinq sont déficientes ; il faut donc changer à nouveau le parc de batteries (service et moteur), après deux ou trois années d’usage. La chaleur des tropiques les use prématurément… Nous lui donnons carte blanche pour effectuer ces travaux durant notre absence et ceux qu’il juge nécessaires pour permettre un bon fonctionnement de toute l’installation électrique (perte d’intensité sur la ligne alimentant le GPS et les autres instruments, depuis les travaux en Martinique), ainsi qu’une remise en état de l’alternateur d’arbre.

Et pendant tout ce temps, qu’avons-nous fait ?

Nous avons appris la patience, dans l’attente des intervenants et restons attentifs à ce qui nous entoure. Sur la zone du carénage, au ponton ou au mouillage, nous découvrons la vie qui s’y organise entre les jeunes couples avec de jeunes enfants : quand les travaux s’arrêtent le soir, les trottinettes et les vélos apparaissent, les parents discutent et les enfants se dégourdissent les jambes. Le ponton du carénage est adossé à des Ducs d’Albe plantés devant des pale-planches ouvertes à l’ouest et préservant un récif. Le soir, les oiseaux viennent nicher dans les bosquets de palétuviers, avec leurs racines en éventail, et l’éclairage du couchant crée de beaux effets de miroir sur cette eau calme.

Les levers du jour sur le promontoire où s’élève l’église de Saint Etienne du Marin réservent eux-aussi de beaux éclairages.

Nous avons savouré le mouillage de Sainte Anne, souvent agité cette année, par un alizé assez soutenu ; nous avons vu le hameau se préparer à Noël,

puis au Carnaval (nous étions au ponton du carénage à cette période, nous avons entendu les tambours des défilés de Sainte Anne, mais le Marin est resté endormi ; l’après-midi du Mardi Gras, un lolo sur la plage du Marin tentait une animation, mais les marinois ont dû se joindre aux défilés de Fort-de-France).

 

 

La longue plage de Sainte Anne, jusqu’à la Pointe du Marin, nous permet de nous dérouiller un peu ou de nager longuement en sécurité.

Nous explorons depuis le bourg, le rivage jusqu’à l’Anse Caritan, tantôt depuis le bord de mer, tantôt depuis les sentiers qui quittent la route. Caché en bord de route, envahi par la forêt sèche et les figuiers maudits, un four à chaux rappelle les activités d’autrefois : implanté en fond d’anse, il était à côté de la source de production (coquillages, récifs coralliens) ; la chaux artisanale ainsi produite était nécessaire à l’amendement des terres, à la construction, et à la fabrication du sucre (extraction des impuretés).

Plus loin, quelques coups de pioche se font entendre dans le calcaire friable et tendre en arrière des plages… La balançoire de Caritan, installée les pieds dans l’eau turquoise, avec comme toile de fond le Rocher du Diamant, attire toujours du monde ; ainsi photographiée, publiée sur les réseaux sociaux, elle devient un ambassadeur pour la qualité de la vie en Martinique.

Les enfants, quant à eux, privilégient le bel arbre penché sur l’eau, à côté du ponton, grimpent sur son tronc, atteignent une fourche équipée de cordes et jouent à s’y accrocher comme à des lianes, avant de sauter dans l’eau.

Au retour d’une de ces promenades, nous entendons et croisons un cortège tout en musique festive : une limousine corbillard ! Sur la place de l’église, le corbillard diffuse toujours de la musique, pendant que la cérémonie religieuse se termine à l’intérieur ; une grande foule toute de blanc vêtue attend dehors… Belles Antilles !

La vie s’écoule, douce, à Sainte Anne : levers et couchers de soleil, chaque jour étonnants ;

 

une laverie s’est ouverte derrière la gare routière, nous évitant les longs trajets en annexe jusqu’à celle de Caritan. Nous apprécions les petits plats de Karine, qui vend, avec le sourire, sur son pas de porte, selon les jours, gratins de bananes ou de papaye, poulets boucanés, boudins variés, fricassées de lambi, de coq, de cabri, courts bouillons de poissons frais… Nous n’avons pas pu tout goûter, mais cela nous a incités à tester de nouvelles recettes pour les fêtes…

Deux petites escapades vers la Grande Anse d’Arlet nous offrent le plaisir de sentir le bateau naviguer ;

de replonger avec masques palmes et tubas auprès des tombants de la côte nord de l’anse et de contempler les coraux et gorgones (où s’accrochent des monnaies caraïbes), les poissons coralliens jouant tout autour, plus loin les poissons en bancs sur le sable, les tortues paisibles et les rais de lumière dans le bleu foncé de l’eau ;

de partir à l’assaut du Morne Salomon entre les rochers de son sommet, en surplomb au-dessus de Grande Anse, près des mares temporaires aménagées sur son plateau, lorsque l’élevage était important, et qui sont devenues des réservoirs de bio-diversité.

 

Quelques aller-retour dans le Canal de Sainte-Lucie dégourdissent la quille de Nissos ;

ce sont des occasions de tester le nouvel alternateur, de constater que la panne aléatoire est toujours présente et que l’alternateur d’arbre ne fonctionne plus…

Partout, les paysages sont magnifiques, les fleurs rivalisent de couleurs et de formes ;

nous admirons les premiers croissants de lune dans le soleil couchant, espérant naviguer ensuite à la pleine lune.

Ces longues périodes au mouillage à Sainte Anne sont propices aux belles rencontres. Agnès et Jacques sur leur catamaran, un Outremer, « Nomad » mouillent non loin de nous ; ils viennent de finir leur traversée de l’Atlantique ; ce sont des amis de Claudie et Hervé, toujours empêchés de rejoindre Grenade où ils ont hiverné leur voilier « Happy ». Prévenus par ces derniers, nous les « accueillons » donc, et nous avons beaucoup de plaisir à les rencontrer, échanger nos souvenirs de traversée et leur partager nos expériences de navigations et de mouillages des Petites Antilles. Ils ont l’intention de prendre le temps de découvrir et savourer tout ce qu’offrent ces îles sœurs et si diverses.

Une amie de nos enfant, Alix, a rejoint les Antilles en tant qu’équipière sur un Lagoon 40 « Jude ». Leur transat s’est terminée quelques jours avant Noël. Nous avons rapidement sympathisé avec le Capitaine Max, sa femme Anne et leurs deux jeunes enfants ; ce jeune couple a choisi de larguer les amarres, et une fois encore, le partage des expériences passées et des projets à venir est amical. Grâce aux réseaux sociaux, nous savons qu’ils accomplissent ce pour quoi ils sont venus jusqu’ici.

Peu de navigations donc (même si nous avons dépassé les 10 000 milles depuis notre départ, au retour de Marie-Galante), mais de belles rencontres, Dominique et Xavier sur leur SuperMaramu « MatMat » ; navigateurs de longue date, ils ont racheté « Caramel » sur lequel ils avaient sillonné les mers, et le font encore danser dans les eaux caraïbes. Nous apprenons beaucoup à leur contact. Et aussi de belles retrouvailles, remplies de joies simples : parties de boules à Sainte Anne avec Claudie et Hervé (qui ont enfin pu faire naviguer « Happy » jusqu’en Martinique), excursions à travers la Martinique en voiture ; découverte de la Pointe Rose au Robert, avec Frédérique et Patrice de « Brendan », lors d’une visite d’un voilier pour un ami de la SNSM en Guadeloupe…

Belles retrouvailles, enfin avec Brigitte et Yann, Noémie et Olivier, amis d’enfance marseillais qui ont pu réaliser un projet de navigation et rencontre reporté depuis deux ans. En attendant que leur équipage soit au complet, ils ont loué une maison pour quelques jours, et nous partons en balade avec eux. Les grains et les vents annoncés ne nous empêchent pas de faire le tour de le Pointe Caravelle ; ses décors de forêts sèche, son phare sur le promontoire rocheux, ses anses et pointes battues par les flots, ses mangroves et ses crabes, ses anses à l’abri des îlets et des cayes nous font oublier la pluie et les sentiers glissants de boue.

     

 

 

 

Autre décor : dans le nord de l’île, le Canal de Beauregard : un piquage en amont de la rivière du Carbet, permet d’alimenter les distilleries de Saint Pierre et de Carbet en eau. Construit à flanc de morne, par les esclaves, en 1760, il est aussi appelé « Canal des Esclaves ». Nous effectuons le parcours depuis le « Bout du Canal », en aval de ce dernier et cheminons sur la margelle maçonnée, dans un décor luxuriant où bambous, fromagers et autres espèces d’arbres, couverts de lianes, dissimulent l’à-pic jusqu’au lit de la rivière en bas dans la ravine, mais offrent de belles perspectives sur l’autre versant tout aussi abrupt avec ses cascades.

 

Par moments, la margelle recouvre entièrement le canal et des piquages sont prévus permettant à l’eau de s’écouler rapidement vers les terres en contrebas.

Quelques sentiers sont aménagés, mais c’est davantage le domaine des chèvres.

Par endroits, le canal est en cours de restauration. Les paysages, aux nombreuses variations de verts surprennent à chaque virage pour cette promenade toute en vigilance et apaisante à la fois.

Dans cet univers riche en eau, les fleurs de balisiers se cachent parmi les larges feuilles, les alpinias et les roses porcelaines colorent cette verdure.

A l’arrivée au point de piquage à « Maison Rousse », le canal passe dans un tunnel creusé dans la roche sous le promontoire où est bâtie la maison. La route s’y arrête passant auparavant à gué sur la rivière, contournant de gros blocs rocheux.

Le retour par le même chemin, permet de relire autrement le paysage et de découvrir d’autres agencements surprenants de la nature.

  

Enfin une promenade jusqu’à la Grande Saline, puis vers le début de la Savane des Pétrifications, nous permet d’admirer encore et toujours la forêt sèche, avec les fruits des Mahoganys s’ouvrant à terre, les salines rougies par la concentration en sel, les grandes plages de sable clair, les blocs rocheux battus par les flots à la Pointe d’Enfer.

 

    

Trois jours de belles promenades représentatives de la diversité des paysages de la Martinique, et trois belles journées d’amitié…

A Marie-Galante également, nous vivrons une belle journée de retrouvailles avec Claire et Philippe. Dominique et Philippe s’étaient liés d’amitié lors de leurs classes d’Elèves Officiers de Réserve et ne s’étaient plus revus depuis 40 ans. Pourtant, ils avaient su garder le lien et l’occasion de nous retrouver à Marie-Galante était trop belle pour la laisser passer. Comme il est plus facile de venir de Saint François vers Marie-Galante pour une journée, que l’inverse, nous les avons accueillis sur Nissos. Nous avons passé une excellente journée ensemble, entre bains et promenade le long de la plage de Folle-Anse, échangeant comme si nous avions interrompu nos conversations la veille.

Notre escale à Marie-Galante ne dure que quelques jours, mais nous sommes heureux d’avoir pu les préserver pour goûter à nouveau au calme de cette île et de Saint Louis. Le soir, au mouillage, nous entendons les tambours des défilés de la Mi-Carême, la vie animée et joyeuse a repris ! Une dernière belle promenade sur la plage de Folle-Anse, les pieds dans l’eau, ou au milieu des agaves et de la forêt sèche en arrière plage clôture ce trop bref séjour.

   

Nous trouvons un sentier pédagogique : les panneaux se succèdent décrivant la vie dans cette forêt ; les tortues peuvent venir y pondre, les chauve-souris participent à cette vie, et un abri leur est aménagé dans un arbre, les crabes creusent le sable et les « Touloulous », rouges et noirs rappellent les diablotins du Carnaval, et de ce fait les arbres sont décorés de masques… Le sentier bucolique débouche sur un amoncellement de voitures, devant un panneau rappelant l’interdiction de laisser des déchets…

Nous sommes dans les installations portuaires de Folle-Anse : déchèterie et hangars se succèdent jusqu’au môle où les bateaux de transport de marchandises ne s’amarrent pas, mais restent stationnaires au moteur, leur proue accolée au quai le temps du déchargement.

Après l’activité du port, le sentier quitte rapidement la route pour rejoindre la longue plage de sable blanc qui descend vers le sud de l’île. On retrouve le calme ; par endroits, à l’ombre des frondaisons, des installations rappellent l’attrait des habitants pour les plages.

Nous n’aurons pas le temps de poursuivre davantage la promenade sur cette deuxième longue partie de plage, mais garderons un autre beau souvenir de promenade à Marie-Galante.

Le 26 mars au matin, nous quittons cette belle île pour regagner Pointe-à-Pitre. A la marina, outre la rencontre avec l’électricien, nous programmons un contrôle des culbuteurs et injecteurs pour notre retour de Métropole. Nous nous préparons à laisser le bateau pour un mois environ, mais prenons le temps de retrouver les amis de la SNSM disponibles (pour qui nous avons visité un voilier en Martinique), et accueillons à bord, Estelle et Benoît venus de Saint Barthélémy visiter et finaliser l’achat d’un voilier qui correspondra mieux à leur famille.

C’est toujours avec une pointe d’inquiétude que nous laissons le bateau. Nous espérons que les interventions prévues vont nous permettre de repartir naviguer vers ces îles du nord de l’Arc Antillais que nous n’avons toujours pas découvertes mais qui nous appellent !

 

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