Saint-Pierre, la Dominique et les Carnavals
Saint-Pierre, la Dominique et les Carnavals
Nous repartons vers la Martinique le 27 février par une route déjà pratiquée : un départ avant le lever du soleil, une navigation au près dans une mer bien formée entre les Saintes et la Dominique ; nous longeons ensuite la Dominique à l’abri de l’île, moitié au moteur, moitié à la voile ; puis nous nous engageons dans la traversée du canal de la Dominique, pour arriver en Martinique où nous mouillons de nuit à Saint-Pierre. Le mouillage devant la ville est bien abrité mais restreint à une bande assez étroite où les fonds ne sont pas trop importants. Dès qu’on s’éloigne d’une vingtaine de mètre de cette zone, la profondeur atteint très vite plus de 30 m.
Le mouillage de Saint-Pierre au pied de la Montagne Pelée dans les nuages
Le 28 février nous débarquons de bonne heure à Saint-Pierre, pour tenter de faire notre clearance (et oui pour chaque île, même entre les îles françaises, il faut se mettre en règle avec la douane !). Le bar l’ « Alsace Kay » qui assure une permanence douanière à Saint-Pierre, n’ouvre qu’à 10h30. Nous décidons donc de repartir, nous ferons nos formalités plus tard. Nous arrivons au début de l’après-midi à l’Anse à l’âne pour retrouver notre ami Jean Michel qui embarque quelques jours avec nous avec son amie Nadine. Nous pouvons faire nos clearances d’entrée et de sortie à la Marina de la Pointe du bout voisine, nous voilà tranquille avec les formalités !
Nos équipiers profitent de la navigation calme à l’abri de l’île avant d’affronter le canal de la Dominique
Le lendemain nous voilà repartis vers Saint-Pierre que nous visitons l’après-midi. Saint-Pierre fut la capitale de la Martinique jusqu’en 1902, date de l’éruption explosive de la Montagne Pelée, qui a fait des milliers de morts. Depuis, Saint-Pierre est devenue une ville un peu triste, qui s’étale entre deux rues parallèles le long de la mer, avec la Montagne Pelée, si belle et si inquiétante, au-dessus. Dans de nombreux endroits, il reste des maisons calcinées, témoignage de cette catastrophe, comme l’ancien théâtre ou la prison. Cette ville est un peu grise, et ce ne sont pas seulement ces vestiges qui donnent cette impression ! De nombreux bâtiments sont abandonnés, en ruine, ça ne date pas de 1902, et la plage de sable gris ne rehausse pas en couleur le paysage. Au débarcadère se trouve un marché coloré et animés où on trouve fruits, légumes, épices variés, à des prix très touristiques !
L’église de Saint-Pierre au fil des époques
Dans les rues, les ruines de l’ancien théâtre
La baie de Saint-Pierre vue de la terre
Le 2 mars notre traversée vers la Dominique est bien agitée. Les alizées soufflent toujours très fort. Nos équipiers luttent difficilement contre le mal de mer. Heureusement la traversée ne dure que 4 heures et nous arrivons à toute allure sur la côte sud de la belle île avec un violent grain et des rafales à 35 nœuds. Nous décidons de nous arrêter au Roseau. Dès notre approche nous sommes abordés par les « Boats boys » qui nous conduisent vers une bouée où nous amarrer. Il en coûte 40 EC$ par nuit (1 € = 3 EC$). Dans la baie de Roseau, le débarquement des annexes se fait usuellement au ponton de Marcus, un local qui assure aussi la sécurité des bateaux, moyennant une petite rétribution. Il faut ensuite marcher une dizaine de minute le long de la route sur des trottoirs défoncés et sales pour arriver en centre-ville, au débarquement des paquebots de croisière, où se trouve le bureau des douanes. Le douanier en cette période carnaval et fin de semaine a envie d’en finir, nos formalités sont expédiées et nous obtenons simultanément nos clearances d’entrée et de sortie… un souci de moins !
Ca ne respire pas l’opulence au débarcadère de Marcus
Les autobus multicolores attendent les touristes au débarcadère des navires de croisière au Roseau
Nous acceptons la proposition du « Big boss », un local qui propose des excursions pour découvrir l’île. Et le lendemain, nous voilà embarqués dans un minibus avec les équipages de deux autres bateaux français en escale et un couple d’anglais. Cette magnifique île à la végétation luxuriante est encore fortement marquée par les ravages du cyclone Maria en 2017. Habitations dévastées, non reconstruites, arbres déchiquetés sur lesquels les multiples rejets montrent que la nature reprend ses droits. On observe malheureusement partout qu’ils n’ont pas les moyens de reconstruire. Mais c’est une population joyeuse et accueillante malgré tout. Nous visitons « Soufriere Bay »qui fut très exposée et fut particulièrement touchée. Nous y constatons l’activité volcanique en sommeil, en trempant nos pieds dans les bouillonnements d’eau chauffée par le sous-sol. L’intérieur de l’île est truffé de cascades, de torrents qui se transforment en fleuves dangereux lors de pluies tropicales. Nous nous baignons dans un canyon le long d’une rivière pour aller admirer en amont une jolie chute d’eau. Nous déjeunons au bord d’une de ces rivières et c’est l’occasion, (le ponch bien tassé déliant les langues.. et assommant Nadine) d’échanges sympathiques avec nos voisins.
Maison typique dominicaine
Village sinistré à Scotts Head
Philippe expérimente les glous glous chauds, arbres déchiquetés aux bords des routes
Cascade "Trafalgar Falls" et végétation luxuriante
Au jardin botanique de Dominique, un autobus (heureusement vide !) écrasé par un baobab tombé lors d’un cyclone en 1979
Dans la forêt tropicale et au bord des torrents
Le lendemain c’est lundi des Cendres et les locaux nous informent qu’il y a carnaval… Cette manifestation semble très importante pour eux. Donc, après un apéritif bien sympathique avec les équipages de « Ti Punch » et de « Up to You», nous débarquons pour admirer ce carnaval. Nous sommes déçus. Pas de beaux costumes. Des camions défilent avec une sono assourdissante, suivis par une foule qui, au long de la soirée grossit et s’alcoolise. On a l’impression d’une débauche de soûlographie organisée et encadrée, car l’armée veille. Pas vraiment intéressant. Du coup, peu après la tombée de la nuit, nous regagnons notre bord. C’est à ce moment que bêtement je tends la main vers un pauvre chien complètement apeuré par le bruit et ce dernier me mord le doigt. Je regagne donc le bord un peu secouée avec un doigt bien déchiqueté. Heureusement il n’y a pas la rage aux Antilles, et ma blessure cicatrisera bien.
Carnaval en Dominique, quelques meneurs déguisés et la foule bigarrée suit la musique et les distributeurs de rhum
Le 5 mars nous quittons notre mouillage pour regagner la Martinique, après une escale au retour à Saint-Pierre nous débarquons nos équipiers à la Marina de la Pointe du Bout. Jean Michel nous donne rendez-vous le soir au Carnaval de Fort de France pour admirer un vrai Carnaval.
Un verre à Saint-Pierre pour admirer le carnaval local en ce mardi gras, tout de rouge et noir et de facéties
Le carnaval sous les tropiques est très suivi et de nombreuses manifestations sont organisées un peu partout tout au long des mois d’hiver. Le clou se déroule pour le début du Carême. Entre le dimanche et le mercredi des Cendres, tous les jours, des défilés sont organisés à Fort de France (et un peu partout), avec des thèmes et des couleurs pour chaque jour. Ce mercredi des Cendres, c’est la clôture du carnaval, on fête la fin de l’hiver en brûlant « Vaval » (aussi nommé le « Bonhomme Hiver » par chez nous). Les couleurs de cette journée sont le noir et blanc (couleur du deuil). A partir de 16 heures et toute la soirée, le défilé tourne dans les rues de la ville et, se succèdent des groupes divers, associations, représentations communales etc… Les plus formidables sont les groupes qui génèrent leur musique eux même par des concerts de percussions. Les costumes sont recherchés, les danseurs débridés et l’ambiance gaie et très rythmée. Certes c’est aussi l’occasion de boire du rhum, mais surtout de faire la fête et de donner du plaisir à tous.
Voici « Vaval »,
les groupes à thèmes,
les musiciens,
et des costumes ou maquillages plus originaux, du sirop de batterie,aux œuvres d’art,
et des cortèges variés et colorés…
Nous repartons avec un bien meilleure impression du carnaval que celle que nous avait donnée celui de la Dominique. Merci à Jean Michel et Nadine, pour leur aimable compagnie et à très bientôt.
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