3 mai – 30 mai 2022 Guadeloupe - Saint Martin
A la suite de notre séjour à Marseille, nous retrouvons Nissos à la Marina Bas-du-Fort. Cathy et Pierrick, présents en Guadeloupe nous accueillent à l’aéroport, et nous partageons de bons moments avec eux, quand nous ne préparons pas Nissos pour repartir naviguer. Pendant notre absence, l’électricien a changé le parc de batteries, revu des câblages, branché la pompe de cale en direct sur les batteries, travaillé sur les alternateurs. Pipo, le mécanicien de Fred Marine, vient faire la vidange du moteur, régler les culbuteurs, vérifier les injecteurs : il faut en changer un, et tarer les trois autres. Une fois les nouveaux filtres posés, le moteur reculassé, on peut démarrer le moteur ; il tourne comme une horloge ! Mais l’alternateur secondaire ne fournit toujours pas l’énergie attendue ! La déconvenue est immense !
L’électricien passe voir ce qu’il en est dimanche matin ; après un ou deux démarrages, le moteur ne veut plus démarrer. Le réamorçage du gas-oil après intervention a toujours été difficile à réaliser correctement dans ce moteur, et c’est le cas une fois encore… Il est dimanche, nous ne pouvons rien faire de plus. Cathy et Pierrick nous proposent d’aller nous changer les idées à la plage de Sainte Anne. La baignade dans les eaux bleues et claires du lagon, à l’abri des récifs, le bon déjeuner dans un restaurant de plage, et la gentillesse de nos amis, nous permettent de goûter à ce dimanche. Lundi 9 mai, Dominique est à l’ouverture des ateliers de mécanique et Fred passe un peu plus tard dans la matinée pour effectuer la purge de l’air qui était resté dans le circuit de gas-oil. Nous laissons tourner le moteur une heure pour être certains que l’alimentation en carburant fonctionne bien, tout en effectuant les derniers rangements et formalités pour notre appareillage, malgré l’alternateur secondaire défectueux.
Comme nous appareillons tard dans la matinée, nous descendons vers les Saintes, pour y passer une nuit avant d’appareiller mardi à l’aurore pour cette navigation de 169 milles. La perspective d’une nouvelle nuit en mer n’est pas pour nous déplaire. Exception faite de la côte sous le vent de Basse-Terre, nous aurons un vent de 10 à 20 nœuds d’est, puis s’orientant sud-est, nous faisant rapidement progresser entre les îles de Montserrat, Antigua, puis St Kitts et Nevis, et St Barth. Chacune de ces îles, de nuit, se devine de loin, grâce au halo de lumière qu’elle déploie et elles ponctuent ainsi notre progression vers le nord. Au lever du jour, nous contournons l’île de Saint Martin par son sud-est, retrouvant les liserés blancs des plages de sable, l’immobilier débridé, du côté hollandais (une deuxième tour de 20 étages est en construction à côté de celle qui se finissait l’année dernière), les villas cachées dans la forêt sèche sur les Terres Basses.
Comme à l’accoutumée, de nombreux voiliers sont ancrés dans la baie de Marigot, avec néanmoins encore de la place pour mouiller non loin de « Happy », assez à l’intérieur de l’anse.
Notre souci premier est de trouver un bon électricien. Nous ne pouvons pas envisager poursuivre notre route plus à l’ouest ou au nord, si nous ne trouvons pas la cause de la panne aléatoire de l’alternateur secondaire. Par ailleurs, l’intervention sur l’alternateur d’arbre ne nous convient pas non plus. Cet alternateur est attelé à l’arbre d’hélice, ce qui lui permet, à la voile, d’être entraîné par la rotation libre de l’hélice. Une clé permet de le mettre en fonctionnement à la demande. Or, après intervention de l’électricien, il est excité en permanence, et fournit de l’électricité au moteur ou à la voile ; inquiets de la surchauffe que cela semblait provoquer, nous l’avons débranché. Il nous faut donc résoudre ces dysfonctionnements dans la fourniture d’électricité, pour envisager de plus lointaines navigations. L’île de Saint Martin est une base de préparation pour la transat retour ; nous espérons donc bien trouver la personne ad hoc. L’électricien du chantier « Time-Out » nous est recommandé par deux personnes distinctes. Après un silence qui nous semble long, il répond à notre sollicitation : il s’occupera de nos alternateurs d’ici un jour ou deux, après avoir terminé son chantier en cours. Minutieux, méthodique, il étudie l’installation et finit par comprendre la panne aléatoire : un fil défectueux dans le faisceau de sortie de l’alternateur. Une escapade, le week-end, à l’Anse Colombier (St Barthélémy) nous permet de valider cette réparation !
Quant à l’alternateur d’arbre, une masse à l’intérieur est branlante ; à notre demande, il tente une réparation pour nous permettre de repartir.
Notre séjour d’attente de réparation n’a pas été monotone pour autant. Nous nous sommes également occupés de travaux sur le bateau, comme le démontage et nettoyage des flasques de la poupée du guindeau, qui en avait bien besoin.
« Happy » a accueilli ses équipiers pour la transat retour. Avec eux, nous avons passé un dimanche en visite sur l’île : l’Anse marcel, qui se laisse admirer depuis le col, paraît bien protégée ;
Cul-de-Sac dont la plage est envahie de sargasses, mais cela n’empêche pas les navettes d’embarquer des passagers à destination de l’îlet Pinel, qui ferme l’anse, lui offrant ainsi un plan d’eau calme.
C’est un lieu très prisé, le dimanche notamment, des touristes ou habitants ;
les restaurants de plage proposent transats, et langoustes au barbecue, choisie dans les casiers avec précision (selon le poids demandé) par un des garçons de plage ;
des sentiers permettent de quitter l’animation de la plage, tournée vers le lagon, pour aller sur une butte admirer les anses au vent de l’Atlantique, battues pas la mer, l’île de Tintamarre au loin, et les petits recoins et anses plus sauvages de l’îlet.
Claudie et Hervé tenaient à partager cela avec leurs équipiers avant de larguer les amarres, et ce fut une belle journée.
Le lendemain est chargé d’émotion quand l’heure de leur départ a sonné. Après trois années de rencontres et navigations communes, nos routes maritimes se séparent sur ce quai de la Marina Fort-Louis…
Mais le contact n’est pas rompu pour autant et nous pourrons suivre leur progression en échangeant des messages via le téléphone par satellite.
Notre aller-retour jusqu’à l’Anse Colombier de Saint Barthélémy, avait comme prétexte de tester la réparation de l’alternateur secondaire (qui marche pour de bon !), mais également, nous ne voulions pas laisser passer l’occasion de saluer nos amis Frédérique et Patrice de « Brendan ». Une fenêtre météo favorable s’approchait leur permettant de regagner la Guadeloupe puis la Martinique. Nous avons eu beaucoup de plaisir à les rencontrer de nouveau avant que nous ne nous égaillons sur l’eau pour la saison cyclonique.
Cela aura été, également, l’occasion d’accueillir à notre bord Alix qui termine son séjour sur l’île. L’Anse Colombier offre toujours de beaux paysages subaquatiques et nous savourons le calme du samedi matin pour nager longuement entre poissons coralliens le long des tombants de la côte, tortues et raies dans les fonds sableux entre les bateaux. Nous rentrons dès le samedi après-midi, avec Alix comme équipière, heureuse de faire quelques milles à la voile !
Nous consacrons la journée du dimanche à une découverte de l’île de Saint Martin, en sa compagnie ; elle aura ainsi eu un aperçu de toutes le Antilles françaises, avant son retour en Métropole. Un petit tour dans Grand-Case, nous permet de constater avec bonheur que la restauration des bâtiments se poursuit ; nous ne manquons pas de passer par l’Anse Marcel, Cul-de-Sac ; la plage de la Baie Orientale, au vent de l’île, est nettoyée de ses sargasses pour accueillir les baigneurs ; plus loin, nous longeons les différents étangs qui marquent cette partie de la côte jusqu’à Oyster Point. Un mirador, sur la Pointe Coralita, aux marches branlantes, et aux panneaux explicatifs posés à même le sol, permet de découvrir ces espaces entre terre et mer, si riches en faune et flore, et aux couleurs variées.
Plus loin, nous nous arrêtons à Oyster Point, puis à l’étang du même nom : la vie reprend, mais les façades peintes des murs des bâtiments techniques cachent mal les dégâts des cyclones : les ensembles immobiliers de bord de mer sans fenêtres, légèrement désaxés sur leurs fondations, les toits éventrés ou couverts de bâches sont toujours là pour rappeler la violence des épisodes cycloniques.
Le spectacle est encore plus désolant autour de l’ancienne marina « Captain Oliver », sur l’Etang aux Huitres : outre les installations maritimes mises à mal, et les épaves de bateaux, le restaurant-bar, en ponton sur l’eau est béant et à l’abandon, blessé par les vents et la mer ; les installations hôtelières n’ont plus de toit, ni de baie vitrée et on traverse les studios sur le promontoire au-dessus de l’eau sans pousser aucune porte ;
depuis les restes des balcons, on mesure l’étendue du désastre, tandis qu’en face, sur la langue de terre qui ferme l’étang, côté hollandais, des bâtiments neufs semblent narguer ces ruines françaises.
Nous poursuivons notre route, en passant par Philipsburg, la capitale hollandaise, endormie sous le soleil dominical ; les bars de bord de plage sont en repos, les bâtiments et boutiques caractéristiques de la ville veillent sur la rue « Front Street » déserte.
Nous ne manquons pas de faire une halte Baie Maho pour voir les avions atterrir sur la piste de l’aéroport contiguë à la plage.
Nous pouvons ensuite déposer notre équipière à temps pour reprendre une navette pour qu’elle puisse regagner St Barthélémy avant la nuit. Encore un riche moment d’échanges, même si nous regrettons d’être passés trop rapidement à Saint Barthélémy pour pouvoir prendre du temps avec tous les amis que nous y avons…
Confiants dans les réparations effectuées par notre électricien, nous nous préparons à quitter les Petites Antilles, pour rejoindre l’Amérique Centrale, et nos amis Joëlle et Philippe qui nous y attendent. Pensant à eux, nous embarquons quelques bonnes provisions à leur intention (une boucherie charcuterie « En direct de la ferme de Salset », ouverte récemment, nous permet d’emporter des saveurs du sud-ouest, et des miels goûteux).
La météo en cette fin de mois de mai, est déjà perturbée vers les golfes du Mexique et du Honduras ; aussi nous décidons de faire route directe depuis Saint Martin, jusqu’au Guatemala, afin de nous mettre au plus vite à l’abri du Rio Dulce. Nous nous promettons de prendre le temps de découvrir les Grandes Antilles (République Dominicaine, Jamaïque, Cuba, Porto-Rico) lors de notre retour d’Amérique Centrale. En attendant, nous allons mettre à profit cette traversée de 1.500 milles pour étudier les guides que nous avons sur le Guatemala, le Belize, et la Pointe du Yucatan !
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